La ZAC Touraudière prévoit la construction de 790 logements sur d’anciennes terres agricoles. Suite à un diagnostic archéologique et avant d’entamer les travaux, la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) a prescrit une opération de fouille archéologique en 2024. Cette fouille, menée par les archéologues de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP), a révélé des vestiges allant de l’âge du Bronze au Moyen Âge.
Qu’est-ce qu’une fouille préventive ?
La fouille préventive permet de collecter les informations archéologiques d’un site et de les analyser pour les comprendre. Elle permet de préserver la mémoire d’un site avant les travaux d’aménagements.
Des découvertes de l’âge du Bronze et de l’âge du fer
Des vestiges révélateurs d’une activité métallurgique
La fouille du secteur nord a permis de découvrir quelques fosses qui ont révélé l’existence d’un habitat du Bronze final. Elles ont dévoilé des morceaux de vases et un lot de fragments de moules en terre cuite ayant servi à réaliser des objets en bronze, dont des épées. La découverte de ces éléments, rarement conservés, est exceptionnelle.
Deux enclos datés de la Protohistoire
Des traces d’occupation ancienne ont également été détectées dans la partie sud de la fouille. Elles sont matérialisées par deux petits enclos fossoyés de forme curviligne. L’un d’eux forme un cercle d’environ 15 m de diamètre qui pourrait correspondre à un cercle funéraire du premier âge du Fer.
Un axe de circulation d’origine antique
Durant la période antique, un réseau de chemins joue un rôle important dans la structuration du territoire. Celui étudié dans le cadre de la fouille dessert vraisemblablement un établissement situé à proximité, occupé entre le début du IIe siècle et le IVe siècle. Une bague en or dans un état de conservation exceptionnel pouvant être datée entre le IIe et le IIIe siècle a été retrouvée sur le niveau de circulation empierré. Elle se compose d’une monture en or ciselée et d’une intaille en nicolo, une pierre fine utilisée pour les gemmes antiques, qui représenterait la déesse Venus Victrix (qui apporte la victoire).
Un hameau du haut moyen âge
C’est dans un territoire déjà bien structuré que se développe un important établissement entre le Ve et le Xe siècle. Son développement semble atteindre son apogée entre le VIIe et le VIIIe siècle.
Il est organisé selon une trame orthonormée et constitué d’un ensemble de parcelles quadrangulaires délimitées par des fossés. Ces parcelles, allant de 800 à 2 000 m2 en majorité, sont reliées entre elles par des chemins. Certaines sont dédiées à l’habitat, d’autres aux cultures, aux pâturages ou à des activités spécialisées. Comme sur de nombreux sites contemporains de l’est de la région, l’habitat se développe par ajout progressif de parcelles. Au final, plusieurs fermes coexistent voire se regroupent pour partager des espaces et s’organiser en hameau ou habitat groupé.
Bâtiments et équipements agricoles
Plusieurs bâtiments sur poteaux plantés, de forme rectangulaire et de superficies variables, ont été identifiés. Leurs murs étaient faits en terre et en bois, les toits en matière végétale.
Parmi les équipements nécessaires au fonctionnement des fermes, on retrouve de nombreuses fosses, et notamment des structures de stockage souterrain appelées silos. Elles servent, en milieu sans oxygène, à la conservation des grains battus et vannés pour la consommation ou de futures semences. Des fosses destinées au stockage de l’eau et de très nombreuses structures de combustion (foyers et fours), essentiellement liées à la cuisson des aliments et au traitement des récoltes (séchage et grillage des céréales), complètent les installations.
Mobilier révélateur de la vie quotidienne
Le mobilier associé à cette occupation est particulièrement abondant. Il apporte de nombreuses informations sur le quotidien des populations qui y résidaient. Voici les principaux éléments retrouvés :
Céramique : Elle comprend divers objets du quotidien, tels que la vaisselle de table, des pots à cuire, des vases de stockage et des vases à liquides
Restes de végétaux carbonisés
Meules : Fabriquées en granite et en grès, elles servaient à moudre le grain.
Aiguisoirs en pierre : Ces objets étaient utilisés pour entretenir les outils métalliques, tels que les lames de couteaux ou d’autres outils agricoles. L’étude des ossements d’animaux et des restes végétaux carbonisés conservés dans le sol nous renseignera sur l’alimentation des habitants.
Le parcellaire agricole entre le second Moyen Âge et la période moderne
L’abandon de l’habitat du haut Moyen Âge n’est pas encore précisément daté mais pourrait remonter au Xe siècle. Par la suite, l’espace semble avoir été progressivement réorganisé, retrouvant principalement une fonction agricole à la fin du Moyen Âge. De nombreux fossés traversent le site, marquant des limites parcellaires, des chemins et des haies implantés après l’abandon de l’habitat. Certains axes ont même perduré jusqu’à très récemment.
Et après ?
La fouille terminée, un important travail d’études en laboratoire et d’analyse des données a débuté. À l’issue de cette phase, les résultats seront restitués sous la forme d’un rapport d’opération qui, une fois validé par une commission scientifique, sera consultable en ligne sur le site de la bibliothèque numérique du service régional de l’archéologie. Le mobilier sera remis aux services de l’État et entreposé dans ses dépôts régionaux.