Les 8 et 9 février derniers, le CCFD-Terre Solidaire Bourgogne Franche-Comté a organisé à Besançon un forum régional intitulé « Extractivisme et droits humains ». Plus de 60 personnes étaient présentes le samedi pour découvrir ce modèle économique basé sur l’exploitation intensive des ressources naturelles, ainsi que la campagne portée par le CCFD-Terre Solidaire « Abus des multinationales : On devrait tous pouvoir dire non » avec les outils qui l’accompagnent. Et 30 personnes ont réfléchi le dimanche à la mise en place concrète d’actions dans la région.
Parmi ces personnes, Amparo, qui avait traversé la France pour venir. Nous lui avons posé quelques questions pour avoir son ressenti sur l’évènement.
Mathieu (CCFD-Terre Solidaire BFC) : Bonjour Amparo, peux-tu nous dire comment tu es arrivée jusqu’à Besançon pour ce week-end de forum, alors que tu vis à Perpignan.
Amparo : Bonjour. En fait depuis quelques semaines, je me renseignais sur le CCFD-Terre Solidaire, une association qui semble correspondre à mes valeurs et mes envies d’engagement. J’ai alors contacté l’association dans la région où je vis. J’ai aussi vu qu’un Forum était organisé en Bourgogne Franche-Comté sur les multinationales, dans le cadre d’une campagne qui démarre, sur l’extractivisme. Bon, ce n’est pas tout près, mais ça doit valoir le coup, je me lance.
M : Et qu’y as-tu trouvé ? Qu’est-ce qui t’a marqué ? Qu’as-tu appris ?
A : Je me suis approprié du nouveau vocabulaire et de nouveaux concepts « techniques » sur le sujet – comme l’extractivisme, le devoir de vigilance[1], CLIP[2], compensation carbone – mais aussi un vocabulaire commun pour l’association mais qui ne m’était pas familier dans mes précédents engagements comme plaidoyer, démultiplication de nos actions, restitution d’une rencontre associations alliées, etc…
Ca m’a aussi permis de connaitre l’existence et les actions de nouvelles ONG et associations engagées, entre autres, dans la défense des droits humains et de la protection de la biosphère, en commençant par CCFD-Terre Solidaire, mais encore Sherpa, WoMin, CooperAcción, le réseau SEES (Semaines Etudiantes de l’Ecologie et de la Solidarité)…
J’ai pu apprendre et partager avec les autres bénévoles la réalité des projets et exploitations minières, énergétiques, agroforestiers et agroindustriels au Pérou, Mexique, Madagascar, Bolivie et République Démocratique du Congo, hélas fort loin du verdissement et du supposé respect des droits humains des transnationales, des facilitateurs des co-financements et des banques et assureurs français, européens et régionaux, avec la collusion de certaines instances législatives et gouvernementales.
J’ai pu rencontrer des bénévoles qui avaient participé à un voyage d’immersion auprès d’associations partenaires à l’étranger et qui étaient rentré.es avec “leurs nouveaux bagages” en plus de l’envie de sensibiliser et mobiliser les publics et les autres bénévoles de retour en métropole, en co-créant et jouant des conférences gesticulées pas comme les autres 😄.
L’un des moments forts de notre rassemblement a été la table ronde samedi après-midi, autour de Jordi Mvitu, juriste de Génération Lumière, qui travaille sur les conséquences de l’extractivisme, notamment en République Démocratique du Congo, José de Echave (en visioconférence) économiste et co-fondateur de CooperAcción au Pérou, qui accompagne les communautés victimes d’autres transnationales dans les régions andines et Barbara Romagnan, ancienne députée et membre du bureau national de la Ligue des Droits de l’Homme, qui ont bien voulu témoigner de leur savoirs théoriques et pratiques.
Toustes ont ainsi participé au lancement en Bourgogne Franche-Comté de la campagne nationale du CCFD-Terre Solidaire intitulée “Abus des multinationales : on devrait tous pouvoir dire non !”.
M : Tu fais partie des personnes qui ont participé à la matinée du dimanche. Quel était l’objectif ? Avec quoi tu repars à Perpignan ? Qu’est-ce que tu souhaites partager ?
A : Le dimanche matin, des propositions d’actions concrètes ont été présentées (et plébiscitées par les participant.es) afin d’amplifier la mobilisation contre toute pratique polluante et attentatoire des droits à la vie, à la sécurité alimentaire et au respect des principes du CLIP (Consentement Libre, Informé et Préalable) à tout projet d’exploitation de ressources sur le sol et/ou des ressources marines des communautés locales et autochtones.
Pour rappel, le CLIP est une exigence fondamentale et un principe central à la campagne CCFD -Terre Solidaire. Un exemple d’application du CLIP serait les efforts pour garantir que l’agroindustrie plante et cultive sans conflits fonciers ou « accaparement des terres » et qu’elle fasse le nécessaire pour empêcher les activités humaines associées aux violations des droits des peuples autochtones, des communautés locales et d’autres utilisateurs.
Dans cette même ligne, le CCFD-Terre Solidaire vise à mobiliser les citoyen.nes et à les encourager à s’engager contre l’extractivisme à outrance et ce, que ce soit ailleurs ou sur les territoires français.
Je n’oublierai ni la solidarité et la bienveillance des organisateurs.rices et animateurs.rices, ni l’accueil chaleureux et désintéressé de nos hôtes franc-comtois.es. Elles.ils sont, bien évidemment, les bienvenu.es dans la région plus proche des belles Pyrénées Orientales lors de nos futures actions de cette campagne 😉.
“Dans cette même ligne, le CCFD-Terre Solidaire vise à mobiliser les citoyen.nes et à les encourager à s’engager contre l’extractivisme à outrance et ce, que ce soit ailleurs ou sur les territoires français.”
M : Tu as été en contact avec le CCFD-terre Solidaire de ta région. Tu vas j’imagine t’y engager ?
A : Oui je suis en lien avec Amandine, ta collègue dans ma région, qui m’a proposé de co-animer avec elle une formation régionale sur la campagne. Elle m’a aussi proposé une prise en charge de mes frais de déplacements. Donc cet évènement sera très utile pour notre région aussi.
M : Oui et Amandine m’a mis à disposition des outils, notamment techniques, pour la bonne réalisation du forum. C’est chouette de faire vivre aussi les liens entre nous, entre régions.
A : Oui ça montre une belle harmonie dans l’association, et quand on arrive, ça donne envie et ça rassure.
M : Merci Amparo pour ta participation, ce que tu as apporté pendant tout ce week-end et pour te prêter au jeu de l’interview
[1] Loi sur le devoir de vigilance des multinationales ; + d’infos : https://ccfd-terresolidaire.org/la-commission-europeenne-va-t-elle-sacrifier-le-devoir-de-vigilance-europeen/
[2] Consentement Libre, Informé et Préalable : Notion issue de la résolution 169 de l’Organisation Internationale du Travail sur les peuples autochtones qui oblige les entreprises à consulter les populations avant tout projet affectant leur territoire