Fortes inquiétudes à Challenges, Sciences et Avenir et La Recherche en passe d'être rachetés par LVMH - CFDT journalistes - rejoignez-nous !

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Communiqué des Sociétés des journalistes de ChallengesSciences et Avenir et La Recherche, et des élus CSE (dont CFDT) des Éditions Croque Futur (groupe détenant ces trois titres).

Paris, le 29 octobre 2025
Les salariés du groupe Éditions Croque Futur, qui détient les titres ChallengesSciences et Avenir et La Recherche, tiennent à exprimer leur inquiétude pour l’avenir de leurs titres. Le groupe est en passe d’être cédé à LVMH via sa holding consacrée au secteur des médias, Ufipar. Lors d’une première réunion avec le CSE de Croque Futur lundi 27 octobre, le conseiller médias de Bernard Arnault, Nicolas Beytout, n’a pas présenté de vision claire sur l’avenir des trois titres. Outre une clause de cession au délai anormalement court et le refus de s’engager à maintenir l’emploi dans les prochains mois, LVMH n’a présenté aucune garantie. Depuis son entrée au capital en 2020, à hauteur de 40 %, en particulier lors des échanges autour de la cession d’Historia en 2023 et de celle avortée en début d’année de Sciences et Avenir et La Recherche, LVMH s’était montré enclin, dans une certaine mesure, à la négociation avec les salariés et les échanges semblaient pouvoir être constructifs. Or, ce CSE témoigne d’une forme de brutalisation. De plus, les positions du repreneur sur le plan éditorial ont heurté les sociétés des journalistes (SDJ) des trois titres.

Challenges

Nicolas Beytout a clairement énoncé que LVMH ne comptait pas respecter la charte interne de Challenges, née d’un accord entre la SDJ et l’actionnaire majoritaire actuel, Claude Perdriel. Adoptée en 2013, cette charte définit la ligne éditoriale de Challenges et garantit l’indépendance de sa rédaction, y compris et surtout en cas de cession du capital. Elle constitue un actif immatériel intangible de l’entreprise.

Elle stipule que Challenges est « un magazine économique et politique non partisan et indépendant. (…) L’adhésion à l’économie sociale de marché, avec ses corollaires – la défense d’une économie ouverte, humaniste et de progrès –, est constitutive de l’identité de Challenges, et donc de sa ligne éditoriale. » Elle conditionne également la nomination d’un nouveau directeur de la rédaction à son approbation par les membres de la SDJ, lors d’un vote.

« En confiant l’avenir de Challenges à Bernard Arnault, je sais qu’il est attaché au positionnement singulier de notre journal », expliquait aux lecteurs Claude Perdriel le 1er octobre 2025. Or, les derniers développements semblent montrer le contraire. Dans un premier temps, LVMH a demandé à Claude Perdriel de dénoncer lui-même la charte de Challenges. Ce qui reviendrait à renier l’engagement d’une vie entière en faveur de l’indépendance des rédactions. Une méthode que le bureau de la SDJ juge inacceptable. 

Face au refus de Claude Perdriel, il est maintenant exigé la création d’une nouvelle charte et une réorientation de la ligne. La raison avancée par Nicolas Beytout est que le journal devrait davantage défendre « l’économie libérale » et « le monde de l’entreprise ». Le bureau de la SDJ interprète cette démarche comme une volonté de reprise en main idéologique de la rédaction par le futur acquéreur, en violation de sa charte. Il s’oppose à toute tentative de renégociation, que ce soit sur sa ligne éditoriale ou sur les modalités de désignation des futurs directeurs de la rédaction. Le comité éditorial de Challenges, garant de la ligne du magazine, se réunira le 13 novembre.

Depuis quarante ans, Challenges s’efforce de décrypter avec recul et discernement les réussites comme les échecs des chefs d’entreprise, en s’appuyant notamment sur un actif exceptionnel : son numéro spécial sur les 500 plus grandes fortunes de France, qui contribue largement à alimenter le débat démocratique de notre pays, comme on l’a vu ces derniers mois. Dans un contexte de concentration croissante des médias économiques entre les mains de ces grandes fortunes, dont Bernard Arnault (Les EchosL’OpinionAgefiInvestir…), la SDJ de Challenges est fermement déterminée à défendre son indépendance et à continuer à appliquer sa charte.

Sciences et Avenir et La Recherche

Cette nécessaire indépendance est également source d’inquiétude pour les titres scientifiques, Sciences et Avenir et La Recherche. En février 2025, dans la perspective du rachat imminent de ces publications par LVMH, la Société des journalistes de Sciences et Avenir et La Recherche a entamé des discussions avec Claude Perdriel pour se doter d’une charte similaire à celle de Challenges.

Or, Claude Perdriel a fait le choix de se rétracter au moment de signer la charte de Sciences et Avenir-La Recherche (après avoir pourtant donné oralement son accord de principe). S’appuyant sur ce revirement de Claude Perdriel, LVMH refuse de reconnaître l’existence de cette charte, adoptée par tous les membres de la SDJ. Cette situation de rupture est alarmante quant à l’avenir de nos titres scientifiques. 

La charte de Sciences et Avenir-La Recherche énonce que ces titres « ont pour vocation de fournir aux lecteurs une information scientifique exacte, objective et de qualité sur l’ensemble des domaines couverts, incluant notamment ceux de l’énergie et du changement climatique. Cette garantie est indispensable à l’heure où la science, moteur d’évolutions technologiques et sociétales accélérées, est plus que jamais regardée avec défiance, fragilisée, voire instrumentalisée ». Cette garantie, à laquelle sont attachés les lecteurs depuis 1947 pour Sciences et Avenir et 1970 pour La Recherche, implique le respect des faits scientifiques et des chercheurs, et le rejet des opinions partisanes, des croyances, des idéologies et de la désinformation. 

Contacts presse :

CSE Croque Futur : Florence Leroy : 06 82 57 16 87

SDJ Challenges : 06 74 47 85 66

SDJ Sciences et Avenir La Recherche : 06 17 08 09 74

Recapiti
Elise