Lancé dans le Vendée Globe 2024, Conrad Colman veut réitérer sa performance de 2016 : réaliser le tour du monde à la voile sans énergie fossile. Tous les 15 jours, le “crazy kiwi” donnera à Ecolosport de ses nouvelles et abordera les enjeux environnementaux de son projet. Suivez son aventure ici… et rien qu’ici !
Le projet écologique de Conrad Colman : les voiles recyclables
Après les panneaux solaires et l’alimentation végétatienne, Conrad Colman, 28ème sur 40 du Vendée Globe 2024, nous parle des voiles embarquées à bord de son bateau MS Amlin. Toutes sont recyclables, grâce à un partenariat avec OneSails. Découvrez son témoignage – très secoué par une tempête – en vidéo, en direct du Vendée Globe :
Près du Point Nemo, des icebergs à la dérive
Seul en mer depuis bientôt deux mois, comment un skipper passe t-il les fêtes de fin d’année, plutôt propices aux rassemblements festifs ? Pour le néo-zélandais Conrad Colman, le Noël 2024 fut particulier. “Je suis passé au Sud de la Nouvelle-Zélande le 25 décembre. C’était un petit peu dur de passer en dessous sans pouvoir s’arrêter. Noël en Nouvelle-Zélande, c’est vraiment chouette : il fait chaud, tout le monde le passe à la plage, c’est vraiment splendide” nous dit, avec forcément une pointe d’amertume, celui qui a sorti ses claquettes pour les fêtes.
S’il s’est retrouvé juste en dessous de son pays natal, c’est que le kiwi avait tenté une option différente des skippers qui le devançaient, tous partis au sud. “En quittant la longitude de Tasmanie, j’ai eu l’opportunité d’avancer un petit peu dans le nord, de profiter du vent qui était généré par la tempête dans le mer Tasman, entre l’Australie et le Nouvelle-Zélande. Du coup, j’ai eu un vent plus fort et plus fiable.” Mais aussi une route plus longue. Résultat : s’il n’a gagné aucune position, il s’est tout de même rapproché de ses adversaires. “Mes concurrents directs, avec des bateaux similaires, sont maintenant 100 milles (160 kilomètres) devant moi au lieu de 400 milles (640 kilomètres).”
Actuellement, Conrad Colman est au niveau du Point Nemo, le point de l’océan le plus éloigné de toute terre émergée. Pas le moment idéal, donc, pour démâter, être victime d’une avarie… ou croiser un iceberg. Et pourtant. “J’ai croisé un iceberg à la dérive, qui venait de l’Antarctique, c’est assez flippant” raconte le navigateur qui n’en avait croisé qu’un, jusqu’alors.
Le Vendée Globe a pourtant délimité une Zone Exclusion Antarctique, grâce aux images satellites, “une barrière officielle qui nous empêche de plonger dans le Sud et de nous mettre en danger. Mais une fois que les premiers bateaux sont passés, il faut l’équité et la barrière est figée.” S’il est avertit par l’organisation de la présence d’icebergs, leurs positions ne sont évidemment pas certaines.
“Ce sont des éléments un peu mobiles, ils arrivent poussés par le vent et par les vagues” détaille un Conrad Colman assez stressé par la vue de cet immense bloc de glace, combiné à la position du bateau particulièrement éloigné de toutes terres.“Si je tape l’iceberg lui-même, ou un petit morceau qui s’en est décroché, le carbone du bateau ne peut pas résister” précise t-il. “D’autant plus que le fond de cote de ce bateau n’est que de 5 millimètres d’épaisseur. Si je tape un objet, surtout avec la vitesse, c’est l’évacuation.”
Les mers du Sud seront bientôt de l’histoire ancienne pour le néo-zélandais, qui devrait arriver dans 2 ou 3 jours au fameux Cap Horn. “Ça, forcément, c’est un moment extrêmement excitant, c’est un moment de délivrance. On a le droit de quitter le Sud et de mettre le clignotant à gauche” dit-il avec l’enthousiasme d’un marin qui va donc ensuite remonter l’Atlantique, jusqu’aux Sables d’Olonne, en passant par l’équateur qu’il avait franchit dans l’autre sens voilà quelques semaines. “C’est franchement excitant. Même si le Sud est un endroit que j’adore, ça reste rude, assez engagé.”
D’ici le Chili, la route devrait être moins difficile pour Colman. “Pour l’instant, il n’y a pas trop de vent. C’est rare de pouvoir faire un routage vers le Cap Horn et de ne pas avoir plus de 30 nœuds affichés dans le fichier météo. C’est plutôt modeste même si, forcément, il y aura encore des détours sur la route.” La route sera par contre encore fraîche pour quelques jours : “En mode zéro émission de CO2, je n’ai pas de chauffage et je ne suis pas en train de faire tourner les moteurs diesel pour avoir de la chaleur…” On est bien loin des plages néo-zélandaises à Noël…
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