Meilleurs livres d'Alphonse Boudard à lire absolument ! - CulturAdvisor

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Alors que nous fêtons le centenaire de sa naissance, le nom d’Alphonse Boudard (1925-2000) revient comme la promesse d’une littérature aussi rugueuse que vraie. Né dans la misère, élevé d’abord dans une ferme du Loiret avant d’être recueilli dans un Paris populaire, Boudard traversa la guerre au sein de la Résistance, connut les geôles, la tuberculose, la débrouille et la précarité. C’est dans ces marges de la société qu’il forgea sa voix — une langue familière, crue, argotique — loin des jargons littéraires, mais d’une vérité saisissante. À vingt-huit ans, sorti de prison, il jeta les bases d’un style inimitable : récit de voyous, de taulards, de petits escrocs, et surtout chronique d’un Paris sombre et vivant. Des années durant, il mêla son vécu brutal à une observation sans concession des bas-fonds, offrant des œuvres à la fois sociales et existentielles. Voici donc notre sélection, certes subjective et non exhaustive, des meilleurs livres d’Alphonse Boudard à lire absolument !

Les combattants du petit bonheur

Plongée vivante et sans fard dans le Paris populaire des années noires, Les Combattants du petit bonheur d’Alphonse Boudard reste un témoignage cru, drôle et bouleversant de la jeunesse d’un garçon du XIIIᵉ arrondissement — entre débrouille, marché noir, petites frappes et premières aspirations de liberté. Publié en 1977 et couronné par le Prix Renaudot la même année, ce roman autobiographique restitue, avec sa langue argotique inimitable, l’ambiance âpre et joyeuse d’une France en guerre.

À travers les figures de Phonphonse, Musique ou Neunoeil — adolescents plus soucieux de survie que d’héroïsme — Boudard raconte la débâcle de 1940, les trafics de l’ombre, les frissons de la Résistance et la Libération de Paris, non pas comme un récit glorieux, mais comme un kaléidoscope de vies cabossées et d’espérances fragiles.

Les Combattants du petit bonheur d’Alphonse Boudard aux Éditions La Table Ronde. (Meilleurs livres d’Alphonse Boudard à lire absolument !).

La métamorphose des cloportes

Paru en 1962, La métamorphose des cloportes marque l’entrée fracassante d’Alphonse Boudard dans le roman — un récit âpre, brutal, vivant. Décrit par son éditeur comme « chef-d’œuvre d’une des légendes de la littérature française d’après-guerre », ce livre plonge le lecteur dans les affres de la trahison et de la vengeance.

L’histoire débute quand Alphonse, libéré pour raison de santé après un séjour en prison, découvre que ses anciens complices l’ont abandonné et dilapidé ses biens. Le silence, pacte tacite de la rue, a été rompu — et avec lui, la confiance. Décidé à « récupérer ce qu’on lui doit », il part à la recherche de ces « cloportes », devenus entre-temps respectables et invisibles aux yeux de la société.

Écrit dans une langue vive, rythmée par l’argot, ce roman incarne toute la verve populaire de Boudard : cynisme, ironie mordante, authenticité crue. L’intrigue, nerveuse et implacable, déroule une chronique de la rue, du milieu, de la débrouille — un Paris souterrain, fait de loyauté bafouée et de rancœurs.

La métamorphose des cloportes d’Alphonse Boudard aux Éditions Folio Gallimard. (Meilleurs livres d’Alphonse Boudard à lire absolument !).

La cerise

Plongée âpre et sans concession dans les bas-fonds du Paris d’après-guerre, La Cerise d’Alphonse Boudard s’impose comme un des romans les plus percutants de son auteur — et l’un de ses plus personnels. Publié en 1963, ce « roman de taule » évoque sans fard la prison, la débrouille, le mal-de-vivre et la difficulté de réinsertion dans une société qui n’offre qu’indifférence.

