Danser avec le vent d'Emmanuel Lepage, ou la BD d'un séjour sur l'île de Kerguelen ! - CulturAdvisor

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En 2010, Emmanuel Lepage embarquait à bord du Marion Dufresne pour un magnifique voyage vers les Terres Australes. Douze ans plus tard, il remet ça, mais cette fois pour un plus long séjour sur place, sur l’île de Kerguelen. Danser avec le vent d’Emmanuel Lepage aux Éditions Futuropolis, ou la BD d’un séjour sur l’île de Kerguelen !

Revenir au même endroit une seconde fois

Emmanuel Lepage que l’on connait depuis son remarquable Un printemps à Tchernobyl, est une sorte de cousin-voyageur ou cousin-reporter d’Étienne Davodeau.

Chacun signe scénario et dessins de ses albums, et tous deux excellent dans l’art de tracer le portrait des ‘gens’ qui nourrissent leurs rencontres.

En 2011, Lepage publiait le carnet de bord d’un premier voyage dans les Terres Australes (un album que l’on vient de relire pour l’occasion) et il vient tout juste de sortir un nouvel album à l’occasion d’un second voyage effectué en 2022, tout là-bas au bout du bout du monde.

Après son premier voyage de 2010 (qui n’était qu’un « bref » aller/retour), l’auteur a longtemps hésité avant de reprendre la mer : « Que pouvais-je vraiment dire de plus ou de différent. Revenir au même endroit une seconde fois n’aurait pas la puissance et la magie de la découverte ».

Danser avec le vent d’Emmanuel Lepage aux Éditions Futuropolis, ou la BD d’un séjour sur l’île de Kerguelen !

Raconter les personnes que je rencontre

Heureusement pour nous, Lepage a fini par embarquer de nouveau sur le mythique Marion Dufresne, le bateau ravitailleur des TAAF, qui navigue désormais pour le compte de l’IFREMER.

Il accompagne une mission « Popéleph » concernant la population des éléphants de mer, avec une équipe chargée d’un reportage tv et compte rester peu de temps sur l’île : un mois seulement, et en été !

Sur le bateau, sur les îles, il retrouve des anciennes connaissances et rencontre de nouvelles personnes : de nombreux scientifiques de toutes sortes, des logisticiens, des ouvriers, des militaires, des marins, … Chacun avec son histoire, son chemin, sa quête.

C’est ce microcosme qui va nourrir son ouvrage et notre lecture : « J’ai envie de raconter les personnes que je rencontre, dans leur complexité ».

Des rencontres, des gens « qui donnent foi en l’humanité » : et en ces temps troublés, ce sont quelques images (et quelques mots) qui font du bien.

Une sorte de familiarité

Certes, la magie de la découverte n’est plus là, mais elle a été remplacée par une sorte de familiarité : nous ne sommes jamais allés là-bas, du moins pas « en vrai« , mais le premier album nous avait y avait emmenés déjà, laissé une forte empreinte sur nous et cette fois on y retourne, toujours avec plaisir, on s’y retrouve presque en terrain familier et du coup, moins étonnés, plus attentifs.

Le côté humain, pourtant déjà bien présent dans le premier épisode, prend ici toute son importance, toute sa valeur.

Aujourd’hui, l’homme essaye de réduire son empreinte sur ces réserves naturelles et les équipes luttent contre les espèces (végétales ou animales) introduites par le passé, qui sont nombreuses à avoir proliféré et mis en péril le fragile écosystème de l’archipel.

Danser avec le vent d’Emmanuel Lepage aux Éditions Futuropolis, ou la BD d’un séjour sur l’île de Kerguelen !

Je fais des livres pour être un peu moins con

Et que dire des dessins ?! Le premier album était superbe, mais celui-ci est encore plus beau et nous permet de « comparer » le trait du dessinateur qui a beaucoup mûri et ses aquarelles qui ont gagné en puissance évocatrice.

La mousse de l’écume de mer est rendue (à la brosse à dents !), avec un mélange de réalisme et de poésie.

Les verts des paysages, terres, landes, mousses, … Les bleus sombres de l’eau ou de la nuit, …

Il y a encore un peu plus de magie dans le crayon et le pinceau de Lepage, et voilà deux albums dans lesquels se plonger, se perdre, encore et encore.

Quand ses compagnons lui demandent pourquoi il fait des livres, des albums, Emmanuel Lepage ne sait trop quoi répondre. C’est compliqué. On le harcèle, lui repose cette question. « Je fais des livres pour être un peu moins con », finit-il par lâcher.

Voilà, on sait ce qui nous reste à faire ! Le lire !

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Par Bruno Ménétrier. Les bouquins de Bruno Ménétrier.

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Bruno Ménétrier