À l’aube de ses cinquante ans, Léonard — clin d’œil malicieux à l’esprit de Léonard de Vinci — continue de titiller l’imaginaire des amateurs de BD. Inventeur mégalomane et éternel optimiste (ré)écrivant sans cesse ses plans, il côtoie un disciple souvent malmené — élastique de patience —, une duchesse exaspérante, un chat savoureux de causticité et un crâne philosophe. Ensemble, ils donnent vie à un microcosme où la science vire au chaos joyeux. Loin du pastiche tiède, la série Léonard joue de la référence imprimée à la Renaissance : l’esprit visionnaire de Vinci y est incarné dans un esprit farfelu jouant du ressort comique. Livres : meilleurs albums de la bande dessinée Léonard à lire absolument !
Léonard est un génie (1977)
Plongez au cœur du tome 1 — Léonard est un génie, l’album originel qui jette les bases d’une série toujours aussi inventive. Signé Bob de Groot (scénario) et Turk (dessin), ce volume de 48 pages mêle audace burlesque et inventions improbables : aspirateur, appareil photo, détecteur de métaux… tout y passe.
Léonard, évoqué comme une caricature espiègle du célèbre Léonard de Vinci, s’arroge le titre de maître inventeur — parfois avec un peu de prétention — tandis que son fidèle disciple Basile, éternel souffre-douleur, enchaîne expérimentations ratées et gaffes mémorables. La série place ce duo dans un décor Renaissance anachronique, où la science et l’humour se télescopent joyeusement.
Ce premier opus invite les lecteurs à découvrir le dynamisme unique de la saga : des bulles ciselées, une mécanique visuelle élégante et un comique de répétition affûté. Dès les premières pages, l’album installe un rythme effréné entre éclats de rire et portes qui claquent — tout le charme d’un humour accessible de 9 à 99 ans.
Hi-Fi génie (1980)
Dans Hi-Fi génie (tome 4), Bob de Groot et Turk revisitent les folies technologiques de leur personnage avec une insolence jouissive. Ainsi, Léonard se lance dans la création d’une chaîne hi-fi révolutionnaire, tout en multipliant les digressions audacieuses : neige carbonique, introduction de la pomme de terre auprès de Parmentier…
Tout l’art du duo scénique est là : chaque machine est un prétexte à catastrophe, chaque idée géniale un tremplin à gag. Le trait net de Turk donne vie aux boutons, engrenages et explosions avec une expressivité qui rivalise avec le comique de répétition du scénario. Un humour à la mécanique implacable — parfois absurde, mais toujours brillante.
La Guerre des génies (1983)
Dans La Guerre des génies (tome 10), le très sûr de lui Léonard voit débarquer un rival à sa mesure — Albert, accompagné de son propre disciple — dans la rue voisine. L’occasion d’un affrontement jubilatoire où leur arrogance scientifique commune atteint des sommets.
Tout l’humour de l’album repose sur les duels d’inventions insolites : catapultes, machines infernales, pièges farfelus… chaque duo n’hésite pas à pousser le génie à ses limites pour prouver qu’il est le meilleur. Le scénario de Bob de Groot, servie par les traits précis et expressifs de Turk, installe rapidement une mécanique comique implacable, où les dialogues grinçants et les catastrophes mécaniques s’enchaînent avec une fluidité savoureuse.
La force de cet album est d’élargir l’univers de la série : l’arrivée d’un antagoniste crédible pousse le duo Léonard-Basile à se mesurer à un rival-miroir, rompant leur routine pour y injecter un souffle nouveau.
Les bons contes font les bons génies (1999)
Au cœur de cet opus, Léonard réalise sa plus audacieuse invention : une machine à voyager dans le temps. Mais loin de servir seulement la science, l’appareil offre surtout des échappatoires loufoques… notamment pour fuir les poursuites policières !
L’album propose un cocktail détonnant : gags temporels, situations absurdes et rebondissements mécaniques. Le dessin de Turk se déploie avec précision — machines délirantes, expressions exagérées — tandis que le scénario de De Groot module comique visuel et verbal.
Les Bons contes font les bons génies (tome 29) est une porte d’entrée idéale pour (re)découvrir Léonard dans l’un de ses épisodes les plus inventifs — preuve que le génie n’a pas d’âge, même quand il joue avec le temps.
Y a du génie dans l’air ! (2003)
Dans Y a du génie dans l’air ! (tome 33), Bob de Groot et Turk livrent un opus où l’élément aérien devient prétexte à une succession de gags parfaitement huilés. Léonard s’acharne à dompter le vent — du souffle timide aux bourrasques — avec des inventions aussi ingénieuses qu’improbables, tandis que Basile, fidèle souffre-douleur, encaisse chaque retour de bâton.
Le style visuel de Turk déploie ses cadrages courts et ses vignettes rythmées ; le trait exagéré, les détails loufoques, les bulles précisément placées provoquent un comique de situation calibré. En toile de fond, l’humour – entre anachronisme et satire douce – déploie l’essence même de la série Léonard.
Éclair de génie (2025)
Dans Éclair de génie (tome 56), Turk au dessin et Zidrou au scénario offrent une version contemporaine et audacieuse du célèbre inventeur.
Léonard ne vise rien de moins que de bâtir une SiliconVal(i) médiévale : sa nouvelle entreprise, Génie.com, ambitionne de révolutionner les télécommunications dans un Moyen Âge revisité. Cryptomonnaie, panneaux solaires, OGM… tout ce qui appartient au futur s’invite à la ferme du maître, et le disciple Basile, fidèle malgré lui, en devient le souffre-douleur habituel.
Éclair de génie frappe par sa capacité à réinventer la série. Ainsi, l’humour se modernise sans trahir l’esprit originel.
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Hakim Aoudia.
