Humour et politique : le meilleur des “petites phrases” sacré par le Press Club
Mardi 9 décembre, l’auditorium de la Tour Accor à Issy-les-Moulineaux, affichait presque complet pour la remise des prix de l’édition 2025 du Prix Press Club, Humour et Politique. Aux manettes, Bernard de La Villardière, président du Press Club, et Isabelle Bourdet, directrice du Press Club, ont mené cette soirée où la vie publique se regardait à travers le prisme de la phrase qui fait mouche.
L’AJT, partenaire du Press Club de France, était présente pour couvrir l’événement, devenu au fil des années un rendez-vous incontournable pour qui aime la politique… et l’ironie mordante qui l’accompagne parfois.
Claude Malhuret, Grand Prix 2025
Parmi les lauréats, quatre avaient fait le déplacement. Grand Prix 2025, Claude Malhuret, sénateur de l’Allier, a mis tout le monde d’accord avec deux formules déjà cultes, lancées au Sénat devant le Premier ministre. À propos de l’extrême gauche :
« Pauvre extrême gauche dont le bilan se résume à un siècle à bouffer du curé pour finir par lécher les bottes des mollahs. »
Et, sur le budget, cette comparaison qui a fait rire jusqu’aux moins bricoleurs :
« Le budget s’annonce encore plus difficile à monter qu’un meuble Ikéa. »
Sur scène, le sénateur réjoui a accepté son prix, assumant pleinement son goût pour la formule drôle.
Des comptes, de la répartie et une bonne dose d’autodérision
Autre lauréate présente, Sarah Knafo, députée européenne Reconquête, a reçu le Prix des Bons Comptes pour son tir ciblé sur le ministre de l’Économie :
« Si Bruno Le Maire voulait rembourser la dette qu’il a causée, les 1 000 milliards d’euros, il devrait faire la plonge pendant 62 millions d’années. »
Dans un tout autre style, Bernard Briand, président du Conseil territorial de Saint-Pierre-et-Miquelon, s’est vu attribuer le Prix de la répartie pour avoir détourné l’acronyme OQTF dans une campagne de communication malicieusement tournée contre un projet de centre de rétention :
« On Quitte Tout Facilement », « On vient en Quête de Tranquillité Familiale » ou encore « Ouvriers Qualifiés pour Travailler dans le Froid ».
Enfin, Geneviève Darrieussecq, ancienne ministre de la Santé et députée des Landes, a signé l’un des moments les plus savoureux de la soirée. Récompensée à la fois par le Prix de l’autodérision et par le Prix des internautes, elle avait déclaré lors de la passation au ministère du Travail et de la Santé :
« Je vous avais dit il y a trois mois que je ne ferais pas de miracle et bien, vous voyez, j’ai tenu parole. »
Une lucidité applaudie par la salle, ravie de voir une responsable politique rire d’elle-même.
Un palmarès complet et un jury de fins connaisseurs
Si tous les lauréats n’étaient pas présents, le palmarès 2025 affichait une belle récolte de traits d’esprit :
Rachida Dati, ministre de la Culture, obtient le Prix de l’Arc de Triomphe, pour « N’avoir dans une écurie que des étalons, ça peut mal se terminer ! Pour un meilleur équilibre, c’est pas mal d’avoir des percherons également. Et il y a aussi les juments ».
Jordan Bardella, Président du Rassemblement National, gagne le Prix de la Révélation comique pour cette phrase : « Retailleau a expulsé plus de gens des LR que de migrants clandestins depuis qu’il est ministre de l’Intérieur »
Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche remporte le Prix de la Lucidité pour « Je ne crois pas qu’on attende d’un ministre qu’il soit spécialiste de ses sujets ».
Jean-Louis Bourlanges, ancien président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, obtient le Prix du Bon Camarade avec cette phrase : « On demande à Lecornu de gagner une partie de poker avec un deux de trèfle »
Plusieurs membres du jury se sont succédé au pupitre pour remettre les trophées : Olivier de Lagarde, Hubert Coudurier, Étienne Ouvrier, Patrice Romedenne, Henri Vernet, Brigitte Boucher… Autant de journalistes rompus à l’exercice de la petite phrase, capables de distinguer l’humour volontaire du dérapage involontaire – mais tout aussi savoureux.
Quand l’humour politique raconte l’époque
Au-delà des rires, ce cru 2025 rappelle que la politique française reste un formidable laboratoire de répliques, de lapsus et de formules qui en disent long sur notre époque. En distinguant chaque année ces saillies, le Prix Press Club, Humour et Politique offre un miroir décalé de la vie publique, où l’esprit critique se conjugue avec le plaisir du bon mot.
Et, pour une soirée, au Press Club, tout le monde semblait d’accord sur au moins un point : parfois, une bonne phrase vaut bien un long discours.
Texte et photos Caroline Paux
