Du 9 octobre 2025 au 1er mars 2026, le Musée Marmottan Monet de Paris consacre une grande exposition au thème fascinant du sommeil. « L’Empire du sommeil » explore les représentations artistiques de la nuit et du rêve du XIXe au XXe siècle, mises en regard avec celles de l’Antiquité, du Moyen Âge ou des Temps modernes. Placée sous le commissariat de Laura Bossi, neurologue et historienne des sciences, et de Sylvie Carlier, directrice des collections, cette exposition interroge l’ambivalence du sommeil : refuge ou champ d’angoisse, espace d’éros ou de mysticisme, objet d’études médicales ou de méditation philosophique. En réunissant des grands noms comme Morisot, Vallotton, Gallé, Bonnard ou Magritte, elle propose une lecture renouvelée de l’un des thèmes les plus universels de l’histoire de l’art.
Le sommeil dans l’art : de la symbolique à l’intime
Depuis l’Antiquité, le sommeil a longtemps personnifié l’irruption de l’invisible dans la vie humaine. Les sociétés grecque et romaine l’ont célébré à travers les divinités du songe, tandis que l’iconographie biblique le relie à la révélation divine. Au Moyen Âge, il oscillait entre repos réparateur et mort anticipée, évoquant l’exode vers un au-delà mystérieux.
À la fin du XIXe siècle, son imaginaire se complexifie sous l’effet des révolutions intellectuelles. Gérard de Nerval, Freud ou Charcot ouvrent la voie à une introspection psychologique que les artistes transposent dans la peinture, la sculpture et la gravure. C’est alors que le sommeil devient terrain d’étude pour les peintres symbolistes – Félicien Rops ou Fernand Khnopff – qui y voient un langage métaphorique du désir ou du cauchemar.
Face au bouleversement du XVIIIe siècle et à l’essor de la psychanalyse, on voit naître des œuvres qui interrogent la frontière entre conscience et inconscient. Fernand Léger peindra l’abandon mécanique à Morphée tandis que Salvador Dalí explorera les paysages oniriques dans lesquels le rêve déborde l’écran de la raison.
C’est cette richesse symbolique et cette ambiguïté — entre repos et dévoilement, innocence et éros, espace intime et métaphysique — que l’exposition « L’Empire du sommeil » s’attache à restituer, mettant en lumière la manière dont l’art déchiffre les messages secrets de ce silence nocturne.
L’exposition « L’Empire du sommeil » : un parcours entre science, art et songes
Dans ses huit sections thématiques, L’Empire du sommeil réunit plus de 130 œuvres issus du XIXᵉ et du XXᵉ siècle — peintures de Jean-Auguste-Dominique Ingres ou Félix Vallotton, sculptures, dessins, gravures ou documents médicaux — évoquant les transformations majeures de la représentation du sommeil. Chaque salle explore un aspect du thème : le sommeil innocent, l’éros du corps endormi, les récits bibliques, les rêves et les épreuves, jusqu’à la frontière entre repos et mort. L’exposition met en scène les dialogues entre art et science : tableaux et images médicales se répondent pour montrer comment le mesmérisme ou l’étude des troubles du sommeil ont influencé l’art moderne.
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Une section particulière éclaire également l’évolution du « sanctuaire » qu’est la chambre à coucher, symbole de l’intime urbain moderne, là où se croise l’histoire du mobilier, la psychologie et les habitudes quotidiennes. C’est ce mariage entre l’art et la connaissance scientifique qui donne à l’exposition sa profondeur unique : ici, les œuvres ne se contentent pas de représenter le sommeil, elles le mettent en perspective avec les recherches sur la mémoire, le subconscient et la maladie.
À découvrir en famille
L’exposition L’Empire du sommeil se prête particulièrement bien à des visites familiales enrichissantes et pluridisciplinaires : le parcours est jalonné d’ateliers pédagogiques, d’ateliers de médiation et de visites guidées adaptées à chaque tranche d’âge.
Cycle 1 (maternelle)
Les plus jeunes pourront initier leurs sens à travers des activités ludiques — notamment la création d’un « carnet de rêves » à l’issue de la visite — et observer les peintures représentant l’enfant endormi comme symbole de paix et d’innocence.
Élémentaire (Cycle 2)
Ils pourront approfondir leurs connaissances en arts plastiques et découvrir comment les artistes traduisent des notions abstraites comme le rêve ou la nuit. Des ateliers d’écriture de rêves accompagnent le programme « La classe, l’œuvre » du ministère de la Culture, en lien avec les classes.
Cycle 3 et 4 (collège et lycée)
Les enseignants de SVT ou d’Histoire proposeront une approfondissement sur les mutations neurologiques ou philosophiques du sommeil, tandis que les professeurs de Lettres exploiteront les références littéraires (Nerval, Proust, Freud).
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Hakim Aoudia.