La Chambre territoriale des comptes de Polynésie française a réalisé une enquête sur la politique de prévention de l’obésité mise en place par le Pays depuis 2018. La tranche d'âge choisie par la Chambre pour son contrôle, en cohérence avec les travaux de la Cour des comptes, est celle des 15-25 ans.
La Chambre a présenté sept recommandations lors de ce rapport.
Comme le reste du monde et particulièrement la région Pacifique, la part des personnes obèses en Polynésie française a progressé de 8 points entre 2010 et 2019 et représente désormais 48 % des habitants contre 40 % en 2010. Chez les jeunes de 18 à 29 ans, 36 % des hommes et 47 % des femmes sont en situation d’obésité. Les données indiquent que l’obésité continue de progresser depuis 2019.
La mesure de l’obésité dans la population et notamment chez les jeunes nécessite d’être à nouveau réalisée. La Chambre recommande au Pays de renouveler rapidement, par la voie d’un marché public, l’enquête sur l’état de santé de la population. Elle lui recommande également de publier tous les ans un rapport sur l’état de santé de la population.
L’obésité entraîne des souffrances physiques et psychologiques qui affectent la qualité de vie. Ces effets sont particulièrement marqués chez les jeunes de 15 à 25 ans. L’importance des répercussions d’une obésité non traitée dans la jeunesse justifie des mesures prévention à réaliser au plus tôt.
L’obésité des jeunes participe activement au développement des maladies non transmissibles lorsqu’ils prennent de l’âge. Ces maladies prennent notamment la forme du diabète, de l’hypertension artérielle, des pathologies cardiovasculaires et des cancers. Elles représentent la première cause de mortalité en Polynésie française.
De 2018 à 2023, le montant cumulé des dépenses consacrées par le fonds de prévention sanitaire et social à l’obésité s’élevait à 1,23 Md F CFP, soit 64 % des dépenses cumulées de ce fonds (1,96 Md F CFP). Cette part atteignait plus de 70 % en 2022 et 2023, témoignant de la montée en charge de cette politique de santé par la Polynésie française. La Chambre recommande au Pays de renforcer la fiscalité sur les produits à forte teneur en sucre et d’affecter les recettes au financement des actions prévention de l’obésité, notamment celles à destination des jeunes. Le Pays peut également agir sur la règlementation afin de réduire la teneur en sucre des produits alimentaires.
De plus, la Chambre recommande au Pays de mieux suivre les dépenses de santé des personnes atteintes d’obésité. Par ailleurs, la mesure des conséquences de l’obésité sur l’économie polynésienne reste à déterminer. La juridiction invite la Polynésie française à engager des études dans ce domaine.
Le Pays s’est engagé, depuis plus de 10 ans, dans une politique de prévention destinée à traiter les facteurs de risques de l’obésité les plus connus et pour lesquels des stratégies sont recommandées par l’organisation mondiale de la santé : alimentation équilibrée, pratique de l’activité physique, lutte contre la sédentarité. Cependant, les jeunes de 15-25 ans ne représentaient pas un public prioritaire. De plus, l’évaluation de ces actions et les bénéfices sur la santé n’ont pas été mesurés. Le Pays doit évaluer les actions déjà réalisées depuis 10 ans et définir une nouvelle stratégie en prévoyant des actions pour les jeunes.
La Chambre recommande à la Polynésie française de créée une structure d’échanges entre tous les intervenants qui luttent contre l’obésité, dont ceux particulièrement engagés dans les actions auprès de jeunes.