Les migrations internationales, parfois désignées par le terme de flux migratoires, représentent des mouvements complexes de personnes cherchant refuge ou de meilleures conditions de vie. Ce phénomène mondial touche des millions d’individus et soulève des enjeux cruciaux sur les droits humains, les politiques migratoires et la solidarité internationale.
Chaque année, des milliers de personnes migrantes risquent leur vie en quête de sécurité et de meilleures conditions de vie, faisant face à des défis immenses. 63 000 ont perdu la vie ou sont portées disparues sur les routes de l’exil depuis 2014. De plus, 48 % des migrants dans le monde sont des femmes, mettant en lumière la diversité des parcours migratoires. Convaincu que les migrations sont une richesse et un fait structurant de l’histoire de l’humanité, le CCFD – Terre solidaire milite pour la mise en place de politiques respectueuses des droits des personnes migrantes, de leur accueil et leur liberté de circulation.
À savoir : Sur le plan sémantique, si l’expression “flux migratoire” est largement utilisée dans certains domaines, au CCFD-Terre Solidaire nous lui préférons généralement des expressions plus proches de la réalité comme “migrations internationales” ou “déplacements de personnes”. En effet, la notion de “flux” peut apparaître déshumanisante, apparentant les personnes exilées à une masse homogène, alors qu’au contraire, comme nous le décrivons plus bas, les raisons de quitter son pays sont multiples et chaque histoire est unique.
Qu’est-ce qu’un flux migratoire ?
Pour mieux comprendre ce que signifie le terme flux migratoire, il est essentiel d’en définir les concepts clés. Selon l’Organisation des Nations Unies, les flux migratoires désignent le mouvement de personnes qui traversent les frontières nationales, que ce soit pour s’installer dans un nouveau pays ou pour retourner dans leur pays d’origine (émigrants). En 2022, le nombre de migrants internationaux dans le monde était estimé à 280 millions, soit environ 3,6 % de la population mondiale. Le nombre de personnes déplacées par contrainte a atteint le chiffre record de 117 millions fin 2022, selon l’Organisation Internationale pour les Migrations, la majorité de ces personnes étant déplacées au sein même de leur pays, ou dans les pays voisins. Ce chiffre souligne l’importance des flux migratoires en tant que réalité incontournable. Toutefois, il est important de noter que la grande majorité des personnes, environ 29 sur 30, continuent de vivre dans leur pays d’origine.
D’où proviennent les flux migratoires ?
Les flux migratoires dans le monde proviennent de diverses régions, chacune présentant ses propres spécificités. Voici un aperçu des principales régions et des flux migratoires associés :
- Afrique : Les flux migratoires en Afrique sont souvent influencés par des facteurs tels que les conflits, la pauvreté et le changement climatique. En 2020, environ 40 millions d’Africains vivaient en dehors de leur pays d’origine, dont environ la moitié vivaient dans un autre pays du continent africain. Des pays comme la République Démocratique du Congo et le Soudan sont des points chauds pour ces mouvements migratoires.
- Amérique Latine : Le flux migratoire en Amérique Latine est particulièrement marqué par la crise au Venezuela. Environ 6 millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays en quête de sécurité et de meilleures conditions de vie, principalement vers la Colombie et le Brésil.
- Europe : Les flux migratoires en Europe sont divers. D’après Eurostat, en 2022, environ 7 millions de personnes ont immigré dans l’un des 27 Etats membres. Parmi eux, se trouvaient un peu moins de 4 millions de ressortissants ukrainiens, et près de 900 000 demandeurs d’asile. La même année, ce sont 2,5 millions de personnes établies en Europe qui ont quitté leur pays pour un autre Etat de l’UE ou pour un Etat tiers.
- Asie : L’Asie est également un foyer de flux migratoires, avec des millions de travailleurs cherchant des opportunités dans des pays comme le Japon ou les Émirats Arabes Unis. Environ 80 millions de personnes d’origine asiatique vivent en dehors de leur pays d’origine.
Quels sont les 3 types de migration ?
Il existe plusieurs types de migration, qui peuvent être classés comme suit :
- Migration volontaire : Ce type de migration se produit lorsque les individus choisissent de quitter leur pays d’origine pour des raisons économiques ou personnelles. Par exemple, des travailleurs migrent à la recherche de meilleures opportunités de vie.
