20 % des emails professionnels sont envoyés en dehors des horaires standards, selon un rapport de l’OICN (Observatoire de l’infobésité et de la collaboration numérique), un chiffre qui grimpe à 28 % chez les cadres dirigeants. Plus marquant encore, 66 % d’entre eux travaillent plus de 50 soirs par an. Résultat : un « travail omniprésent » qui brouille les frontières entre vie professionnelle et vie personnelle, avec des conséquences directes sur le bien-être et la santé mentale.
Adopté en 2016 et entré en vigueur le 1ᵉʳ janvier 2017, le droit à la déconnexion vise à réguler l’utilisation des outils numériques pour assurer le respect des temps de repos et de la vie personnelle des salariés. Pourtant, une décennie plus tard, seuls 36 % des salariés déclarent bénéficier d’un dispositif de droit à la déconnexion dans leur entreprise. Cette absence de cadre laisse place à quatre dérives alimentées à tous les niveaux de l’organisation :
- Surcharge informationnelle à tous les niveaux
Le volume d’emails professionnels constitue une charge mentale importante.
Or, cette surcharge informationnelle est source d’irritation : 17 % des salariés et 20 % des dirigeants pointent la quantité excessive de messages comme principale source de frustration, suivie par la pression de répondre rapidement.
- Hyperconnexion normalisée par le télétravail
Le « congé numérique » semble être une rareté : près de 44 % des collaborateurs et 68 % des managers bénéficient de moins de deux semaines par an sans envoyer de courriels professionnels.
Ces habitudes se sont progressivement installées avec l’accélération du télétravail, créant ainsi une culture de la disponibilité permanente.
- Stress numérique et sur-réactivité
Le stress lié aux emails se manifeste de manière particulièrement marquée lors des retours de congés : 62 % des salariés et 75 % des dirigeants déclarent ressentir une anxiété en rouvrant leur messagerie après une pause.
L’OICN met également en lumière un effet secondaire du stress numérique : la sur-réactivité. À titre indicatif, 50 % des réponses des managers à leurs mails sont envoyées en moins d’une heure. Ceci traduit une volonté de répondre rapidement pour éviter une accumulation de messages, souvent perçue comme un signe de professionnalisme. Toutefois, cette réactivité compulsive finit par instaurer un environnement de pression latente, où « débrancher » devient une exception plutôt qu’une règle.