"Femmes et transport : encore un long chemin à parcourir" – Édito de Sandrine Bachy pour la Journée de la Femme - UNOSTRA

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Le 8 mars, journée des droits des femmes

Le 8 mars est une journée importante pour les droits des femmes. Mais une question se pose : à quoi sert réellement cette journée ?

Nous, femmes, souhaitons que l’on pense à nous toute l’année. Certes, la condition féminine a évolué depuis quelques décennies : droit de travailler sans l’autorisation de son époux, droit de disposer d’un compte bancaire, droit de vote, droit de divorcer, droit à l’avortement (inscrit dans la Constitution depuis 2024).

Mais le droit d’être rémunérée au même niveau qu’un homme pour un poste identique n’est toujours pas respecté. Chaque année, à partir du 2 novembre, les femmes travaillent « gratuitement » par rapport aux hommes, à cause des inégalités salariales persistantes.

Et le droit d’être respectées en toutes circonstances n’est toujours pas garanti.

En effet, une femme est encore trop souvent perçue par les hommes comme une incapable ou une incompétente. Combien de femmes ont tenté d’accéder à la plus haute fonction de leur pays ? Hillary Clinton, et plus récemment Kamala Harris, à qui les Américains ont préféré un homme misogyne, ou encore Ségolène Royal et Marine Le Pen en France. Peut-on réellement penser qu’elles ont perdu uniquement à cause de leurs idées et de leur programme, ou simplement parce qu’elles étaient des femmes ?

Prenons l’exemple d’Édith Cresson, première femme nommée Première ministre en 1991, qui a déclaré avoir vécu un véritable enfer pendant ses 10 mois et 18 jours en fonction, n’ayant pas prévu l’hostilité de ses propres alliés politiques. Rappelons aussi qu’en mai 1981, alors qu’elle venait d’être nommée ministre de l’Agriculture – une première pour une femme –, une banderole l’attendait lors d’une réunion avec la FNSEA, sur laquelle était écrit : « Édith, on t’espère meilleure au lit qu’au ministère. » Quelle honte ! Mais sa réponse a eu du panache : « Ça tombe bien que je sois ministre de l’Agriculture puisque j’ai affaire à des porcs ! » Jamais une insulte de ce genre n’aurait été adressée à un homme.

Trente ans plus tard, Élisabeth Borne, deuxième femme à accéder au poste de Première ministre, n’a pas eu la vie plus facile dans ses fonctions. Elle a été surnommée « Madame 49.3 ». Pourtant, François Bayrou a lui aussi eu recours à cet article de la Constitution, et personne ne l’a jamais surnommé « Monsieur 49.3 ».

Je me souviens de ma première rencontre avec Élisabeth Borne au ministère des Transports en 2017, quelques semaines seulement après mon élection à la présidence de l’UNOSTRA. À la fin de la réunion, elle est venue me féliciter en soulignant qu’il était important que l’UNOSTRA se féminise. Je lui ai alors répondu qu’être une femme cheffe d’entreprise dans le milieu du transport n’était pas chose facile tous les jours. Sa réponse fut sans équivoque : « Je vois exactement ce que vous voulez dire. » Entre femmes, nous nous étions comprises.

Pourquoi une telle hostilité, un tel mépris envers les femmes ? Dans l’esprit de beaucoup de personnes, une femme ne peut toujours pas accéder à des postes à responsabilité. Ses compétences sont systématiquement remises en cause, et pourtant, elle a obtenu les mêmes diplômes et qualifications que ses collègues masculins.

Nous demandons donc le respect et la reconnaissance de notre juste valeur.

Les choses ont malheureusement peu évolué. Alors oui, un 8 mars, c’est bien, mais c’est loin d’être suffisant.

Sandrine Bachy
Administratrice Unostra

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