Dans un argot nerveux et cru, Boudard fait entendre la voix de ceux qu’on efface trop vite — anciens détenus, paumés, marginaux — avec une empathie rare et une lucidité implacable. Ainsi, chaque page respire le pavé humide, l’angoisse de la « cerise » (la prison, dans le jargon) et la soif de revenir à la vie, malgré tout.

Mais La Cerise ne se réduit pas à un simple récit carcéral : c’est aussi un portrait social — sans fard — du Paris populaire des années 1950–60, celui des troquets, des combines, des ex-taulards, ou des « oubliés » de la République.

La Cerise d’Alphonse Boudard aux Éditions La Table Ronde. (Meilleurs livres d’Alphonse Boudard à lire absolument !).

Le café du pauvre

Publié en 1983 puis réédité dans la collection « Petite Vermillon », Le Café du pauvre d’Alphonse Boudard restitue, avec verve et ironie, le Paris de l’immédiat après-guerre — celui des tickets de rationnement, des petits boulots, des combines et des amours clandestines.

Le roman suit un jeune homme revenu des combats de 1944, modeste, sans un sou, qui vogue de débrouilles en rencontres — avec des femmes de toutes origines sociales, des prostituées aux militantes, des petites mains aux artistes en herbe — dans un décor de misère douce, d’argot, de bars enfumés, de chambres partagées.

Dans une langue crue, populaire, où l’argot s’allie au parler de la rue, Boudard dresse le portrait sans concession d’une jeunesse en quête de plaisir, de survie, d’amour — ou plutôt de désir — quand le vrai luxe, comme le café, se monnaye au marché noir.

Le Café du pauvre d’Alphonse Boudard aux Éditions La Table Ronde. (Meilleurs livres d’Alphonse Boudard à lire absolument !).

Madame… de Saint-Sulpice

Publié en 1996, Madame… de Saint-Sulpice brosse — avec la gouaille et la verve qui font la marque d’Alphonse Boudard — le récit d’un milieu parisien en marge, où se croise sexe, pouvoir et survie. À l’ombre de l’église de Saint‑Sulpice, « Madame » — sobriquet d’une tenancière de maison close — règne sur ce qui apparaît comme l’un des bordels les plus controversés et énigmatiques de la capitale.

Avec précision et ironie, Boudard donne voix à Madame Blandine, ancienne élève du « Couvent des Oiseaux », transformée en « abbesse » d’un univers hors-norme. Elle y accueille des femmes marquées par la vie : jeunes mariées, servantes, nonnes — et recrute des clients aux intérêts parfois troubles.

Mais le roman ne se limite pas à décrire l’univers secret des maisons closes : c’est aussi un portrait cru et lucide d’une époque — les années entre les deux guerres — et de la marginalité parisienne, entre hypocrisie sociale, absence d’avenir et survie quotidienne.

Madame de Saint Sulpice d’Alphonse Boudard aux Éditions Folio Gallimard. (Meilleurs livres d’Alphonse Boudard à lire absolument !).

Revenir à Liancourt

À contre-courant des récits édulcorés, Revenir à Liancourt d’Alphonse Boudard, paru en 1997, plonge le lecteur dans l’enfer carcéral vécu sans fard par l’auteur. Dans une langue coupante, truffée d’argot cru et direct, Boudard narre les humiliations, les peurs et les complicités de la “taule” — entre squats de cellules, co-détenus marqués par le crime, et l’âpreté de la survie quotidienne.

Le récit, bref et percutant (96 pages), n’épargne rien de la misère intérieure de ceux qu’on enferme — leur désespoir aussi bien que leurs ruses, leur solidarité autant que leur solitude.

Mais loin de se réduire à une simple confession, Revenir à Liancourt agit comme un miroir: celui d’une société qui jette l’âme de certains dans l’oubli. Grâce à la plume sans concession de Boudard, le lecteur est confronté à une humanité brute, fragile, presque honteuse — et pourtant irrésistible de vérité.

Revenir à Liancourt d’Alphonse Boudard aux Éditions du Rocher. (Meilleurs livres d’Alphonse Boudard à lire absolument !).

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Hakim Aoudia.

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