Théophile remet les lettres au goût du jour

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À seulement 29 ans, Théophile Martel fait le pari du geste juste et du temps long. Peintre en lettres, il redonne vie à un métier devenu rare, où chaque trait compte et où la main de l’artisan raconte une histoire. Entre passion, précision et sens du détail, il perpétue un savoir-faire rare, mêlant tradition et regard contemporain.

Prédestiné au métier

À l’heure où le numérique uniformise les façades et les enseignes, Théophile Martel vogue à contre-courant. Il apporte un souffle nouveau aux vitrines et aux murs, rappelant que l’art de la lettre peinte n’a rien perdu de sa force ni de son élégance. Fils d’enseignant, il grandit au milieu des brouillons et des cahiers d’écriture, développant très tôt une affection pour la calligraphie. Cet attrait pour l’écriture l’accompagne jusqu’au collège, où il s’initie au Street art.
Puis viennent les années lycée : bachelier littéraire, il prend la direction de Paris et intègre une école d’ébénisterie d’art, désireux d’explorer les métiers du meuble dans toute leur richesse.

Pendant dix ans passés en menuiserie, l’envie d’écrire et de peindre des lettres ne le quitte jamais. Elle reste là, en filigrane. Son arrivée à Bordeaux, puis son entrée en école de décors, marquent successivement un tournant : le moment semble enfin venu de s’investir pleinement dans l’univers de la calligraphie. Pour cela, pas de secret, le travail.
Sa méthode ? Se lever une heure plus tôt chaque matin, jour après jour, pour apprendre, pratiquer et se perfectionner. Mais il y a aussi forcément de l’inspiration : la chaîne Youtube de Tristan Gesret, peintre en lettres, plutôt célèbre sur la toile.

« Tous les matins de chaque jour, je m’entrainais en peignant un alphabet, pour me perfectionner »

Son premier travail en tant que peintre en lettres ? La signalétique et des décors peints de Ô Mon Fleuve, un festival familial, artistique et écocitoyen sur la Garonne. Puis vint diverses créations, des petits travaux mais aussi des projets plus conséquents comme la signature de la Maison de la Nature et de l’Environnement de Bordeaux.
Théophile peut être donc fier : il fait partie des 150 derniers peintres en lettres en France. Ils étaient pourtant plus de 5000 à la fin des années 80…

Bien acclimaté à Bergerac

C’est une amie d’enfance qui l’invite à découvrir la Dordogne et à poser ses valises à Bergerac. Pour se familiariser avec les lieux, Théophile arpente les rues pour trouver son inspiration. Il s’imprègne du patrimoine local, observe les façades, repère ces détails que l’on ne remarque plus. Anodins pour beaucoup diriez-vous, mais essentiels à son regard d’artisan.

« Bergerac donne l’impression d’être un grand village. Il y a du contact humain, de l’échange, un sentiment que tout le monde se connait »


C’est au Plus-que-Parfait, l’un des bars emblématiques du centre-ville, qu’il ose proposer ses services pour la première fois. Une simple mention « service au comptoir » lui permet de faire ses armes avant d’enchaîner les projets : les restaurants du Dr Robert et de Boogie, la pizzeria Marghe Ritals… Jusqu’à revenir au Plus-que-Parfait pour y peindre le nom du bar, plus grand, plus symbolique, plus patrimonial. Bref, plus Théophile.

Un travail minutieux, qui nécessite une certaine préparation

Pour chacune de ses œuvres, on ne parle pas simplement de talent. Ici, on parle minutie, rigueur, curiosité. Chaque peinture nécessite un temps de préparation, une certaine exigence et une visualisation mentale du projet. Une préparation peut aller jusqu’à 3 jours, une réalisation jusqu’à 7.

« Mes méthodes se veulent d’époque. On arpente les rues, on repère des détails, on va à la médiathèque chercher dans de vieux livres, on écoute les plus anciens… C’est un retour aux sources en termes de méthodologie de travail »

Tout part bien évidemment d’une commande. Théophile est avant tout là pour répondre à un besoin. Mais il n’est pas là simplement pour ça.
Il conseille, il argumente, il propose. Il est aussi ouvert à tous les styles, toutes formes d’écritures. Le travail des couleurs à aussi son importance, on ne part pas sur un panel illogique sans aucune concordance. Puis vient le temps de la réalisation où les aléas climatiques et la patience soumise à rude épreuve sont les principaux ennemis du peintre en lettre.

Un avenir qui s’écrit maintenant

Des projets, il n’en manque pas. Disposant désormais d’un atelier au sein de La Traverse, il envoie des commandes, se prépare à ses futurs travaux, comme le camion de la Traverse, qui sera son premier véhicule et espère pouvoir réaliser des projets plus grands. Il est au courant du festival de Street Art et a déjà repéré certaines inscriptions en hauteur, comme celles du Grand Moulin. Comme un aperçu d’un futur qui s’écrit en toutes lettres ?

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