Ce vendredi 31 octobre, l’auditorium Stephan Bouttet s’est transformé en étrange lavoir d’outre-tombe. Dès l’entrée, au-dessus des têtes, du linge se balançait, donnant au décor une atmosphère fantomatique. Dans un coin, un chaudron laissait s’échapper une vapeur inquiétante, tandis qu’un tapis de feuilles mortes craquait sous les pas. Les services de la Ville avaient composé là un décor d’Halloween saisissant, où l’imaginaire reprenait ses droits.
Dans la salle, de familles et des enfants, parfois déguisés. Sur scène, quatre voix du chœur de chambre Mélisme(s), un accordéon diatonique confié à Jérôme Pungier, et la clarinette de Gildas Pungier, qui assurait aussi la direction, tissaient un écrin sonore subtil à la voix chaude et ensorcelante de Marthe Vassallo, conteuse et soliste.
Durant 80 minutes, la Bretagne d’Anatole Le Braz a repris souffle. Celle des lavandières de la nuit, revenantes au linge maudit, qui lavent les draps des défunts et guettent, dans l’ombre, l’imprudent qui croise leur route. Dans un jeu d’ombre et de lumières, Marthe Vassallo habitait ses récits avec la ferveur d’une passeuse. Loin d’effrayer, dans ce spectacle, la mort se raconte, se chante et s’écoute. Les musiques se répondent, entre Verdi et Berlioz, entre Saint-Saëns et Augusta Holmès, entre mélodies savantes et chants traditionnels bretons.
Ce vendredi d’Halloween, les Lavandières de la Nuit ont rappelé aux festivaliers que la fragile frontière entre les vivants et les disparus n’est jamais tout à fait close mais se brouille parfois, le temps d’un concert.