La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) a fait une déclaration, le 3 octobre 2025, à l’occasion de la 60e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies dans le cadre du dialogue interactif avec le Rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits humains au Cambodge. Elle a exprimé, à cette occasion, son inquiétude à propos de l’instrumentalisation par le gouvernement cambodgien du conflit transfrontalier en cours entre la Thaïlande et le Cambodge pour restreindre encore davantage la contestation et l’espace civique. Elle a, par ailleurs, réclamé la libération de toutes les personnes détenues ou incarcérées pour motifs politiques. Lire la déclaration ci-après.
Conseil des droits de l’homme des Nations unies – 60e session
Point 10 : Dialogue interactif avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits humains au Cambodge
Monsieur le vice-président,
La FIDH regrette que le Rapporteur spécial n’ait pas pu se rendre au Cambodge en visite officielle en raison des tensions accrues le long de la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge.
Le gouvernement cambodgien s’est servi de la crise transfrontalière en cours entre les deux pays pour justifier les nouvelles restrictions à la liberté d’expression et à l’espace civique.
Depuis août dernier, au moins quatre membres de l’opposition politique et trois journalistes ont été arrêté·es pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression à propos de la situation entre la Thaïlande et le Cambodge.
De plus, le gouvernement a fait passer à la hâte des amendements à la loi sur la nationalité, s’octroyant des pouvoirs étendus pour retirer la nationalité aux Cambodgien·nes sur la base de dispositions vagues et trop générales, contraires au droit international. Cette loi pourrait bien servir au gouvernement à museler toute contestation pacifique et légitime.
Cette crise peut également laisser entrevoir des retombées socio-économiques. Le projet du gouvernement visant à imposer un service militaire obligatoire en 2026 risque d’avoir des effets néfastes sur la jeunesse en entravant l’accès à l’éducation et en la privant d’opportunités d’emplois.
Le retour de près d’un million de travailleur·ses migrant·es menace la stabilité économique du Cambodge et risque d’aggraver le surendettement du secteur de la microfinance.
Monsieur le vice-président,
Au moins 79 personnes sont toujours détenues ou incarcérées pour motifs politiques. Pami elles, figurent des membres de partis politiques de l’opposition, des syndicalistes, des journalistes, des utilisateur·ices de réseaux sociaux et des défenseur·es des droits à la terre et à l’environnement, comme les cinq activistes de l’organisation communautaire primée Mother Nature.
Nous exhortons le gouvernement cambodgien à libérer toutes ces personnes, à abandonner toutes les charges retenues à leur encontre et à cesser toute forme de harcèlement visant la société civile.
Merci.