L’épisode de botulisme aviaire qui a frappé la Brière cet été a mis à rude épreuve les oiseaux sauvages. Grâce à une réaction rapide et coordonnée notamment entre le Parc naturel régional de Brière, la Fédération des chasseurs de Loire-Atlantique, le docteur vétérinaire Jean-Michel Clobert et son équipe, et les bénévoles, la propagation de la maladie a pu être contenue. Ce travail collectif ouvre la voie à une meilleure anticipation face aux éventuelles crises sanitaires à venir.
Fin juin 2025, les premiers cas de botulisme aviaire, sans danger pour les êtres humains, sont détectés au lac de Grand-Lieu. Quelques jours plus tard, les chasseurs signalent la présence d’oiseaux morts en Brière. « Dès la réapparition du botulisme aviaire*, un comité de gestion s’est mis en place début juillet, réunissant le Parc, la Fédération des chasseurs de Loire-Atlantique, la Commission syndicale de Grande Brière Mottière et le docteur vétérinaire Jean-Michel Clobert », rappelle Éric Provost, président du Parc naturel régional de Brière. Les opérations de ramassage se sont organisées dès la mi-juillet : jusqu’à 200 bénévoles et 80 bateaux ont sillonné le marais. « Nous avons pu réagir vite grâce à la connaissance qu’ont les chasseurs du terrain et à la solidarité locale », souligne Denis Dabo, directeur de la Fédération des chasseurs de Loire-Atlantique.
Une logistique lourde mais efficace
Le ramassage massif des cadavres – près de 5 000 oiseaux morts collectés en Brière – a été la clé pour freiner la propagation. Trois saisonniers recrutés par le Parc, un technicien détaché par la Ville de La Baule et un technicien coordinateur de la Fédération des chasseurs de Loire-Atlantique ont encadré les opérations. Les enlèvements ont été assurés chaque semaine par un service d’équarrissage mis en place en collaboration avec l’État. Parallèlement, Jean-Michel Clobert, vétérinaire à Guérande, et son équipe ont accueilli plus de 200 oiseaux vivants : « Nous avons pu en sauver la moitié environ. Ce n’est pas négligeable, surtout au regard de la rapidité avec laquelle la bactérie agit ».
Comprendre pour mieux prévenir
Les températures élevées, la baisse du niveau d’eau, l’absence totale de pluviométrie et une forte densité d’oiseaux ont favorisé le développement de la bactérie Clostridium botulinum. Selon Denis Dabo, « une vingtaine de centimètres d’eau en plus n’auraient peut-être pas empêché l’épizootie, mais en auraient retardé le déclenchement et donc son importance ». Pour Jean-Michel Clobert, « ce type d’événement et d’autres encore comme la sécheresse, la grippe aviaire, la fièvre du Nil ou des maladies tropicales risquent de devenir de plus en plus fréquents avec le réchauffement climatique ». D’où la nécessité de renforcer la surveillance environnementale et de disposer de capteurs pour suivre la température ainsi que le taux d’oxygène dans l’eau. Selon Éric Provost, « la prévention passe par une gestion de l’eau adaptée et une coordination continue entre les différents acteurs ».
Une coopération à consolider
Tous soulignent la force du collectif. Les bénévoles, chasseurs, associations, vétérinaires et services publics ont uni leurs efforts sans relâche. « L’efficacité de cette mobilisation prouve que chacun a un rôle à jouer », insiste Denis Dabo. Le Parc souhaite capitaliser sur cette expérience en formalisant un nouveau protocole afin de mieux organiser cette capacité à faire face aux crises. « Nous devons passer d’une gestion d’urgence à une organisation structurée », explique Éric Provost. Brigades bénévoles formées, maraudes régulières dans le marais, procédures d’hygiène renforcées, stock de médicaments, moyens matériels consacrés et nouveau dispositif d’alerte avec un numéro de téléphone et une adresse mail dédiés font partie des pistes à l’étude.
Anticiper les prochaines crises
Cette épreuve a révélé la capacité du territoire à se mobiliser et à apprendre collectivement. Pour Jean-Michel Clobert, « il faut continuer à associer les habitants et usagers à la surveillance. Chacun peut contribuer, ne serait-ce qu’en signalant des mortalités anormales d’animaux ». Le président du Parc conclut : « Face au dérèglement climatique, la résilience de la Brière reposera sur la coopération : nous devons nous aider les uns les autres dans notre combat commun en faveur de l’environnement. Ensemble, nous avons montré que nous pouvions agir efficacement. À nous de transformer cet élan en organisation durable ».
©M.Marquet