Répression violente lors d’une manifestation de retraité·es en Argentine

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Paris, le 18 mars 2025. Le contexte économique en Argentine s’est considérablement dégradé ces derniers mois, suite aux mesures d’ajustement structurel qui ont eu un impact dévastateur sur les secteurs les plus vulnérables. Les retraité·es, qui survivent pour la plupart avec des revenus bien inférieurs au seuil de pauvreté, ont vu leurs conditions de vie se dégrader encore davantage. Parmi leurs principales revendications figurent la révision des pensions pour récupérer le pouvoir d’achat perdu, le rétablissement de la prise en charge des médicaments essentiels et le prolongement du moratoire sur les retraites. L’expiration de ce moratoire en mars menace de priver de pension des milliers de personnes qui n’ont pas pu cotiser pendant le nombre d’années requis.

Cependant, le gouvernement argentin a répondu par un usage de la force, en violation des principes internationaux qui protègent la liberté d’expression et le droit de manifester. Plus d’une centaine de personnes ont été arrêtées arbitrairement le 12 mars, dont deux enfants, et au moins 20 manifestant·es ont dû être hospitalisé·es suite à la répression policière.

L’un des cas les plus graves est celui du photographe Pablo Grillo, qui a été touché à la tête par une cartouche de gaz lacrymogène alors qu’il couvrait la mobilisation. Il se trouve actuellement dans un état critique qui fait l’objet d’un pronostic vital réservé. L’agression de Pablo Grillo représente une atteinte inquiétante à la liberté de la presse, garantie par les traités internationaux relatifs aux droits humains.

La récente modification des normes de sécurité par le gouvernement de Javier Milei légitime l’usage excessif de la force contre les manifestant·es. Le « Protocole pour le maintien de l’ordre public en cas de coupure des voies de circulation », à l’initiative de la ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, a aboli les restrictions antérieures à l’utilisation de tirs de lacrymogènes et au port d’armes à feu lors des manifestations, en violation des normes internationales relatives aux droits humains. En outre, en demandant l’ouverture d’enquêtes pour des infractions telles que la « sédition », « l’atteinte à l’ordre public » et « l’association de malfaiteurs aggravée », le gouvernement cherche à assimiler les manifestant·es à des criminel·les.

La rhétorique du gouvernement qui a justifié la violence en qualifiant les manifestations de tentatives de « déstabilisation » ou d’« actes terroristes », dans le but de déshumaniser les opposant·es, est particulièrement préoccupante. Non seulement ces déclarations sont infondées, mais elles encouragent dangereusement à persécuter celles et ceux qui exercent leur droit de manifester. Elles ont de toute évidence influencé l’intervention des forces de l’ordre, dont certains membres lançaient des insultes contre les « gauchistes ».

Tout aussi préoccupante est la persécution exercée par des fonctionnaires du gouvernement contre la juge Karina Andrade, avec menaces de révocation, voire d’inculpation. Cette dernière avait ordonné la libération de toutes les personnes arrêtées, constatant que les forces de police n’avaient manifestement pas respecté les exigences minimales pour contrôler la régularité des arrestations, à savoir les circonstances de temps, de lieu et de manière, ainsi que les accusations précises portées contre chacune d’elles.

La FIDH exhorte le gouvernement argentin à respecter les droits humains et à garantir la liberté d’expression et de manifestation. La communauté internationale doit rester vigilante face au recul inquiétant des droits et des libertés en Argentine.

La FIDH réaffirme sa solidarité avec le peuple argentin et avec son droit de revendiquer de meilleures conditions de vie sans crainte de représailles. Le respect des droits humains n’est pas négociable et doit être garanti par tout gouvernement qui se veut démocratique.

Recapiti
Maxime Duriez