Le Parc naturel régional d’Armorique abrite le plus grand ensemble de landes atlantiques de France et le plus important complexe de tourbières de Bretagne. Ces espaces naturels rendent un grand nombre de services à l’Homme et abritent des espèces emblématiques. Pour les préserver, le Parc porte depuis 2021 jusqu’à la fin de l’année le programme européen LIFE Landes, en partenariat avec le Département du Finistère et Bretagne Vivante. Retour sur cinq ans d’actions concrètes et concertées au chevet des landes et tourbières d’Armorique.
Les landes et tourbières d’Armorique, des richesses à préserver
Les landes et les tourbières (des zones humides issues de la décomposition des végétaux pendant des millénaires) sont des milieux de plus en plus rares. Les tourbières ne représentent aujourd’hui que 3% de la surface terrestre. Celles d’Armorique que l’on peut observer sur trois sites classés Natura 2000 (le Menez Hom, Menez Meur et les monts d’Arrée) sont presque uniques en leur genre avec des espèces animales et végétales emblématiques : sphaignes (mousses), droséras, ajoncs, bruyères et loutres, amphibiens, rapaces (Busard Saint-Martin et Busard cendré) ainsi que le Courlis cendré.
Ces espaces naturels sont parfois dégradés par certaines plantations de résineux datant des années 1970, l’abandon des pratiques agricoles traditionnelles qui permettaient l’entretien de la lande, les effets du changement climatiques ou encore la surfréquentation de certains sites naturels.
Le Parc d’Armorique veille à leur préservation en tant qu’opérateur des sites Natura 2000. Sa mission est renforcée depuis 2021 grâce au programme LIFE Landes qui a permis d’engager un panel d’actions : acquisitions foncières, travaux de restauration de landes abandonnées et de tourbières dégradées, suivis scientifiques, opérations de sensibilisation ou encore mises à disposition de parcelles pour la fauche et le pâturage.
Des résultats qui dépassent les ambitions initiales
Initialement, le LIFE Landes visait la restauration de 200 hectares de landes et de tourbières. Cet objectif est aujourd’hui largement dépassé :
∎ 180 hectares de landes et tourbières ont été acquis par le Département pour être protégées
∎ 400 hectares ont été restaurés par le Parc à travers différents chantiers : des coupes de boisements artificiels de résineux non productifs avec la technique innovante du câble-mât, du gyrobroyage pour rouvrir des landes abandonnées et des comblements de drains pour permettre aux tourbières de fonctionner à nouveau.
∎ La fréquentation de certains sites a été améliorée (fermeture de parkings sauvages, réaménagement de sentiers, installation de panneaux d’information).
Ces travaux ont concerné 15 communes* du Parc d’Armorique[1] avec le soutien des élus mais aussi d’une quarantaine d’agriculteurs qui se mobilisent pour faucher ou pâturer la lande.
Le Parc d’Armorique a mené un important travail de sensibilisation auprès des habitants et des scolaires pour mieux faire connaître les landes et les bons réflexes à adopter pendant la période sensible de nidification. Il a développé plusieurs outils disponibles dans les offices de tourisme ou la maison du Parc d’Armorique pour découvrir la faune et la flore des landes. Le Parc a également accompagné la création de l’aire éducative de Saint-Rivoal où les élèves sont devenus gestionnaires d’une tourbière.
Les bénéfices pour l’Homme et la nature
Les chantiers menés depuis 2021 permettent aux landes et aux tourbières de continuer à nous rendre de précieux services :
∎ En stockant le carbone (une tourbière en bonne santé stocke parfois 5 à 7 fois plus de carbone qu’une forêt).
∎ En stockant, filtrant et préservant la ressource en eau (les tourbières régulent) ainsi les inondations, les crues ou le débit des cours d’eau en période de sécheresse.
∎ En limitant la propagation des incendies (les landes entretenues par la fauche ou le pâturage sont des pare-feux naturels).
∎ En nous offrant des paysages appréciés qui font vivre une économie locale basée sur un tourisme durable et des activités de pleine nature comme la randonnée.
Ces actions ont aussi un impact positif sur la biodiversité. A l’image de la restauration de landes rases favorables à la reproduction des Courlis cendrés (l’espèce ne compte plus que six couples contre une centaine dans les années 1980). Cet été et pour la première fois depuis les incendies, 1 à 2 envols de poussins ont pu être observés par les équipes du Parc et de Bretagne Vivante.
Quand préservation de la biodiversité et lutte contre les incendies vont de pair
Les landes et forêts des monts d’Arrée sont exposées au risque incendie et un important plan d’action est mis en œuvre depuis 2022 par le Département et la Préfecture du Finistère pour prévenir et réduire les risques. Dans cet élan, les travaux de restauration du LIFE ont été priorisés sur les parcelles de landes pouvant faire office de pare-feux naturels (en bord de route par exemple). Les landes fauchées ou pâturées par les agriculteurs permettent en effet de diminuer considérablement la propagation du feu. La restauration des tourbières permet de “réhumidifier” ces zones humides autrefois drainées et asséchées. Enfin, la coupe de résineux non productifs sur certaines parcelles permet de supprimer une source importante de combustible.
Les actions vont se poursuivre
La préservation des landes et tourbières reste au cœur des missions du Parc naturel régional d’Armorique, gestionnaire des sites Natura 2000. Le Parc va ainsi poursuivre la gestion durable des landes aux côtés des agriculteurs ainsi que le suivi scientifique des sites incendiés dans le cadre du plan de restauration des Monts d’Arrée du Département du Finistère.
Le Parc d’Armorique a également répondu à un appel à projet de la Région Bretagne dans l’objectif de poursuivre la restauration des tourbières qui jouent un rôle important dans le stockage du carbone.
Le programme LIFE Landes d’Armorique est porté depuis 2021 par le Parc d’Armorique, en partenariat avec le Département du Finistère et Bretagne Vivante (bénéficiaires associés). Il bénéficie du soutien financier de l’Europe, du Ministère en charge de l’écologie et de la Région Bretagne. Des financements complémentaires de la Fondation du Patrimoine, du Fonds Vert, d’EDF et de la Région Bretagne ont permis d’amplifier les travaux de restauration et d’aller au-delà des objectifs initiaux. Le projet était notamment un des lauréats 2023 du programme « Patrimoine Naturel et Biodiversité » de la Fondation du Patrimoine.
Les communes concernées* : Argol, Botmeur, Brasparts, Brennilis, Commana, Dinéault, Hanvec, Le Cloître-Saint-Thégonnec, La Feuillée, Locqueffret, Plougonven, Plounéour-Ménez, Saint Eloy, Saint-Rivoal, Sizun.
