Sites & Monuments avait déjà participé, en janvier 2025, par un cahier d’acteur, à la concertation sur la Stratégie française pour l’énergie et le climat, première version de la « Programmation pluriannuelle de l’énergie 3 » (PPE 3).
La version définitive de cette Programmation pluriannuelle de l’énergie (3) est aujourd’hui soumise à la consultation du public.
Il s’agit d’un chef-d’œuvre de technocratisme. Aussi nous pouvons être certains, en contribuant à cette consultation, de ne pas être entendus. Que d’heures perdues depuis des années à ce type d’exercice, montrant pourtant une opposition majoritaire au saccage des campagnes ! C’est à se demander si l’important n’est pas pour l’administration d’avoir "concerté" les futures victimes de ses décisions, forme de viatique permettant de tout imposer. Ces politiques publiques à œillères font évidemment le malheur des uns (ici les ruraux) et le bonheur des autres (les énergéticiens des EnR).
Plan de développement décennal des énergies de la PPE3
Le projet de décret régit notre énergie à court terme puisque les objectifs de développement sont fixés pour 2035.
Dans ce laps de temps, la PPE prévoit une quasi stagnation du nucléaire qui passerait de 56 réacteurs à 57 réacteurs en service, soit une production qui serait portée de 320,4 TWh à 360 TWh. Cette augmentation d’un peu moins de 40 TWh correspondrait à un coefficient multiplicateur de 1,1.
L’augmentation de la part du nucléaire, électricité pilotable et décarbonée produite à partir de seulement 18 sites générant plus de 75 % de notre électricité, est pourtant indolore pour les paysages et la biodiversité. Et il n’y a aucun besoin de nouveaux réseaux de transport d’électricité puisque les nouveaux réacteurs sont prévus au sein de centrales existantes.
En revanche :
– la production de l’éolien terrestre serait portée de 48,7 TWh à un maximum de 103 TWh, soit une multiplication par 2,1.
Cela suppose, outre le repowering faisant fréquemment passer la hauteur des éoliennes de 130 m à plus de 240 m, d’implanter de 3000 à 5000 nouveaux mats sur les 9000 existant actuellement. Notons que la nouvelle génération de machines, approchant les 250 m en bout de pales, a un impact sans commune mesure sur les paysages (voir ici).
L’usine d’Éoliennes de la Baie de Saint-Brieuc (62 machines) depuis la pointe de St Cast avec le château de la Roche Goyon. Photo Bertrand Panchout
– la production de l’éolien en mer passerait, pour sa part, de 1,9 TWh (correspondant aux parcs de Saint-Nazaire et de Saint-Brieuc mis en service en 2022 et 2023) à 71 TWh, soit un coefficient multiplicateur de 37.
La puissance installée de l’éolien en mer passerait ainsi de 0,84 GM en 2023 (pour deux parcs), à 3,8 GW en 2030, à 18 GW en 2035, l’évaluation environnementale reprenant également à son compte le chiffre de 40 à 59 GW de puissance installée pour 2050 (p. 179). On ose à peine imaginer le nombre de parcs en mer que cela représente.