Mis à jour le 27/11/2025
Inria, l’institut national de recherche en sciences et technologies du numérique et Doctolib annoncent le lancement d’un partenariat inédit en matière de recherche pour faire émerger des modèles d'intelligence artificielle cliniques à la fois fiables et souverains dans le domaine de la santé.
Une unité de recherche commune dédiée à la santé
Avec ce partenariat, Inria et Doctolib constituent une équipe de recherche commune réunissant doctorants, postdoc et ingénieurs de recherche. Les deux acteurs avanceront ensemble sur plusieurs grands axes de recherche pour aboutir à des modèles d’intelligence artificielle capables de comprendre, de raisonner et d’accompagner les soignants et les patients dans la gestion de leur santé :
- IA médicale de confiance, made in Europe : créer des intelligences artificielles qui conseillent les médecins et patients de manière fiable et vérifiable, en respectant les valeurs éthiques européennes (protection des données, transparence, respect du patient). L'enjeu : éviter les "boîtes noires" et garantir que chaque recommandation puisse être expliquée et vérifiée médicalement.
- Suivre le raisonnement médical des praticiens : faire en sorte que l'IA ne se contente pas de reconnaître des patterns, mais comprenne vraiment les liens de cause à effet en croisant les symptômes, l'historique médical, le contexte de vie de chaque personne, et les connaissances médicales. Concrètement : relier les pièces du puzzle (symptômes, traitements, mesures de capteurs, environnement) pour estimer l’état de santé le plus probable aujourd’hui et son évolution.
- Choisir la “meilleure action” de santé pour chacun, réactif et préventif : Au-delà du diagnostic, aider l'IA à recommander les meilleures actions (dépistages, vaccins, changements de mode de vie) personnalisées pour chaque individu. Pour cela, il faut affiner des systèmes en mesure de raisonner “causalement” (ce qui change vraiment le résultat), apprendre de données du monde réel en sécurité (offline RL, essais numériques), tenir compte des risques, coûts et préférences.
- Motiver durablement les changements de comportement : Concevoir des systèmes qui ne se contentent pas de dire "faites du sport" ou "mangez mieux", mais qui accompagnent vraiment les personnes dans la durée, en s'adaptant à leur psychologie, leurs contraintes et leur motivation. Le challenge : transformer l'intention en action pérenne.
Selon François Cuny, Directeur Général Délégué à l’Innovation chez Inria :
Ce partenariat avec Doctolib s’inscrit dans la dynamique que nous portons au sein de l'institut : renforcer la collaboration bilatérale entre Inria et les industriels français notamment dans le secteur de la santé. Monter des projets et des équipes communes, soutenir les dynamiques entrepreneuriales et attirer les meilleurs talents internationaux sont les trois axes prioritaires de ce partenariat qui pourra s'appuyer pour cela sur la mobilisation des équipes et sur les expertises de nos deux organisations. Je suis extrêmement heureux du lancement de ce partenariat qui dépasse nos organisations et cherche à soutenir l’émergence et le développement d'un écosystème Français en santé numérique.
L’équipe commune de recherche entre Inria et Doctolib débute ses travaux prometteurs par deux sujets précis :
Optimiser le parcours de soins des patients, du diagnostic au traitement, pour réduire l’errance médicale et améliorer la pertinence des soins
La coordination des soins ambulatoires constitue un défi majeur pour les systèmes de santé contemporains, avec des délais de diagnostic et des coûts de santé associés souvent conséquents, et des interventions parfois non nécessaires. Inria et Doctolib axent ainsi leurs recherches sur le développement d’un modèle génératif permettant de recommander des séquences optimales d'actions cliniques à partir de l’historique du parcours de soin des patients[1].
Etablir les meilleurs diagnostics cliniques grâce à l’IA
L’IA peut formuler des hypothèses de diagnostics pour les soignants et afficher un niveau de confiance sur ces résultats ; elle ne remplace pas le jugement clinique. Ainsi, l’équipe développe des méthodes pour quantifier rigoureusement cette incertitude et les faire évaluer par des praticiens sur des cas réels non identifiants, afin qu’elles soient utiles et applicables en consultation.
Les travaux de recherche permettront également d’établir des méthodologies rigoureuses d’évaluation de l’impact des solutions d’IA en santé, afin de s’assurer de leur pertinence clinique, au bénéfice des patients.
En tant qu’entreprise d’intelligence artificielle en santé, Doctolib souhaite contribuer à la recherche en investissant dans des projets qui repoussent les limites du numérique en santé. Cette démarche vise à faire de la France et de l’Europe des terres d’innovation de premier plan et à mettre entre les mains des soignants comme des patients des technologies de santé novatrices, utiles et sécurisées. En interne, une unité de chercheurs en intelligence artificielle œuvre désormais aux côtés d’instituts de référence en Europe comme Inria.
Selon Nacim Rahal, Directeur IA de Doctolib :
Ce partenariat s’inscrit dans la volonté de Doctolib de faire progresser l’IA clinique et de générer des avancées concrètes dans la recherche en santé. Pour construire les systèmes d’intelligence artificielle les plus souverains, compétitifs, sûrs et fiables dans ce domaine, il nous paraissait essentiel de s’associer à l’expertise d’instituts de recherche de référence mondiale comme Inria. C’est selon nous la clé pour tirer le maximum de l’IA, au service des soignants et de la santé de tous.
[1] Données pseudonymisées : les informations relatives à l'identité patients (nom, prénom,...) sont remplacées par des codes alphanumériques qui empêchent toute identification.