Le 17 novembre 2025, l’équipe du CFSI accueillait trois intervenants internationaux du Festival ALIMENTERRE : Yasmine Lara Beau, Imelda Agondanou et Koami Bokodjin.
Pendant une dizaine de jours, ils ont parcouru la France pour participer à des projections-débats, rencontrer des lycéens, des associations, des collectifs citoyens, des agriculteurs et agricultrices, et échanger autour d’une question commune : Comment construire une alimentation durable et solidaire qui respecte les peuples, la terre et la santé de tous et toutes ?
Derrière leurs parcours et contextes très différents – Liban, région du Levant, Afrique de l’Ouest, Togo – se dessinent des préoccupations communes, au cœur des combats portés par le CFSI.
Trois voix, trois parcours, une même exigence de justice
Yasmine Lara Beau est franco-malgache et vit au Liban, où elle fait partie du collectif Buzuruna Juzuruna – « Nos graines, nos racines » en arabe. À la croisée de l’agronomie, de l’écologie et du journalisme, elle travaille avec un collectif syrien, libanais et français autour d’un enjeu simple et vital : retrouver la capacité de produire sa propre alimentation et ses propres semences, dans une région marquée par les crises écologiques et politiques. Pour elle, les semences paysannes sont par essence un bien collectif, qui appelle la solidarité et l’organisation en communauté.
Imelda Agondanou est agronome, agroéconomiste et chargée de programme au Roppa, le Réseau des organisations paysannes et de producteurs d’Afrique de l’Ouest. Elle défend l’agriculture familiale comme socle de souveraineté alimentaire, de développement économique, social et environnemental pour la région. Pour elle, une alimentation durable n’est pas seulement « bio » ou techniquement vertueuse : elle doit respecter le droit des peuples à se nourrir eux-mêmes. Si la production d’un pays met en péril la capacité d’un autre à se nourrir, alors cette alimentation n’est ni saine, ni solidaire.
Koami Bokodjin, coordinateur du RéNAAT, réseau national des acteurs de l’agroécologie au Togo, anime un écosystème de coopératives, associations, ONG, citoyens et consommateurs. En écho au nom du festival, il insiste : ALIMEN-TERRE, c’est une nourriture qui vient de la terre, pas des laboratoires. Pour lui, la nature est une école : une graine qui tombe dans un sol vivant peut pousser sans produits chimiques. Une alimentation saine devrait d’abord préserver la santé humaine et celle des écosystèmes, avant la recherche de profit.
Des problématiques locales qui se rejoignent
À travers leurs regards, se dessine un constat partagé avec le CFSI : les systèmes alimentaires sont au cœur de multiples tensions économiques, sociales, écologiques et politiques.
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Dépendance aux importations et vulnérabilité des territoires face aux crises.
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Uniformisation des modes de production et de consommation, qui fragilise les agricultures paysannes.
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Impact des politiques agricoles et commerciales du Nord sur les agricultures du Sud.
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Risque d’invisibiliser les femmes, les jeunes et les peuples autochtones dans les décisions qui les concernent pourtant au premier chef.
En France, comme au Liban, au Togo ou dans les 15 pays d’Afrique de l’Ouest où agit le Roppa, les mêmes questions reviennent : qui produit notre nourriture ? Pour qui ? Avec quelles pratiques ? Et à quel prix pour la planète et pour les communautés ?
Pour Yasmine, Imelda et Koami, l’alimentation durable ne se résume pas à ce qu’il y a dans l’assiette. Elle engage un rapport au territoire, au pouvoir, à l’économie, aux droits humains.
« Notre avenir se joue dans nos assiettes »
Du Levant à l’Afrique de l’Ouest, des campagnes togolaises aux lycées agricoles français, une conviction se dégage : nous partageons un destin commun. Nous sommes « un même peuple, terriens, humains », comme le dit Imelda.
Ces tournées d’intervenants internationaux sont l’une des façons, très concrètes, de faire vivre la solidarité internationale défendue par le CFSI et ses partenaires : en faisant circuler les expériences, les questions, les doutes, les réussites, et en donnant une place centrale aux voix des acteurs et actrices de terrain.
Vous souhaitez en savoir plus sur les parcours de nos intervenants ou participer à la prochaine édition du Festival ALIMENTERRE ?
Rendez-vous sur le site dédié : alimenterre.org