REBÂTIR DES COMMUNS EN SITUATION POST-CONFLIT
BELFAST #03
SUMMER WORKSHOP DU 22 AU 27 AOÛT 2024
APPEL À CANDIDATURES
Cette 3e édition du workshop «Rebâtir des communs en situation post-conflit» s’inscrit dans le cadre de l’appel à projets 2024 du ministère de la culture pour le soutien des actions internationales.
Elle vise à renforcer la coopération pédagogique entre l’ENSAP Bordeaux et de la Belfast School of Architecture and the Built Environment (Ulster University), à travers des expériences d’enseignements hors les murs qui privilégient l’acquisition de connaissances, à partir d’une immersion dans des situations concrètes en prise directe avec les réalités matérielles et les ressources culturelles du milieu.
COORDINATION PÉDAGOGIQUE
• Hocine Aliouane-Shaw
Maître de conférences ENSAP Bordeaux / Docteur en aménagement et urbanisme
En collaboration avec
• Ciaran Mackel
Architecte praticien (ARdMackel) / Senior Lecturer in Architecture Belfast School of Architecture and the Built Environment (Ulster University)
Sujet
Au cours des XXe et XXIe siècles, différentes populations ont vu leurs quartiers et leurs villes se transformer en théâtres de conflits civils, trouvant leur source dans des tensions d’ordre ethnique, religieux, communautaire, social, économique, idéologique ou encore territorial.
Transformant durablement les villes en champs de batailles et alternant périodes de conflit et de paix, ces « guerres urbaines » ont conduit les parties belligérantes à se protéger les unes des autres en reconfigurant leurs espaces de vie, de la petite échelle de la construction à celle plus étendue de la ville.
Dans certaines cas, cette situation a engendré la genèse «d’urbanités de l’enfermement» traduisant dans la morphologie urbaine, différentes formes de ségrégation spatiale entre les populations (sur des bases ethniques, religieuses, raciales, …) et consacrant par des dispositifs spatiaux dédiés, le repli communautaire et le maintien des tensions, bien après la fin des conflits armés.
Ce phénomène est particulièrement perceptible à Belfast en Irlande du Nord, où pendant près d’un siècle, la ville a été la scène d’un conflit armé opposant une partie de sa population favorable au maintien au sein du Royaume-Uni, à celle souhaitant son rattachement à la république d’Irlande (Éire). Si la dimension armée du conflit s’est éloignée en 1998 avec la signature de l’Accord du Vendredi Saint (Good Friday Agreement), l’espace de la ville conserve les traces matérielles et immatérielles de plusieurs décennies de conflit intercommunautaire.
A l’heure actuelle, une multitude d’artefacts à vocation défensive (murs de séparation, miradors, portails, zones d’interface, …) et mémorielle (peace gardens, murals, …) ponctuent un ensemble de quartiers contigus au centre-ville, caractérisés par l’affiliation de leurs habitants à l’un des deux camps loyaliste ou unioniste. Rattrapés par la régénération urbaine qui touche le centre-ville de Belfast, ces lieux de repli identitaire sont aujourd’hui confrontés à la nécessité d’interroger leur évolution future et plus particulièrement leur « perméabilité » spatiale et culturelle avec les quartiers limitrophes et au-delà, avec la ville de Belfast.
S’inscrivant dans cette situation post-conflit1, les travaux du workshop porteront sur « Markets Quarter», un quartier ouvrier catholique historique, situé au sud de coeur de Belfast, dans un secteur en mutation profonde du fait du renouvellement urbain des territoires limitrophes.
A partir d’une prise sur le réel et d’un dialogue ouvert avec les différentes parties prenantes du quartier (notamment des groupes d’habitants), le workshop s’emploiera à expliciter les facteurs faisant de ce quartier une « urbanité de l’enfermement » tout en explorant ses perspectives d’évolution, notamment par l’activation/réactivation de « communs urbains » caractérisés par trois dimensions essentielles :
– la persistance dans le quartier de ressources ou de biens communs tels que des espaces bâtis ou non bâtis;
– la possibilité d’une gestion de ces biens par un groupe ouvert d’habitants selon une gouvernance horizontale et inclusive ;
– le fonctionnement de ces biens communs selon des règles transparentes, établies en toute autonomie par les habitants,
avec des règles d’accès et d’utilisation permettant de les partager et de les préserver, tout en évitant leur accaparement ou
leur surexploitation.
