Prinquiau, commune engagée en faveur d’un éclairage public sobre - Parc naturel régional de Brière - Une autre vie s'invente ici

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Réduction de l’éclairage public, des plages horaires et de l’intensité, pas d’illuminations dans les rues à Noël… : Hélène Couteller, adjointe du maire de Prinquiau à l’environnement, revient pour nous sur cette démarche audacieuse. Coup de projecteur.

Depuis quand la commune de Prinquiau (environ 3 500 habitants) est-elle engagée dans une démarche de sobriété en matière d’éclairage public ?

Nous avons initié cette démarche en 2022, au moment de la crise énergétique et de la guerre en Ukraine. Il fallait agir. En 2023, nous avons donc commencé à réadapter l’éclairage public (notamment de nuit), à réduire les plages horaires dans certaines zones et à programmer la rénovation de notre parc. Le Comité environnement de la commune, qui rassemble une vingtaine de personnes (élus et citoyens), a défini différents modes d’éclairage selon les secteurs géographiques, les usages et les horaires, tout en privilégiant la sécurité des enfants aux arrêts de bus et l’activité en cœur de bourg le week-end. Nous avons voulu nous donner des règles. Par exemple, dans les hameaux et écarts*, nous avons éteint l’éclairage plut tôt, à 21h30, réduisant ainsi notre consommation moyenne pour un seul hameau de 2,8 Mwh en 2022 à 2,4 Mwh en 2023. 

* Un écart est un lieu de peuplement isolé : une maison ou une ferme n’ayant pas de voisins.

En mars 2023, vous avez accueilli des chercheurs du CNRS pour un atelier sur la pollution lumineuse nocturne. Qu’est-ce que cela a changé ?

Oui, nous avions répondu à une proposition du Parc naturel régional de Brière, dans le cadre de son projet de trame noire. L’équipe de chercheurs de l’Observatoire de l’environnement nocturne du CNRS a établi un diagnostic sensible de la nuit de notre commune et animé un atelier à ce sujet avec le Comité environnement, le Comité des sages et des habitants. Une marche nocturne a aussi été organisée le soir-même pour nous sensibiliser à l’impact de la lumière sur la biodiversité. Nous avons alors pris conscience qu’au-delà des économies d’énergie, nous devions absolument intégrer aussi ce critère de préservation de la biodiversité à notre démarche. Le timing était parfait !

Quelles actions avez-vous menées ensuite ?

Nous avons donc décidé de réduire aussi l’intensité de l’éclairage, de 3 000 Kelvin à 2 200, voire 1 800 Kelvin. Cela se fait progressivement depuis, nous ne pouvons pas tout changer d’un coup ! Les citoyens semblent ne pas s’être aperçus de cette modulation d’éclairage, ce qui est positif à nos yeux.

Quel regard portez-vous sur le projet de trame noire mené par le Parc naturel régional de Brière en lien avec Territoire Énergie 44 ?

D’abord, cela contribue à faire de la trame noire et de la pollution lumineuse nocturne des sujets à part entière. Ensuite, cette démarche crée un élan et une dynamique positive sur le territoire. C’est précieux de pouvoir en discuter avec d’autres communes, de ne pas se sentir seuls. Enfin, nous bénéficions de leur appui technique. Ainsi, nous allons superposer leurs propositions de prescriptions techniques d’éclairage selon les zones à enjeux de la commune à ce que nous avons déjà établi de notre côté et irons au plus ambitieux.

À Noël, vous n’avez pas illuminé vos rues. Comment cela est-il perçu par vos administrés ?

En effet, en 2022, sur une initiative de l’élu en charge de l’événementiel et pour des raisons à la fois environnementales et économiques, nous avons fait le choix de ne plus illuminer les rues pour les fêtes de fin d’année. À la place, nous testons des panneaux réfléchissants et installons des décorations en bois ou en matériaux recyclés. Ces décorations de Noël sont créées par les enfants et les jeunes de la commune lors d’ateliers dédiés. Nous avons reçu pas mal de critiques de la part des habitants mais, en revanche, un retour très positif de la part des enfants et des jeunes ! C’est vrai que ce n’est pas commun et assez nouveau, comme concept. Cette expérimentation dure trois ans, nous ferons le bilan l’année prochaine.

Quels sont vos prochains projets en matière d’éclairage public ?

Les chercheurs du CNRS nous ont proposé d’installer un capteur sur la mairie pour mesurer la pollution lumineuse pendant trois ans. Il sera mis en place au printemps. Par ailleurs, nous allons entamer une réflexion sur l’éclairage l’été : est-il vraiment utile ? Certaines communes éteignent tout, de mi-juin à mi-septembre… Enfin, nous avons candidaté au label « Villes et villages étoilés », concours soutenu par l’Office français de la biodiversité (OFB) et organisé par l’Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturnes (ANPCEN), qui récompense des communes engagées en faveur d’une meilleure qualité de l’environnement nocturne. Nous croisons les doigts !

Recapiti
e.peron