Dette : Pourquoi vous devriez vous intéresser à la Conférence sur le financement du développement - CCFD-Terre Solidaire

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Du 30 juin au 3 juillet 2025, Séville accueillera la 4e Conférence internationale sur le Financement du Développement (FfD4) sous l’égide des Nations Unies. Le CCFD-Terre Solidaire sera présent pour peser dans les débats et demander des solutions crédibles à la crise de la dette qui asphyxie bon nombre de pays du Sud. Nous vous expliquons ici pourquoi cet événement pourrait (et doit) changer beaucoup de choses.  

Mais au fait c’est quoi la Conférence sur le financement du développement (ou FfD4) ? 

Cette rencontre entre gouvernements du monde entier, institutions financières internationales (Banque mondiale, FMI), secteur privé et société civile est un rendez-vous crucial pour la justice économique mondiale. Elle a pour objectif de repenser les règles du financement international pour qu’il contribue réellement à la justice sociale, économique et environnementale. 

Dix ans après le sommet d’Addis-Abeba (FfD3), qui avait abouti à l’Agenda d’action pour le financement du développement durable, les attentes sont grandes. Car depuis 2015, les crises mondiales se sont amplifiées mais pas la solidarité financière internationale. Les pays du Sud ont vu leur marge de manœuvre budgétaire se réduire, étranglés par des dettes toujours plus lourdes, souvent envers des créanciers privés intransigeants, et par une aide publique au développement (APD) en recul. 

Face aux injustices, réécrivons les règles du jeu ensemble ! Ces injustices vous indignent ? Rejoignez notre campagne « Injustices : Redistribuons les cartes ! » pour interpeller les décideurs et décideuses politiques sur les enjeux de justice économique et exiger l’annulation de la dette insoutenable des pays du Sud. Découvrir la campagne 

Une dette insoutenable qui étouffe les pays du Sud : l’enjeu central du FfD4 

La dette n’est pas qu’un problème comptable. Dans de nombreux pays, le poids des remboursements absorbe une part disproportionnée des ressources publiques, au détriment des besoins sociaux essentiels (santé, éducation, infrastructures, …).  

Ces exemples, bien loin d’être uniques, illustrent une crise systémique, aggravée par l’absence de mécanismes internationaux de régulation équitable de la dette. L’actuelle architecture financière mondiale ne permet pas d’assurer la soutenabilité réelle des dettes, ni de garantir le respect des droits humains ou de l’environnement dans les pays du Sud. 

Signez notre pétition pour exiger des solutions face à la crise de la dette des pays du Sud !

Un système biaisé au profit des créanciers privés 

Aujourd’hui, une part croissante de la dette des pays du Sud est détenue par des créanciers privés souvent basés dans les pays du Nord : fonds d’investissement, banques ou sociétés financières, qui ne se soumettent pas aux mêmes règles de transparence et de régulation que les institutions publiques. Ces acteurs, motivés par la rentabilité, refusent généralement de participer aux efforts de restructuration ou d’allégement de la dette ou les ralentissent. Les taux d’intérêt imposés peuvent ainsi atteindre 8 à 10 %, y compris sur des prêts dits climatiques. La Conférence FfD4 doit aborder de front cette question en posant les bases d’une réglementation internationale contraignante pour ces acteurs privés, qui ne peuvent plus continuer à échapper à toute responsabilité. 

Le contexte de cette rencontre : une aide publique au développement de plus en plus timide 

A cela s’ajoute la chute de l’APD, bien inférieure aux besoins réels de ces états, trop souvent conditionnée et dont les financements climats sont majoritairement fournis sous forme de prêts et non de dons, alimentant ainsi le cycle d’endettement des pays du Sud qui « retournent » de l’argent à leurs créanciers. 

Les positions françaises sur ce sujet sont sources de débat. D’un côté, la France, en tant que membre de l’UE et puissance économique du Nord, a pris des engagements en matière de financement pour aider les pays du Sud à faire face aux impacts du climat. Mais de l’autre côté, ces engagements ne sont pas toujours suivis d’actes concrets, et la France, comme d’autres pays du Nord, continue de réduire son APD.  

La diminution de l’APD révèle le double discours de la France, qui appelle à une augmentation des financements tout en diminuant sa propre aide. On retrouve un double discours similaire sur les enjeux de dette : la France appelle à une refonte de l’architecture financière internationale de la dette mais refuse catégoriquement les demandes des pays du Sud pour pouvoir aborder ce sujet à l’ONU et non plus seulement dans des espaces contrôlés par les pays riches, comme le Club de Paris, le G20 ou encore le FMI. 

Mathieu Paris, chargé de plaidoyer dette et APD au CCFD-Terre Solidaire

Qui devrait porter le fardeau des responsabilités ?  

Selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement, près de 80% des émissions de CO2 entre 1850 et 2021 sont attribuées aux pays du Nord. Or les catastrophes climatiques, telles que les sécheresses, les inondations et les tempêtes, affectent en priorité les populations les plus vulnérables, qui sont déjà les moins responsables de la crise climatique. Pourtant, ces pertes sont rarement compensées par les fonds des pays du Nord et la dette des pays du Sud pèse sur la capacité de ces derniers à faire face aux crises environnementales. 

A l’échelle mondiale, on constate d’ailleurs une absence quasi totale de financement pour les pertes et dommages climatiques promis aux pays vulnérables, voués à empruntés pour se reconstruire après chaque crise climatique. 

☞ Lire aussi : Vers un effacement de la dette des pays du Sud ?

Les recommandations du CCFD-Terre Solidaire pour la 4e Conférence sur le financement du développement 

Le FfD4, qui s’ouvrira par une réunion de la société civile mondiale, représente une occasion cruciale pour porter des voix souvent marginalisées dans les négociations internationales. 

Mobilisé sur place, le CCFD-Terre Solidaire défend des mesures concrètes

  • Annuler inconditionnellement les dettes insoutenables afin de rétablir la viabilité de la dette pour permettre aux gouvernements de garantir les droits humains, de lutter contre le changement climatique, la crise de la biodiversité et d’assurer l’égalité entre les hommes et les femmes, pour tous les pays qui en font la demande.  
  • Créer une convention cadre internationale sur la dette souveraine qui aborde les transformations et réformes nécessaires dans l’architecture de la dette mondiale pour la prévention et la résolution des crises de la dette pour mettre en place un mécanisme multilatéral équitable, global et transparent, sous l’égide des Nations Unies 
  • Augmenter la part de dons de l’APD et des financements climats, notamment pour les pays les plus vulnérables, afin de ne pas aggraver leur dette en cas de catastrophes. 
  • Intégrer des indicateurs sociaux et environnementaux (dépenses en santé, éducation, résilience climatique) dans l’évaluation de la soutenabilité de la dette. 
  • Financer les pertes et dommages climatiques, à la hauteur des engagements pris lors de la COP27, en créant de nouveaux fonds accessibles et suffisants. 
  • Assurer une réelle représentation des pays du Sud et de la société civile dans la gouvernance du financement international. 

Sortir les pays du Sud du piège de l’endettement infini, mais aussi investir dans un avenir commun, plus juste, plus durable, plus solidaire… Tels sont les enjeux de la 4e Conférence sur le financement du développement des Nations-Unies. Du 30 juin au 3 juillet, soyons nombreux à tourner nos regards vers Séville où se jouera le futur de la justice économique.  

Photo de couverture : Gwenn Dubourthoumieu

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Adele Amrar