Croiser les savoirs pour relever de nouveaux défis : l’interdisciplinarité au cœur de la recherche numérique

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Mis à jour le 28/10/2025

À l’heure où les grands défis contemporains imposent de repenser les frontières de la connaissance, que ce soit pour l’environnement, la santé publique ou encore l’éducation, les équipes du Centre Inria de l’université de Bordeaux unissent leur expertise en sciences du numérique à celles de nombreux autres domaines et misent sur l’interdisciplinarité pour décloisonner leurs recherches et développer des solutions pertinentes et innovantes pour la société.

Croiser tous les savoirs pour mieux les questionner

© Inria / Photo C.Morel

Plus qu’un mot-clé, l’interdisciplinarité est une modalité active de collaboration entre différents scientifiques impliqués dès la définition du futur objet de recherche, souvent complexe puisqu’à la croisée de plusieurs domaines d’expertises. Les connaissances, approches et méthodologies propres à chacun sont alors associées pour définir un socle cohérent, une problématisation collective et un langage reconnu de tous et toutes. Dans cette démarche, il ne s’agit pas d’additionner les savoir-faire mais bien de dépasser les frontières disciplinaires traditionnelles pour conjuguer les talents et les compétences et faire émerger de nouveaux savoirs.

Chez Inria, notre cœur de métier originel reste fondé sur les mathématiques et l’informatique, dans toutes leurs acceptions. En y intégrant les connaissances et approches issues des sciences humaines et sociales comme la psychologie, la philosophie et les sciences de l’éducation, ou d’autres disciplines connexes telles que la médecine, la physique et la biologie, les sciences et technologies du numérique agissent alors comme un véritable catalyseur où la collaboration devient une nécessité scientifique.  

Le numérique au carrefour de l’interdisciplinarité

Cette dynamique interdisciplinaire se traduit dans la structuration même de nombreuses équipes-projets Inria, construites autour d’un modèle unique, agile et partenarial, propre à l’Institut. En intégrant initialement l’ensemble des expertises nécessaires à la réussite du projet de recherche, chacun apporte son regard sur une thématique générale partagée. 

C’est le cas de l’équipe-projet Pléiade à la croisée entre biologie, mathématiques et informatique pour modéliser la complexité du vivant et développer des algorithmes et des outils méthodologiques au service de la biologie, de l’écologie et de la biotechnologie. Tout un programme nécessitant de s’appuyer sur des experts alliant l’ensemble de ces disciplines !

Verbatim

Nous travaillons en étroite synergie. Il y a d'abord une longue phase d'échange avec nos collègues biologistes pour définir un objet d'étude commun comprenant des questions scientifiques, des expérimentations et des protocoles d'analyse. Ensuite, chacun travaille dans son champ d'expertise : les biologistes produisent des données issues des écosystèmes ou encore du microbiote intestinal que nous étudions.

En parallèle, les experts en bio-informatique les organisent pour que nous puissions développer des modèles dynamiques qui intègrent ces données. Enfin, nous interprétons ensemble ces résultats de modélisation et d'expérimentation. Cette collaboration nous permet de décloisonner les approches et de proposer des simulations prédictives capables de tester des hypothèses biologiques complexes. 

Auteur

Simon Labarthe

Poste

Directeur de recherche INRAÉ - Membre de l'équipe-projet Pléiade

Pour l’équipe-projet Flowers AI & CogSci Lab, ce croisement, présent dès la genèse, reste toujours aussi vertueux ! L’équipe-projet intègre depuis plusieurs années Hélène Sauzéon, professeure de psychologie et de sciences cognitives et Cécile Mazon, enseignante-chercheuse en sciences cognitives à l’université de Bordeaux qui poursuit : « Chacun apporte son propre savoir disciplinaire : psychologie, neurosciences, intelligence artificielle, interaction Homme-machine, sciences de l’éducation… et se nourrit de la perspective des autres. Cette ouverture nous permet non seulement d’analyser les mécanismes de la curiosité et de la motivation mais aussi de coconcevoir des systèmes numériques originaux, innovants et surtout efficaces. En individualisant l'intervention pédagogique ou rééducative, et ce quel que soit l’âge, nous évaluons ensuite leur impact dans des contextes réels, comme les salles de classes, avec des approches expérimentales rigoureuses ».

Le numérique catalyseur d’innovation pour les autres disciplines

© Inria/ Photo G Scagnelli

Le numérique peut devenir également le cadre de dialogue et le levier de transformation pour les autres champs disciplinaires, capable de proposer des méthodes reproductibles, des simulations prédictives ou encore des outils d’aide à la décision publique. 

Ainsi, l’équipe-projet Bivwac est l’illustration même de ce renversement de perspective. Elle étudie les nouvelles formes d’expériences de visualisation immersives et interactives pour améliorer la compréhension des données et phénomènes complexes. Par exemple, pour le projet exploratoire BeAWARE financé par l’ANR qui vise à explorer l’utilisation des systèmes de visualisation incarnées en réalité augmentée pour favoriser la prise de conscience écologique et le changement de comportements, l’équipe s’appuie sur des méthodologies issues des sciences humaines et sociales. Elle travaille, de façon itérative, avec des experts en sciences environnementales et économie expérimentale.

Verbatim

Cette approche hybride est nécessaire car pour concevoir des dispositifs efficaces, nous devons d’abord comprendre les ressorts profonds qui motivent les choix individuels des citoyens et citoyennes. Puis, il nous faut évaluer également les facteurs impactant dans les processus de prise de décision pour ajuster les dispositifs numériques afin de favoriser leur efficacité.

Auteur

Martin Hachet

Poste

Responsable de l'équipe-projet Bivwac

Dans cette dynamique portée par le Centre Inria de l’université de Bordeaux et également par l’écosystème académique, le numérique joue souvent un rôle pivot sur le plan méthodologique. En épidémiologie, l’analyse de données massives issues d’essais cliniques ou de cohortes rend indispensable l’appui de méthodes avancées en statistique. 

L’équipe-projet SISTM travaille justement à cette interface entre santé et numérique pour structurer, extraire et modéliser des connaissances biologiques à partir de ces gros volumes de données complexes, afin de pouvoir ensuite simuler la réponse immunitaire et évaluer in silico de nouvelles hypothèses biologiques : « C’est un levier décisif pour faire progresser la connaissance et la compréhension du système immunitaire, grâce à sa modélisation, et ainsi pouvoir prédire rapidement l’efficacité et la durabilité de futurs vaccins » précise Boris Hejblum, chargé de recherche à l'Inserm et membre de l'équipe-projet SISTM. 

Vivre l’interdisciplinarité au centre Inria de l’université de Bordeaux

Cette culture, qui repose avant tout sur un engagement collectif, est rendue possible par une variété de modalités de collaborations encouragées par l’Institut. Coencadrements de thèse, projets collaboratifs ou délégations croisées… les possibilités sont multiples ! 

Par exemple en 2025, ont été ouverts pour la première fois des concours spécifiques comme l’Inria Starting Faculty Positions (ISFP) dans le domaine des sciences humaines et sociales pour inciter l’interdisciplinarité sur des thématiques sociétales croisées et d’intérêt public : numérique et monde du travail, droit et économie du numérique ou encore numérique et démocratie… 

Autant de synergies essentielles pour accompagner ce changement de perspective et décloisonner plus encore la recherche en sciences et technologies du numérique !

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