Portrait de Virginie Amieux, nouvelle présidente du CCFD-Terre Solidaire

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Élue lors de l’Assemblée générale de juin 2024, Virginie Amieux a pris ses fonctions le 5 septembre dernier en tant que présidente du CCFD-Terre Solidaire. Elle succède à Sylvie Bukhari-de Pontual dont le mandat est arrivé à son terme. Diplômée d’AgroParisTech et forte d’expériences à l’international et en France au sein d’associations et d’entreprises d’insertion, Virginie Amieux compte poursuivre au CCFD-Terre Solidaire l’engagement d’une vie. 

Elle entortille autour de son index le cordon de son carnet en cuir. Lentement, régulièrement. Comme pour rythmer son discours, mesurer ses propos. Chez Virginie Amieux, les mots et les actes ont un sens, et son engagement s’inscrit dans le temps. Élue lors de l’Assemblée générale de juin 2024, elle prend la suite de Sylvie Bukhari-de Pontual à la présidence du CCFD-Terre Solidaire, structure qu’elle connaît pour y avoir travaillé de 1996 à 2002. 

Le Burundi au tournant des années 90

Le fil rouge qui mènera Virginie Amieux à la présidence du CCFD-Terre Solidaire commence au Burundi, en 1993, dans un climat d’extrêmes tensions qui ont précédé le génocide. Dans le cadre de son diplôme à AgroParisTech, Virginie Amieux effectue des recherches sur le système agraire caféier. Son mémoire de fin d’études démontre que la culture du café, destinée à l’export, provoque de graves déséquilibres locaux : appauvrissement des sols et dépendance à l’importation vivrière. Diplômée avec une double spécialité en « politiques et pratiques comparées du développement » et « économie du développement » au CNEARC (Centre d’études agronomiques des régions chaudes), les bases de son parcours professionnel sont posées. 

Un première expérience au CCFD-Terre Solidaire

En 1996, elle intègre le CCFD-Terre Solidaire comme chargée de programme économie sociale et solidaire. 

Je travaillais notamment sur l’économie informelle et sa place dans l’équilibre économique des plus pauvres mais aussi sur les grands déséquilibres liés aux accords commerciaux internationaux. J’ai découvert les entreprises d’insertion en Amérique latine, en particulier au Mexique où l’un de nos partenaires fabriquait des chevilles en matériaux recyclés. C’était le début de l’ESS, et cette expérience m’a fait basculer ensuite sur ce type de projets en France. 

Un fil rouge : l’économie sociale et solidaire

C’est de ce lien entre économie et social que Virginie Amieux construira le reste de sa carrière. « Le travail est source de dignité », affirme celle qui, au début des années 2000, en quittant le CCFD-Terre Solidaire, s’est investie dans des entreprises d’insertion par le travail. Dans le maraîchage d’abord, la cuisine ensuite et dans le bâtiment, enfin. « Par le travail, je vois des personnes qui au quotidien reprennent une place dans le monde. » Aujourd’hui encore, Virginie Amieux exerce au sein de structures d’insertion par l’activité économique dans son bassin de vie. 

L’international, encore. « Car tout est lié, nos destins ici et là-bas. » En 2017, après vingt ans d’ESS en France, Virginie Amieux rejoint la DCC, membre de la collégialité du CCFD-Terre Solidaire, comme directrice du service « projets et programmes ». « À l’époque, nous envoyions 500 volontaires par an dans 50 pays notamment en VSI [volontariat de solidarité internationale]. Au-delà des liens avec les partenaires locaux et les questions de sécurité, notre rôle était de rappeler aux volontaires qu’ils ne sont pas des sauveurs, que l’enjeu est d’abord la rencontre et l’apprentissage réciproque, posture d’humilité bien loin d’une posture néocolonialiste. » 

Un engagement porté par sa foi

Toute une carrière construite dans le monde associatif. Un choix. Et un engagement poursuivi en parallèle dans son engagement au sein de l’Église. D’une famille catholique, « plutôt Vatican II », Virginie Amieux considère que « l’Évangile est [sa] boussole ». À 25 ans, en famille, elle et son époux décident de ne pas être seuls. Ils se rapprochent alors de la Mission de France, une Église profondément ancrée dans le monde et dans les territoires et qui incite à être attentifs ensemble aux plus fragiles. « Comment participe-t-on ensemble à construire un monde qui laisse une place à chacun et en particulier aux plus fragiles ? », interroge Virginie Amieux. Si cette question la fait avancer, la foi la porte. 

Un chrétien ne peut pas se poser contre la dignité humaine. Cette exigence doit interroger aussi bien nos actions quotidiennes que les équilibres internationaux. 

Ne pas baisser les bras, avec la conviction des liens ici et là-bas et la conscience du travail de fourmi effectué avec ses collègues au sein des entreprises d’insertion dans lesquelles elle est investie et au sein des équipes du CCFD-Terre Solidaire qu’elle rejoint au mois de septembre 2024. 

« Une association telle que le CCFD-Terre Solidaire doit risquer une parole de fraternité et d’ouverture, même si cela ne plaît pas à tout le monde. »

« La présidence du CCFD-Terre Solidaire est un appel, souligne Virginie Amieux. Je réponds donc à cet appel si l’association pense que je peux soutenir l’action. » Dans son cartable de rentrée déjà bien rempli, la prise en compte du contexte politique français et de son impact sur l’activité de l’association, la question du renouvellement du réseau des bénévoles et la place faite aux jeunes, et la réflexion sur les partenariats internationaux noués entre le CCFD-Terre Solidaire et les associations locales. 

Audrey Chabal

Voir aussi le communiqué de presse

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