Les personnes handicapées ou leurs familles ont une longue expérience à nous transmettre : Chronique RCF de Florence Gros du 5 novembre 2025
« Si vous ne vous occupez pas de l’intelligence artificielle, c’est elle qui viendra à vous » me lance un ami qui travaille dans le secteur social. L’intelligence artificielle peut-elle transformer la mission de l’OCH ? L’IA, au centre de toutes les conversations, fait débat. Elle fascine. Certaines personnes la craignent quand d’autres la développent. Des métiers pourraient disparaître tant elle peut suppléer l’homme. Elle devient pour beaucoup un interlocuteur privilégié qui ne s’impatiente pas, qui ne déçoit jamais et qui reste disponible jour et nuit. Des études montrent qu’elle a des effets positifs comme une productivité accrue ou une facilité à résoudre des problèmes complexes. Elle entraîne aussi des conséquences néfastes sur l’homme : addictions, perte de pensée critique, perte de satisfaction liée à l’effort, paresse intellectuelle, illusion de ne pas être seul ou d’avoir de super pouvoirs, ou inversement atteinte narcissique … En faire bon usage est un défi !
Pierre-Hugues : L’IA est capable d’imiter l’habileté humaine. L’IA générative produit des choses qui s’apparentent à de la pensée. Son périmètre d’action est très vaste mais limité puisque lié à l’homme. Qu’en pensez-vous ?
Vous avez raison. L’humain reste l’humain. Si l’IA peut nous communiquer des informations utiles, traiter des informations complexes, apporter des solutions innovantes même dans le secteur social (solutions à chalenger), elle ne peut pas offrir une présence simple. Combien de personnes témoignent à l’OCH que la présence silencieuse d’un ami, d’un frère, d’un parent, d’un professionnel a été une aide précieuse pour lutter contre la maladie. Le « je suis là à côté de toi qui te décourages face au handicap ou qui souffres de troubles psychiques », ne peut être remplacé par une IA. Elle n’a pas d’émotion. Elle n’est pas empathique. Elle ne prend pas dans les bras. Elle ne rêve pas non plus. Offrir du temps pour écouter, partager, rêver, contempler, regarder, reste un cadeau inestimable. Par ailleurs, l’IA n’est pas reliée à Dieu. Elle ne peut ni nous donner la grâce, ni la joie profonde. Toutes ces limites ou insuffisances nous invitent à nous engager à nous faire proche de notre voisin comme le bon Samaritain.
Pierre-Hugues : Je comprends que l’IA ne peut remplacer l’aide apportée par l’équipe Ecoute & conseil, que penser de la revue Ombres & Lumière ?
Les écoutants, le temps d’un échange téléphonique ou d’un accompagnement dans la durée, offrent, entre autres, une rencontre d’âme à âme que la machine ne peut reproduire. L’écoutant peut aussi sourire et pleurer avec.
Les journalistes d’Ombres & Lumière, eux, riches de leur intelligence humaine et relationnelle ont une approche de l’information que ChatGPT ou d’autres IA ne pourraient remplacer. Les histoires de vie que les lecteurs découvrent dans chaque numéro ou sur le site ne sont pas piochées sur internet, c’est la rencontre sur le terrain qui inspire et nourrit les journalistes. Leur désir est de continuer à donner la parole à ceux qu’on entend trop peu, à éclairer et à informer en vérité.
Le témoignage vrai qui rejoint avec ses ombres et ses lumières, l’écoute et la présence à l’autre, le désir de créer du lien, traversent toutes les missions de l’OCH. Léon XIV nous a invités récemment à ne pas nous laisser gouverner par l’IA, mais à ouvrir l’humanité à la vérité, à la beauté, à la spiritualité, à la réalité. L’OCH veut participer à cet appel et continuer à créer une société de la relation, de l’altérité, de la présence et du lien.
Chroniques hebdomadaire de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH. 05/11/2025