Alors que Noël approche, l’Évangile nous invite à regarder autrement la fragilité : non comme une faiblesse, mais comme le lieu d’une rencontre et d’une présence à offrir aux autres : Chronique RND de Florence Gros du 17 décembre 2025
Noël approche à grands pas, nous sommes déjà dans la troisième semaine de l’Avent. Réalisons-nous que, dans le monde entier, dans une impatience et Espérance plus ou moins grande, des hommes s’apprêtent à célébrer la naissance de Jésus-Christ. Nombreux sont ceux qui se préparent, par la prière pour les uns, en installant une crèche pour les autres ou en ouvrant chaque jour une fenêtre d’un calendrier … à une naissance aussi incroyable que sobre. En naissant, Jésus réalise la rencontre de Dieu et de l’humanité. Il va offrir sa lumière au monde. Il va nous rejoindre dans notre humanité. Tout cela est incroyable. Et c’est un bébé dépendant et fragile que Dieu a choisi pour réaliser sa promesse. Quel mystère ! Dans la lettre aux Hébreux, au chapitre 4, il est écrit : « En Jésus, le fils de Dieu, (…) nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché ». Nous n’attendons pas un homme puissant mais un Dieu qui se montre vulnérable, dépendant et humble.
Pierre-Hugues : Le voyez-vous comme une invitation à accueillir nos faiblesses et à accueillir les fragilités des autres ?
Certainement Pierre-Hugues car Noël est une bonne nouvelle à partager sans modération avec tous, quelles que soient ses fragilités. Et, n’oublions pas que, parfois, malheureusement, la période de Noël est douloureuse pour certains. Alors, ne fermons pas notre cœur aux cris du monde et de nos voisins. Adélaïde, par exemple, me disait qu’elle hésitait à emmener son fils hyperactif à une veillée de Noël. Les regards peu accueillants des paroissiens la blessent. Invitons ces mamans, proposons-leur de venir et de vivre la messe l’une à côté de l’autre. Anne, elle, me témoignait qu’elle redoutait l’ouverture des cadeaux avec les cousins. Sa fille polyhandicapée de 15 ans risque de recevoir comme chaque année un jeu pour enfant que sa belle-mère aura choisi, avec amour. « C’est trop dur, me dit-elle, de réaliser que ma fille grandit si lentement et que personne ne la voit comme une adolescente ». Quant à Pierre, il me disait être partagé entre la joie de revoir toute sa famille avec ses neveux et nièces et la crainte de ne pouvoir supporter le monde et l’agitation à cause de ses troubles psychiques. Ces témoignages m’attristent mais de belles choses nous attendent avec Noël. Alors, demandons la grâce de ne pas se refermer sur sa tristesse si on est fragile ou seul, ni sur sa suffisance si on a la chance d’être bien entouré.
Pierre-Hugues : Les cris ne font pas toujours beaucoup de bruit. Il nous faut tendre l’oreille. N’est-ce pas une disposition du cœur et de tout notre être à demander ?
Vous avez raison Pierre-Hugues. Frère Roger, fondateur de la communauté de Taizé, écrit dans le petit livre qui rassemble toute sa pensée: « Au tréfonds de la condition humaine repose l’attente d’une présence, le silencieux désir d’une communion. Et voilà que nous découvrons dans l’Évangile une réponse à cette attente : la lumière qui éclaire tout être humain est venue dans le monde ». A Noël, nous avons l’habitude ne nous offrir des présents, souvent nombreux, peut-être trop ! Le plus beau cadeau que nous puissions offrir est une présence aimante à l’autre en y mettant, comme vous le disiez, tout notre cœur et tout notre être. C’est l’enseignement de Jésus par sa naissance. Il se fait présent à nous. Soyons une présence chaleureuse à notre voisin de chaise à la messe de Noël et une présence joyeuse à notre famille ou amis.
Chroniques hebdomadaire de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH. 17/12/2025