7 octobre 2025 • ACTUALITÉS
Elles sont 1,3 million à tisser jour après jour le lien social. Dans les quartiers populaires comme dans les villages isolés, dans les Ehpad, les hôpitaux, les crèches, les établissements sociaux comme dans les clubs de sport, les associations incarnent un espace vivant de notre solidarité et de notre possibilité d’agir ensemble. Avec 1,8 million d’emplois et des millions de bénévoles, elles ne se contentent pas de pallier les défaillances : elles inventent, expérimentent, débattent, créent du commun là où l’heure est au repli.
A l’occasion de l’appel du Mouvement associatif du 11 octobre, le Groupe SOS réaffirme sa conviction : dans un contexte de creusement des inégalités, plus que jamais, nous avons besoin d’une vie associative forte, d’une confiance renouvelée à son égard, et de faire entendre la voix du secteur.
Un rôle essentiel d’innovation face aux fractures de notre société
Les associations sont aujourd’hui en première ligne face aux fragilités de notre pays. Elles accompagnent les plus vulnérables, animent la vie locale, facilitent l’accès à la culture et au sport, protègent la biodiversité, soutiennent l’insertion et l’emploi. Quand les services publics reculent et que la défiance envers les institutions grandit, elles deviennent souvent le dernier maillon de la solidarité.
Par leur capacité à expérimenter de nouvelles réponses et à s’adapter aux réalités du terrain, leur action permet de pallier concrètement les fractures multiples qui traversent notre pays :
Les fractures territoriales, en créant du lien et des services de proximité, telles que des épiceries ou cafés solidaires, des solutions de mobilité ou des établissements de santé accessibles à tous·tes, etc.
Les fractures sociales, en facilitant l’accès aux droits, en luttant contre l’isolement, en accompagnant l’insertion professionnelle, l’accès à la culture, mais aussi en défendant des causes dans l’espace public et auprès des décideurs.
Les fractures démocratiques, en offrant des espaces d’action et d’expression citoyenne directe, permettant à chacun·e de contribuer concrètement à l’intérêt général.
Une alternative nécessaire à la marchandisation de l’intérêt général
Le modèle associatif représente également un rempart face aux dérives de la financiarisation, notamment dans les secteurs du grand âge ou de la petite enfance. Lorsque les logiques de rentabilité deviennent prédominantes, elles peuvent entrer en contradiction avec les impératifs d’intérêt général. Le modèle à but non lucratif, lui, propose une autre voie : celle d’un réinvestissement total des excédents au service de la mission sociale, de la qualité du service rendu et de la reconnaissance des professionnels. Les associations sont un partenaire majeur pour compléter l’offre publique, tout en préservant l’intérêt général des logiques marchandes.
Cette logique n’est pas qu’économique : elle est profondément démocratique. Les associations fonctionnent selon des modes de gouvernance participatifs, ancrés dans les territoires, attentifs aux réalités du terrain. Elles incarnent une manière différente de produire de la valeur, une valeur qui ne se mesure pas seulement de manière financière mais en lien social restauré ou en capacités développées. Dans un contexte où de plus en plus de pans de l’action sociale, sanitaire ou médico-sociale sont convoités par des acteurs privés lucratifs, le développement du modèle à but non lucratif est un enjeu de société majeur.
Une fragilisation structurelle
Pourtant, ce rôle crucial est gravement menacé. Les financements publics s’épuisent. Une enquête nationale menée début 2025 par Le Mouvement associatif, le RNMA, Hexopée et l’Observatoire Régional de la Vie Associative (ORVA) auprès de 5 600 associations révèle une situation alarmante : 31 % des structures employeuses disposent de moins de trois mois de trésorerie. L’instabilité politique a grandement fragilisé le secteur qui, malgré sa professionnalisation et sa structuration, reste dépendant de financements stables pour déployer son action. L’enquête publiée en septembre 2025 par la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) vient elle aussi renforcer ce constat : un quart des associations de solidarité est menacé de disparition.
Derrière ces chiffres, une réalité concrète : des permanences sociales qui ferment, des bénévoles et salariés surmenés, des projets innovants abandonnés faute de soutien ni perspectives sur le temps long. C’est tout un écosystème de solidarité qui se dégrade, laissant dans son sillage des personnes vulnérables sans accompagnement et des territoires avec une vie sociale appauvrie.
Restaurer la reconnaissance du secteur associatif
Paradoxalement, les Françaises et les Français reconnaissent pleinement l’utilité des associations : près de six sur dix estiment qu’elles contribuent davantage au vivre-ensemble que les politiques, les administrations ou les entreprises privées, selon le baromètre du Groupe SOS et Opinion Way. Cette confiance contraste cruellement avec la fragilisation en cours du secteur.
Si le monde associatif est protéiforme, nous sommes convaincus qu’il doit être reconnu comme un interlocuteur et un partenaire légitime pour co-construire les politiques publiques.
Financer les associations n’est ni de la charité ni un supplément d’âme. C’est un investissement dans notre cohésion sociale, dans les services que nous rendons aux plus vulnérables et la protection de l’environnement. Un investissement qui évite des coûts bien plus lourds demain : ceux de l’isolement, de la marginalisation, de la violence sociale liés à l’effritement du vivre-ensemble ou de la dégradation du vivant. Un investissement qui est travaillé et mesuré par de plus en plus d’acteurs associatifs au service de l’efficience de nos services publics.
Il est indispensable de faire entendre la voix du secteur, à l’image de l’appel du Mouvement associatif du 11 octobre, et de rappeler l’urgence d’un engagement et d’une trajectoire à la hauteur. Nous savons qu’il en va de la vitalité démocratique, de la lutte contre les inégalités et, tout simplement, de notre capacité à faire société.
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