La délégation de la FIDH empêchée d’entrer au Kirghizistan : les autorités doivent s’expliquer

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Dans la nuit du 11 au 12 décembre 2025 la délégation de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) a été refoulée à l’aéroport international Manas de Bishkek, sans explication adéquate. Celle-ci devait participer au festival de films documentaires Bir Duino, qui s’est tenu du 12 au 16 décembre 2025. Cet incident illustre de fait le décrochage démocratique d’un pays qui se ferme brutalement.

Paris, le 15 décembre 2025. Au cœur de la nuit, de manière expéditive, sans leur laisser le temps d’obtenir une aide juridique ou consulaire, les membres de la délégation de la FIDH ont été interdits d’entrer sur le territoire kirghize, sans qu’aucune raison ne leur soit signifiée. Cette façon de faire illustre le glissement autoritaire du régime kirghize, dans la lignée des pressions qui s’exercent sur la société civile, les médias indépendants et la coopération internationale.

La délégation était composée d’Ilya Nuzov, directeur du bureau Europe de l’Est-Asie centrale, de Raphaël Lopoukhine, responsable des relations presse et de l’éditorial, ainsi que d’une autre collègue, dont l’anonymat est protégé pour des raisons de sécurité. La délégation devait participer à la fois au jury du festival et à des rencontres avec la société civile, les journalistes indépendants et plusieurs diplomaties présentes sur le sol kirghize.

« Nous sommes extrêmement déçu·es par la décision des autorités kirghizes de nous refuser l’entrée sur le territoire et d’imposer une interdiction de voyage de cinq ans pour mes futurs déplacements au Kirghizistan », déclare Ilya Nuzov, directeur du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de la FIDH. « Cette décision étant totalement dépourvue de fondement juridique, je soupçonne qu’elle résulte de la désignation de la FIDH comme “organisation indésirable” en Russie et des pressions exercées par ce pays pour restreindre notre coopération avec nos membres et partenaires au Kirghizistan, notamment Bir Duino. Le fait que les autorités kirghizes semblent céder à ces pressions constitue un très mauvais signal pour le mouvement des droits humains au niveau national. »

Après avoir subi plusieurs interrogatoires, les membres de la FIDH ont été reconduits à leurs avions en direction du dernier pays d’où ils venaient, à savoir la Turquie.

« Au-delà de son aspect très déplaisant, cet incident est inquiétant à plusieurs titres, mais surtout et en particulier pour les défenseurs des droits au Kirghizistan. Outre notre participation au festival Bir Duino, notre venue dans ce pays était une manière de montrer notre solidarité pour des défenseurs des droits et des journalistes qui font un travail remarquable dans un contexte de plus en plus difficile, »
déclare Raphaël Lopoukhine, responsable des relations presse et de l’éditorial. « Franchement, c’est un crève-cœur de voir ce pays s’enfoncer. De quoi les autorités kirghizes ont-elles peur ? Nous empêcher de nous rendre au Kirghizistan ne fait que décupler notre motivation. »

La FIDH compte obtenir des explications claires et détaillées des autorités kirghizes quant à cet acte infondé et illégal.

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Raphaël Lopoukhine