Diane Keaton s’est imposée comme l’une des figures les plus singulières du cinéma américain. Disparue le 11 octobre 2025 à l’âge de 79 ans, elle laisse une œuvre où se mêlent humour, sensibilité et indépendance. Actrice instinctive, elle a toujours privilégié la sincérité du jeu à la recherche de l’effet, donnant à ses personnages une vérité rare. Révélée au grand public par Annie Hall de Woody Allen, qui lui valut l’Oscar de la meilleure actrice, elle incarna une nouvelle manière d’être à l’écran : libre, un peu maladroite, profondément moderne. On la retrouve ensuite dans Le Parrain, Reds, Tout peut arriver ou Le Club des ex, autant de films qui témoignent de la cohérence d’un parcours où la légèreté côtoie l’émotion contenue. Voici donc notre sélection, certes subjective et non exhaustive, des meilleurs films avec Diane Keaton à voir absolument !
Le Parrain (1972)
Le Parrain de Francis Ford Coppola reste l’un des films les plus marquants de l’histoire du cinéma. Adapté du roman de Mario Puzo, il raconte l’ascension et la chute d’une famille italo-américaine liée à la mafia. Parmi les acteurs emblématiques, Diane Keaton se distingue dans le rôle de Kay Adams, l’épouse de Michael Corleone. Son jeu sobre et naturel apporte une touche de réalisme à ce monde violent et codifié.
Kay n’est pas un simple personnage secondaire : elle représente l’Amérique traditionnelle, confrontée aux compromissions de son mari. Keaton, alors jeune actrice, évite le cliché de la femme soumise. Ses scènes avec Al Pacino, notamment, montrent une femme qui observe, questionne, et finit par comprendre l’étendue des mensonges. Sans excès, elle donne de la crédibilité à une histoire où les hommes dominent l’écran.
Tombe les filles et tais-toi (1972)
Diane Keaton et Woody Allen forment un duo étincelant dans ombe les filles et tais-toi (1972), une comédie cultissime signée Herbert Ross, mais écrite de main de maître par Woody Allen. Ce film, adapté de sa propre pièce, marque la première rencontre à l’écran du tandem mythique Allen-Keaton, qui deviendra l’un des plus emblématiques du cinéma américain.
L’histoire suit Allan Felix, un critique de cinéma névrosé et maladroit, hanté par le fantôme de Humphrey Bogart, qui lui prodigue des conseils de séduction aussi désuets qu’hilarants. Après sa rupture, ses amis Linda (Diane Keaton, lumineuse) et Dick (Tony Roberts) tentent de le recaser, sans grand succès. Entre références cinéphiles, dialogues cinglants et autodérision, le film déploie un humour vif et une tendresse rare, portés par la complicité évidente entre les acteurs.
À la recherche de Mister Goodbar (1977)
Porté par une Diane Keaton magistrale, À la recherche de Mister Goodbar (1977) s’impose comme un chef-d’œuvre méconnu du cinéma américain des années 1970, aussi audacieux que dérangeant. Adapté du roman de Judith Rossner, lui-même inspiré d’un fait divers tragique, le film de Richard Brooks plonge le spectateur dans le New York interlope des années 1970, où Theresa Dunn, enseignante pour sourds le jour, s’abandonne la nuit à une quête effrénée de sensations fortes et de liberté sexuelle. Sous les apparences d’un drame social, c’est un portrait sans concession d’une femme en rupture avec les conventions, marquée par son passé et assoiffée d’émancipation, que le réalisateur dresse avec une rare intensité.
Diane Keaton, oscarisée la même année pour Annie Hall, y livre une performance bouleversante, incarnant avec justesse la fragilité et la détermination de cette héroïne tragique, ballottée entre désir de vivre et autodestruction. Le film, souvent réduit à sa réputation sulfureuse, transcende le simple scandale grâce à une mise en scène théâtrale et des dialogues cinglants, qui en font une œuvre profondément humaine et désespérément moderne. Entre réalisme cru et esthétisme provocateur, Brooks évite tout jugement moral, préférant interroger les limites de la liberté dans une société misogyne où la transgression se paie au prix fort.
