Visitez le château des Milandes, lieu de mémoire de Joséphine Baker ! - CulturAdvisor

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Le dernier lycée inauguré cette année par la Région à Hanches en Eure-et-Loir porte le nom de Joséphine Baker, première femme noire issue de l’immigration honorée par une entrée au Panthéon en novembre 2021. Le château des Milandes en Dordogne, ancienne propriété de l’artiste est aujourd’hui le lieu de mémoire consacré à la vie de Joséphine Baker et à son univers personnel. Visitez le château des Milandes, lieu de mémoire de Joséphine Baker !

Un lieu de mémoire oublié de la République

Et oh ! surprise, on découvre en consultant la brochure de présentation des lieux que le château des Milandes est une propriété privée. Mis en vente en 1968, après la déconfiture de sa propriétaire, le château est aujourd’hui la propriété d’Angélique de Saint-Exupéry, qui s’emploie depuis plus de vingt ans à restaurer les lieux et surtout à faire vivre l’hommage à son illustre ancienne propriétaire, Joséphine Baker. Étonnant pourtant qu’en son temps, celui du général de Gaulle, grand ami de Joséphine Baker, l’ancienne résistante et soutien du général en mai 68, n’ait pas demandé aux services de l’État de préserver ce lieu de vie vendu à l’encan, devenu par la suite lieu de mémoire oublié de la République…

Visitez le château des Milandes, lieu de mémoire de Joséphine Baker !

Un portrait grandeur nature

Heureusement, le travail entrepris depuis fait de la visite du château des Milandes un portrait grandeur nature de Joséphine Baker, tant par son étonnante vie d’artiste que par la force de ses engagements. On y découvre, depuis la naissance misérable dans le Missouri, la fulgurante ascension parisienne puis internationale de la danseuse-chanteuse à la célèbre et très osée ceinture de bananes, exposée dans une salle qui présente les tenues de scène et quelques robes de soirée de l’époustouflante Joséphine.

Une vie trépidante

Une documentation iconographique très complète retrace la vie trépidante de l’artiste aux multiples facettes, égérie de la vie parisienne devenue icône des années folles. Plus émouvantes sont les pièces consacrées à la “Tribu arc-en-ciel”, projet original de Joséphine Baker de composer une famille multi-ethnique de onze enfants adoptés de toute la planète, preuve concrète de l’universelle fraternité humaine. Viennent ensuite les documents consacrés à la période de la Seconde Guerre mondiale et au rôle joué dans la Résistance par l’artiste, tout à la fois « honorable correspondante » des services secrets et chanteuse en tournée pour les troupes combattantes.

D’autres engagements

Les engagements à l’étranger de Joséphine Baker sont plus légèrement évoqués, notamment son soutien à la cause des noirs aux États-Unis avec le mouvement des droits civiques et au combat de Martin Luther King. Mais aussi, moins connu, son soutien à Fidel Castro et à la lutte anti-apartheid de l’Afrique du Sud. La personnalité kaléidoscopique de Joséphine Baker se résume peut-être dans sa chanson fétiche “J’ai deux amours”, entre son pays et Paris, confrontée à deux formes de racisme, entre le ségrégationnisme américain et le racisme colonialiste à la française.

Visitez le château des Milandes, lieu de mémoire de Joséphine Baker !

Une prise de conscience inachevée

Certes, si l’intelligentsia parisienne découvre alors l’art africain, n’oublions pas que sa célèbre “Revue Nègre” s’inscrit dans une image suprématiste blanche, où le noir est encore exhibé comme bête curieuse lors de l’exposition universelle de 1937. Il faudra encore de longs combats pour que la France républicaine abandonne sa « mission civilisatrice » et qu’apparaisse ce qu’appellera Léopold Sédar Senghor « la négritude ». Joséphine Baker a sans doute profondément contribué à cette prise de conscience inachevée.

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Par Gérard Poitou. MagCentre.

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