Hebdo de l’énergie : l’actualité des marchés du 07 novembre 2025

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Nos experts vous présentent leur analyse complète de toute l’actualité sur les marchés de l’énergie à la date de clôture du 07 novembre 2025.

Marché de l'électricité

Électricité : entre prix bas et incertitude nucléaire

Le marché européen de l’électricité respire. Les prix de gros, sous pression depuis plusieurs semaines, reflètent un système temporairement apaisé : production renouvelable stable, demande modérée et coûts gaziers contenus. En France, cette détente donne une bouffée d’air à la consommation mais complique la donne pour EDF, qui voit ses marges s’effriter.

Le gouvernement maintient sa ligne : préserver l’accord nucléaire, garantir un prix stable et sécuriser la transition énergétique. Pourtant, derrière la façade d’équilibre, l’incertitude persiste. Le mix électrique futur, encore en quête de feuille de route claire, reste suspendu entre ambition climatique et réalisme économique. Sans cadre stable pour les investissements, l’actuelle accalmie pourrait bien n’être qu’un répit avant une nouvelle phase de tension sur les prix et la sécurité d’approvisionnement.

À la une

L’Europe électrique à la croisée des fils

Huit États membres de l’Union européenne – dont la France, l’Espagne et l’Italie – n’ont pas atteint en 2020 l’objectif de 10 % d’interconnexion électrique fixé par Bruxelles.  Pire, treize États sont déjà en retard sur le prochain palier de 2030, qui exige 15 % de capacité transfrontalière.

Des projets sur le papier, mais le temps presse

La Commission européenne se veut rassurante : 83 projets transfrontaliers bénéficient d’un financement européen, et 230 autres attendent leur tour. Pourtant, Bruxelles reconnaît que « des efforts supplémentaires » seront nécessaires pour respecter les délais.

Le continent se retrouve donc dans une course contre la montre : renforcer ses interconnexions avant que la transition énergétique et la hausse de la demande ne fassent exploser les tensions sur le réseau.

L’Europe fragmentée, un risque économique

Cette lente intégration a un coût. Le manque de coordination entre pays provoque des disparités régionales et des flambées de prix locales. Selon la Commission, une meilleure fluidité des échanges pourrait générer jusqu’à 43 milliards d’euros de bénéfices annuels d’ici 2030, contre 34 milliards aujourd’hui.

Chaque mégawatt bloqué à la frontière, c’est de la compétitivité perdue pour les entreprises.

Le défi invisible de la transition

Derrière les chiffres, une réalité : l’Europe n’est pas encore une union énergétique. La moitié des infrastructures nécessaires reste à construire, tandis que les files d’attente pour raccorder les renouvelables s’allongent.

L’essentiel à retenir ailleurs en Europe, par notre expert​

L’Allemagne défend son acier et son énergie

Outre-Rhin, le chancelier Friedrich Merz bataille pour sauver l’industrie sidérurgique, étranglée par les prix de l’électricité. Berlin négocie avec Bruxelles pour étendre les aides d’État et protéger le secteur de la concurrence asiatique. Entre énergie chère, transition verte et guerre commerciale larvée, l’Allemagne joue sa souveraineté industrielle.

EDF et Sizewell C : le pari du nucléaire britannique

Pendant ce temps, EDF avance ses pions outre-Manche. L’énergéticien a bouclé le financement du gigantesque projet nucléaire Sizewell C (3,2 GW) au Royaume-Uni, pour un montant de 43 milliards d’euros. Ce chantier, soutenu par Londres et plusieurs investisseurs internationaux, incarne la volonté de certains pays de réhabiliter le nucléaire face aux défis énergétiques.

ETS2 : l’Europe freine sur le climat

Enfin, les ministres européens de l’Environnement ont décidé de repousser à 2028 le lancement du marché carbone pour les secteurs du bâtiment et du transport routier (ETS2). Motif : éviter une flambée des prix pour les ménages. Ce report illustre la tension entre ambition climatique et acceptabilité sociale. L’Europe veut décarboner sans casser sa cohésion interne.

– Helder FARIA RUBIO, 

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

Marché du gaz

Gaz : une sérénité trompeuse avant l’hiver

Les prix du gaz en Europe donnent l’illusion d’un confort durable. À 24–30 €/MWh, le PEG évolue dans une zone de quasi-plénitude : températures douces, stocks au-dessus de 80 %, flux norvégiens et GNL abondant. Le marché paraît rassurant, presque endormi. Mais cet équilibre est fragile. Il repose sur une météo clémente et une logistique mondiale sans accroc — deux paramètres que l’hiver pourrait brutalement démentir.

L’Europe profite aujourd’hui d’une fenêtre rare : celle où la peur a déserté le marché, mais où la prudence doit parler. Car dans l’énergie, les opportunités se saisissent dans le calme, jamais dans la panique. Sécuriser des volumes maintenant, c’est parier sur la raison avant que la saison froide ne ramène l’émotion.