Organisés en un unique groupe de travail, les étudiants de l’ENSAP Bordeaux s’immergeront dans le quotidien du quartier.
De manière progressive et concertée avec des acteurs locaux, ils imagineront et le cas échéant animeront, des dispositifs spatiaux permettant de préfigurer une évolution future du quartier favorisant l’inclusion des habitants dans le projet, dans un esprit de porosité avec la ville et de respect de l’identité et de la culture des habitants.
Objectifs pédagogiques
TEMP 1 – S’IMMERGER ET S’ACCORDER AVEC LE MILIEU
• Développer une connaissance fine et singulière du milieu, par la mise en oeuvre d’outils d’exploration territoriale
tels que la marche collective ou la dérive urbaine et à travers des interactions libres et/ou structurées avec
des acteurs et des témoins locaux.
TEMP 2 – IDENTIFIER ET REPRÉSENTER LES DYNAMIQUES EN PRÉSENCE
• Restituer une perception sensible et singulière du milieu, notamment par la cartographie sensorielle et le dessin ;
• Expliciter les artefacts et dispositifs spatiaux observés par le recourt à la figure et au schéma conceptuel ;
• Traduire les représentations « habitantes » du milieu, par la cartographie collaborative.
1 Récemment mise à mal par le protocole sur l’Irlande du Nord mis en place pour éviter la réintroduction d’une frontière physique sur l’île
d’Irlande après le 31 janvier 2020, date à laquelle le Royaume-Uni est officiellement sorti de l’UE
TEMP 3 – PROPOSER DES DISPOSITIFS D’ACTION
• Identifier en lien avec les partenaires (acteurs et habitants-usagers), des situation spatiales porteuses de forts
enjeux en termes d’aménagement inclusif du cadre de vie local ;
• Élaborer et mettre en oeuvre des protocoles d’action qui interrogent et le cas échéant préfigurent l’évolution du
milieu : conception de dispositifs spatiaux et/ou aménagements, actions performatives, supports audiovisuels de
mise en récit.
Modalités pratiques
• Lieu : Belfast (Markets Quarter + Architecture Department of Ulster University).
• Durée : périodes du 22/08/2024 au 27/08/2024 (vols directs Bordeaux-Belfast les 21 et 28/08).
• Conditions de participation : afin de favoriser une dynamique de co-apprentissage entre étudiants, le workshop est ouvert aux étudiants de niveaux Master 1-2 (prioritairement), de Licence 3 et de post-master. Pour les étudiants de niveaux licence et master, le workshop fera l’objet d’une évaluation pouvant donner lieu à̀ la validation de 2 ECTS.
Les étudiants retenus s’engagent à prendre activement part à une phase amont de préparation du workshop et à une phase aval de mise en forme et valorisation et de publication des résultats, à l’issue de workshop.
Une attention particulière sera portée aux candidatures d’étudiants qui n’ont pas effectué de mobilité d’études.
• Frais : un soutien financier forfaitaire d’un montant de 400 € sera versé à chaque par étudiant par l’ENSAP. 80% de la somme sera versée au plus tard 30 jours avant le workshop, pour couvrir une large part des frais de voyage, d’hébergement et de restauration sur place.
Le solde sera versé après le workshop.
• Acte de candidature : une lettre de motivation mettant en exergue l’intérêt pour les thématiques spécifiques du workshop + portfolio synthétique et ciblé de travaux (une attention particulière sera accordée à des travaux mettant en évidence un attrait pour la mise en récit fictionnel du projet spatial par l’expression écrite, graphique et/ou animée ainsi que la cartographie créative).
Ces élément devront être transmis à :
Hocine Aliouane-Shaw (hocine.aliouane@bordeaux.archi.fr)
avec copie à Marie-Élisabeth Dubourthoumieu (m-e.dubourthoumieu@bordeaux.archi.fr)
et Lisa Casamajou (lisa.casamajou@bordeaux.archi.fr)
Le dernier délai de réception des dossiers de candidature est fixé au 21 juin 2024, sachant que les candidatures seront
traitées par ordre d’arrivée.
IMPORTANT
Veuillez noter que le Royaume-Uni ne faisant plus partie de l’Union Européenne, un passeport avec plus de 6 mois de
validité au moment du voyage est nécessaire.
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