Dès la mi-août 1944, les Allemands se préparent à évacuer Montgeron. Ils font sauter leurs installations, pillent les fermes et détruisent les dépôts d’essence. Le 21, ils quittent les cantonnements du château de Chalandray et du château Latour, le lycée actuel. En partant vers Brunoy ou dans la forêt, ils se heurtent aux résistants, efficacement dirigés par Eugène Beaurenault, dit le commandant Gilbert, qui poursuivent les combats jusqu’au 24. Le 26 août, à 10 heures du matin, les blindés américains surgissent dans la ville, venus de Draveil par la rue du Point du Jour, actuelle rue René Cassin. Réveillés par les bruits de ferraille, les imposants tanks venus d’outre-Atlantique, les tracteurs à chenilles ou les camions de transport de troupes et de munitions se suivant pendant près de deux heures, les Montgeronnais en liesse se voient offrir des fleurs, frappés par la gentillesse, mais aussi par la puissance de l’armée américaine.
Dans les jours qui suivent, l’ordre est assuré par un comité de Libération qui, dans un esprit d’apaisement, regroupe les divers courants politiques de la Résistance et se donne pour président Joseph Piette, le dernier maire mis en place par Vichy. Le 25 novembre 1944, le conseil municipal d’avant-guerre est réinstallé, complété par des membres du comité.
Initialement baptisée place du Commerce, la place de la Libération a pris son nom actuel le 25 octobre 1944, après une décision du comité de Libération. Certaines rues adjacentes ont également changé de nom dans la même période : l’avenue de la Gare est devenue l’avenue Victor Basch, président de la Ligue des droits de l’Homme assassiné par la milice lyonnaise en 1944. La partie basse de la rue des Cottages a été renommée rue Gilbert Dru, la rue du Commerce a pris le nom d’Yves de Montcheuil, deux résistants chrétiens exécutés en 1944. Enfin, l’ensemble formé par la rue du Parc et la rue des Mésanges a été rebaptisé rue Maurice Gardette, militant communiste fusillé en 1941. Toutes ces rues font partie du lotissement Montgeron-Cottages, dont le point nodal est la place de la Libération.
Conçu entre 1912 et 1929 par une société coopérative d’épargnants, ce quartier était inspiré d’un urbanisme à l’anglaise, pourvu de rues irrégulières épousant la pente du coteau. En 1927, le maire André Triou avait affirmé qu’il était « l’un des plus beaux lotissements de la commune ». Si la place de la Libération nous rappelle, par son nom, le moment d’unité nationale qui a suivi le second conflit mondial, son environnement urbain caractérise les lotissements pavillonnaires de l’entre-deux-guerres et l’idéal d’un accès à la propriété privée par la coopération.
Le 26 août 1944, les blindés américains défilent à Montgeron, signe de la libération de l’occupation allemande.
Des blindés américains circulant dans Montgeron le 26 août 1944.
La Place de la Libération lors de l’inauguration de la première plaque commémorative du 8 mai 1945.