À la une

Le gaz russe refait surface par la Belgique

Officiellement, l’Allemagne s’est affranchie du gaz russe. Officieusement, les molécules venues de Sibérie continuent de chauffer ses chaudières – simplement, elles font désormais escale en Belgique.

L’interdiction européenne du transbordement du GNL russe a eu un effet inattendu : au lieu d’éloigner Moscou du marché européen, elle retient son gaz sur le continent.

L’Allemagne se lave les mains… avec du gaz russe

Les flux entre la Belgique et l’Allemagne ont bondi de 20 % cette année, preuve que le gaz “rebaptisé” transite par les canalisations européennes. Berlin a beau jurer son indépendance énergétique, les faits sont têtus. Les molécules, une fois mélangées, n’ont plus de nationalité. Et comme pour l’électricité nucléaire française que l’Allemagne continue d’importer, la morale semble variable selon les besoins du moment.

Une interdiction aux effets boomerang

En voulant sanctionner Moscou, Bruxelles a créé un effet de rétention : 4 à 5 milliards de m³ de GNL russe resteraient ainsi “bloqués” en Europe. Les États-Unis comblent une partie du vide mais l’opacité du mélange rend toute traçabilité illusoire.

L’Europe avance, mais à pas comptés

À horizon 2027-2028, le bannissement complet du GNL et du gaz russe doit devenir réalité. Mais d’ici là, les flux “blanchis” continueront de circuler sous les radars. L’indépendance énergétique proclamée n’est, pour l’instant, qu’un habillage diplomatique d’une dépendance qui persiste, simplement mieux dissimulée.

Tour d’horizon des autres faits marquants, par notre expert

Sortir du gaz russe, un casse-tête diplomatique

Bruxelles veut tourner la page du gaz russe d’ici 2028, mais le calendrier divise. Le Parlement pousse pour 2027, quand certains États enclavés, comme la Hongrie ou la Slovaquie, demandent du temps. La présidence danoise espère un accord politique “avant Noël”.

L’affaire Enet Energy : quand la spéculation brouille les signaux

Pendant que Bruxelles débat, Madrid sanctionne. Le régulateur espagnol (CNMC) a infligé une amende d’un million d’euros à Enet Energy pour manipulation du marché du gaz. En quelques secondes, la société aurait fait osciller les prix entre –16 et +12 €/MWh, envoyant de faux signaux au marché.

La “Vertical Corridor”, nouvel axe vital de l’énergie

Face à cette recomposition, l’Europe mise sur la “Vertical Corridor”, un réseau stratégique reliant la Grèce, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et jusqu’à l’Ukraine. Objectif : accueillir 5 à 8 milliards de m³ de GNL américain par an et créer une colonne vertébrale énergétique indépendante de Moscou. Soutenu par la Commission européenne, ce projet devrait être pleinement opérationnel en 2027.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

Zoom sur l'énergie verte

Europe : entre ambition climatique et défis industriels

L’Europe sur la voie de ses objectifs 2030

Bonne nouvelle pour Bruxelles : le vieux continent semble tenir le cap vers sa réduction de 55 % des émissions d’ici 2030. En 2024, les émissions de gaz à effet de serre ont reculé de 2,5 %, tandis que le PIB européen progressait encore de 71 % par rapport à 1990. Preuve qu’il est possible de croître tout en émettant moins.

Le recul du charbon (-12 %) et du gaz (-8 %) au profit du nucléaire (+5 %) et des renouvelables (+8 %) a dopé la performance, même si les transports – désormais premier secteur émetteur – restent le talon d’Achille de la transition.

2040 : la fracture industrielle européenne

Mais à peine le succès de 2030 célébré, l’horizon 2040 fait grincer les dents. Les fédérations industrielles de France, d’Allemagne et d’Italie dénoncent des objectifs “irréalistes” de réduction de 90 % des émissions, craignant une désindustrialisation massive.

Leur message est clair : avant de viser plus haut, il faut sécuriser l’énergie, stabiliser les prix et garantir une concurrence loyale face aux États-Unis et à la Chine. Elles plaident pour des outils concrets — PPAs, CFDs, soutien du secteur bancaire — afin de rendre la décarbonation économiquement viable.

PME et transition : la marche reste haute

Sur le terrain, les petites entreprises peinent à suivre. Malgré des dispositifs européens et nationaux, la complexité administrative et le manque de garanties freinent leur accès aux contrats d’achat d’électricité verte. Un frein qui pourrait ralentir l’élan collectif.

Vers une comptabilité carbone plus crédible

Enfin, les nouvelles lignes directrices du Greenhouse Gas Protocol entendent crédibiliser le reporting carbone en rapprochant les certificats d’origine des flux physiques d’électricité. Objectif : éviter le “greenwashing comptable” et renforcer la traçabilité.

Pendant ce temps, l’Espagne poursuit son expansion solaire fulgurante, symbole d’un Sud européen moteur de la transition.

– Helder FARIA RUBIO

Responsable Vente Indirecte et Partenariats chez Capitole Energie

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Eloïse DOLO-PERIQUET