Annie Hall (1977)
Annie Hall, chef-d’œuvre de Woody Allen sorti en 1977, reste une comédie romantique intemporelle, couronnée par quatre Oscars, dont celui de la meilleure actrice pour Diane Keaton. Le film, à la fois drôle et tendre, dresse le portrait d’une relation tumultueuse entre Alvy Singer, neurotique new-yorkais incarné par Allen lui-même, et Annie Hall, jeune femme libre et attachante, interprétée avec une grâce inégalée par Diane Keaton. C’est elle, étincelante, subtile et profondément humaine, qui porte le film de sa présence lumineuse et de son jeu à la fois drôle et fragile. Keaton y incarne à la perfection cette héroïne moderne, entre insouciance et vulnérabilité, marquant à jamais l’histoire du cinéma par son interprétation et son style androgyne, devenu culte.
Woody Allen y mêle humour acide, autodérision et mélancolie, offrant une chronique savoureuse des amours contemporaines, entre dialogues cinglants et scènes d’une tendresse rare.
Manhattan (1979)
New York n’a jamais été aussi envoûtante qu’à travers le noir et blanc sublime de Manhattan (1979), où Woody Allen signe une comédie romantique aussi drôle que mélancolique, portée par une Diane Keaton étincelante. Le réalisateur y incarne Isaac Davis, écrivain quadragénaire déchiré entre une jeune maîtresse (Mariel Hemingway) et l’énigmatique Mary (Diane Keaton), journaliste intellectuelle et snob, mais profondément vulnérable. Le film, couronné de récompenses et salué par la critique, est un hommage vibrant à la ville qui ne dort jamais, rythmée par les mélodies envoûtantes de George Gershwin.
Diane Keaton, muse d’Allen, y déploie toute sa palette : entre humour acéré et fragilité touchante, elle donne à Mary une profondeur rare, oscillant entre prétention et sincérité. Les dialogues ciselés et les plans iconiques (comme la scène du couple assis sur un banc près du pont Queensboro) font de Manhattan un film mythique.
Reds (1981)
Dans le panorama du cinéma américain, peu de films arrivent à mêler avec autant de réussite la grande Histoire et la passion amoureuse. Reds, réalisé par Warren Beatty en 1981, est de ceux-là. Ce chef-d’œuvre épique, couronné par trois Oscars, plonge le spectateur au cœur de la révolution bolchevique à travers le destin du journaliste John Reed et de sa compagne, la militante Louise Bryant, incarnée par une Diane Keaton étincelante.
Keaton, déjà auréolée de son Oscar pour Annie Hall, y livre une performance d’une intensité rare, oscillant entre fougue révolutionnaire et vulnérabilité féminine. Face à elle, Beatty et Jack Nicholson composent un trio d’acteurs au sommet de leur art, portés par une réalisation aussi ambitieuse que rigoureuse. Le film, fresque historique autant que drame intime, séduit par son souffle et sa capacité à rendre palpable l’idéalisme d’une époque où le monde basculait.
Simples secrets (1996)
Simples secrets (1996), réalisé par Jerry Zaks, est un drame familial d’une délicatesse rare, porté par un casting exceptionnel réunissant Diane Keaton, Meryl Streep, Leonardo DiCaprio et Robert De Niro.
Adapté de la pièce de théâtre de Scott McPherson, l’intrigue s’articule autour de deux sœurs séparées depuis vingt ans : Bessie (Keaton), restée en Floride pour s’occuper de leur père malade, et Lee (Streep), éloignée depuis longtemps, vivant dans l’Ohio avec ses deux fils. Lorsque Bessie apprend qu’elle est atteinte d’une leucémie, elle sollicite l’aide de Lee pour une greffe vitale. Ce retour forcé entre les deux femmes réveille les blessures anciennes, les rancœurs, mais aussi l’amour nécessaire qui peut guérir les silences.
Tout peut arriver (2003)
Diane Keaton et Jack Nicholson, deux légendes du cinéma américain, s’unissent dans Tout peut arriver, une comédie romantique signée Nancy Meyers qui prouve, avec élégance et humour, que l’amour n’a pas d’âge. Le film met en scène Harry, séducteur impénitent de 63 ans, adepte des jeunes conquêtes, qui se retrouve, après un incident de santé, sous le toit d’Erica, une dramaturge indépendante et féministe, interprétée par une Diane Keaton plus rayonnante que jamais. Entre quiproquos, dialogues ciselés et une alchimie palpable à l’écran, le duo offre une partition délicieuse, oscillant entre tendresse et esprit, dans un décor new-yorkais et une maison de bord de mer qui deviennent de véritables personnages à part entière.
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Hakim Aoudia.
