Les investissements dans l’aide internationale sont très utiles, qu’il s’agisse de protéger les personnes en situation de vulnérabilité ou de favoriser la croissance économique. Mais la pause de 90 jours imposée par les États-Unis à la quasi-totalité de l’aide internationale ainsi que les récentes coupes annoncées par la France ou le Royaume-Uni, et d’autres encore, nuisent à des millions de personnes dans le monde. Comme souvent lorsqu’une crise frappe, les femmes et les filles seront confrontées aux conséquences les plus graves.
Dr Stellah Bosire, Directrice exécutive et fondatrice de l’Africa Center for Health Systems and Gender Justice, explique comment les sociétés devront agir aux côtés des femmes et des filles pour protéger leurs droits.
L’intersection de la santé et de la justice en matière de genre
L’Africa Center for Health Systems and Gender Justice est une entreprise sociale dirigée par des femmes, pour des femmes, qui travaille sur le lien essentiel entre la santé et la justice en matière de genre.
Les femmes ne sont pas seulement des patientes : elles sont des professionnelles de la santé de première ligne, des militantes et des moteurs économiques au sein de leurs communautés. Mais lorsque les systèmes de santé sont sous-financés, la capacité des femmes à s’occuper de leur famille, à créer des entreprises et à favoriser le changement est gravement compromise.
Les coupes dans les programmes de santé ne réduisent pas seulement les soins, elles déstabilisent des communautés entières. Les organisations dirigées par des femmes qui luttent contre les violences sexuelles et sexistes, et pour l’émancipation économique et la santé publique risquent de fermer leurs portes. Avec la suspension de l’aide des Etats-Unis pendant 90 jours, ce risque est désormais une réalité.
Une réduction du financement pourrait être « fatale »
Peu après l’annonce du gel de 90 jours de l’aide internationale américaine, qui a entraîné une réduction du financement de ces organisations essentielles, le Dr Bosire a réalisé une enquête. Les organisations devaient expliquer comment elles avaient été touchées et quelles seraient les conséquences potentielles à long terme d’une interruption de l’aide internationale pour leurs communautés.
Elle a reçu des réponses de 275 organisations réparties dans 11 pays, tous situés en Afrique subsaharienne. Certains groupes ont indiqué qu’ils étaient dans l’incapacité totale de travailler, se retrouvant à devoir refuser des patients et licencier du personnel. D’autres ont indiqué que cette interruption entraverait des services d’une importance cruciale, notamment :
- Les ressources pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles
- La sensibilisation des populations à haut risque, notamment la communauté LGBT, les adolescentes et les jeunes filles
- La fourniture de traitements antirétroviraux et de tests de charge virale
- L’accessibilité des tests de dépistage du VIH et des mesures préventives, comme la PrEP
- La possibilité d’administrer le vaccin BCG pour prévenir la tuberculose
- Les groupes de soutien pour les adolescents et les jeunes vivant avec le VIH
- Les services de soins de santé maternelle
- Le soutien en matière de santé mentale
Les personnes interrogées ont également déclaré que le bilan du gel de l’aide était « massif », « énorme », « trop important pour être quantifié » et, ce qui est le plus préoccupant, « fatal ». Elles ont prédit qu’une interruption importante entraînerait de nombreuses pertes de vies humaines, un recul des progrès mondiaux en matière de santé, l’émergence de souches de maladies mortelles résistantes aux médicaments ainsi que d’importantes pertes financières et d’emplois.
« Nous assisterons à une aggravation continue des inégalités en matière de santé et à une régression de notre compréhension des maladies », déclare le Dr Bosire. « Nous assisterons à une augmentation du nombre de personnes non seulement infectées par le VIH, mais aussi atteintes du sida à un stade avancé – une situation que nous n’avons pas connue depuis des décennies ».
Les impacts sur les femmes et les communautés
Au-delà des risques sanitaires immédiats, la réduction de ces programmes met en péril l’autonomisation des femmes et les progrès vers l’égalité de genre, et donc le développement mondial dans son ensemble. Les programmes financés par l’aide internationale, comme ceux de l’USAID (Agence des États-Unis pour le développement international) et du PEPFAR (plan d’aide d’urgence à la lutte contre le sida à l’étranger), fournissent plus que des médicaments : ils offrent des opportunités économiques et soutiennent les petites entreprises dirigées par des femmes, permettant à celles-ci de devenir financièrement indépendantes, d’échapper à des situations dangereuses et bien d’autres choses encore.
« Lorsque nous avons une femme séropositive avec des enfants, nous nous demandons “comment améliorer sa vie ?”. Par l’indépendance économique », explique le Dr Bosire.
Les organisations comme celle du Dr Bosire, qui sont financées par des programmes d’aide internationale, aident les femmes en situation de vulnérabilité à atteindre l’indépendance économique. Et cette indépendance se traduit par un plus grand nombre de femmes et de filles scolarisées, poursuivant des carrières dans le domaine de la santé qui permettent ensuite de faire évoluer leurs communautés, et bien plus encore.
Sans ces investissements essentiels, ces initiatives et ces ressources ne seront pas disponibles, ce qui fera reculer les progrès durement acquis en matière de santé mondiale, de développement et d’égalité entre les femmes et les hommes.
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