- Migration forcée : Les personnes fuyant des conflits, des violences ou des persécutions entrent dans cette catégorie. La migration forcée représente une part importante des flux migratoires contemporains, mettant en lumière la nécessité de protéger les droits des personnes touchées. Une nette majorité de ces personnes (près de 60%) ont été déplacées à l’intérieur même de leur pays.
- Migration saisonnière : Ce phénomène concerne les travailleurs qui migrent temporairement pour des saisons agricoles, puis retournent chez eux. Cela peut avoir un impact significatif sur l’économie des pays d’origine.
Quelles sont les causes de la migration ?
Les causes de la migration sont diverses et complexes. Parmi les principales raisons, on trouve :
- Causes économiques : La recherche d’un emploi, de meilleures conditions de vie ou la volonté de fuir la pauvreté incitent de nombreuses personnes à migrer. Selon la Banque mondiale, plus de 1,4 milliard de personnes vivent avec moins de 1,90$ par jour, ce qui les pousse à envisager la migration comme une solution.
- Conflits et violence : La guerre et la violence persistante, comme en Syrie et au Yémen, ont forcé des millions de personnes à fuir leurs foyers. Selon l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés, en 2022, 108 millions de personnes ont été déplacées de force dans le monde en raison de conflits et de persécutions.
- Causes environnementales : Les catastrophes naturelles, telles que les sécheresses et les ouragans, exacerbées par le changement climatique, représentent une autre cause majeure des flux migratoires. En 2020, plus de 30 millions de personnes ont été déplacées par des catastrophes liées au climat. Le statut de réfugié climatique n’étant pas reconnu par les instances internationales, ces personnes sont particulièrement vulnérables.
Le CCFD – Terre Solidaire défend fermement l’idée que ces flux migratoires doivent être abordés avec humanité et compréhension, reconnaissant les défis auxquels sont confrontées les personnes migrantes et la richesse qu’apportent les migrations.
Les flux migratoires en Europe et leurs implications
Les flux migratoires en Europe sont souvent au centre des débats publics. En 2015, l’Europe a connu un pic avec un million d’arrivées irrégulières, chiffre en déclin depuis. En 2022, environ 160 000 personnes sont entrées irrégulièrement sur le territoire européen. Cependant, il est crucial de souligner que ces chiffres ne reflètent qu’une partie des migrations internationales. En effet, la majorité des migrations se font dans la légalité, avec des visas délivrés par les États.
Qu’en est-il des flux migratoires en France ?
En France, les flux migratoires ont connu des variations au fil des décennies. En 2020, le pays accueillait environ 8,1 millions de migrants, représentant 12,4 % de sa population totale. Cependant, le nombre de primo-entrants a diminué depuis les années 1970. En 2019, le flux migratoire en France était de 0,4 % de la population totale, ce qui est inférieur à la moyenne de l’Union Européenne (0,8 %). En 2023, on estime que 47,7 % des immigrés vivant en France sont nés en Afrique, tandis que 32,3 % proviennent d’Europe. Les pays d’origine les plus fréquents incluent l’Algérie (12,2 %), le Maroc (11,7 %), le Portugal (7,9 %), et la Tunisie (4,8 %).
Les flux migratoires sont un phénomène humain et social aux implications profondes. En comprenant les différents types de migration, les causes variées et plurifactorielles de la migration et en valorisant les contributions des personnes migrantes, nous pouvons construire une société plus juste et inclusive. Le CCFD – Terre Solidaire s’engage à défendre les droits des migrants, à promouvoir des politiques favorables à la liberté de circulation et à lutter contre les discours xénophobes.
Face à la montée des murs et des contrôles, il est crucial de rappeler que les migrations internationales sont une richesse pour nos sociétés et qu’elles contribuent à bâtir un avenir commun. En agissant collectivement, nous pouvons changer les perceptions négatives entourant les migrations et valoriser la diversité culturelle et humaine qu’elles apportent. Joignez-vous à nous pour soutenir les droits des personnes migrantes et défendre un avenir solidaire.
Texte : Daphnée Breytenbach / Photo de couverture : Roberta Valerio