Ça commence comme un repas de famille qui s’annonce ennuyeux. En l’occurrence celui d’une famille de la haute qui se réunit dans la maison de campagne. Le spectateur averti, après une scène d’introduction pour le moins explicite, aura bien sûr compris que l’on ne va pas assister à des parties de golf tout le week-end. Mais pour l’instant tout se passe le plus paisiblement du monde. À part pour la matriarche sous cachetons, qui entend du bruit à l’étage. Film : You’re Next d’Adam Wingard, vivement le prochain !
Du cinéma underground
Pas de quoi alarmer tout le village, d’autant qu’il n’y a personne dans les environs. À part le voisin, pourvoyeur de lait à ses heures perdues, quand il n’a pas d’autres chats à fouetter.
Le diner s’engage donc autour d’une bonne bouteille de vin et les conversations inutiles vont bon train. Et qu’est-ce qu’il devient le fiston ? Et la petite fille chérie, elle nous a trouvé un petit réalisateur underground ? Mais c’est quoi ça le cinéma underground ?
Une partie de chasse sauvage
Les beaux-enfants sont là aussi, tout sourire et un peu impressionnés par cette belle-famille pleine aux as. Au beau milieu d’une dispute entre les deux frangins, une partie de chasse sauvage non prévue au programme s’engage. Et pas avec le dos de la cuillère en argent, puisque c’est à l’arbalète que les agresseurs s’en prennent à la petite famille, dépeçant la belle salle à manger de ses jolis petits ornements.
L’art de la survie en milieu hostile
Jusqu’à maintenant, rien de bien original. Une maitrise sûre de la caméra (mise à part le choix d’un caméraman touché d’hyperactivité au mieux et de Parkinson dans les pires cas) et un répertoire de son calé avec justesse, à faire pâlir les amateurs de musique classique. Le cor de chasse a sonné et la battue peut commencer. Oui mais ce que n’avait pas prévu la fine équipe décorcheurs, c’est que la belle-fille Erin, au lieu de passer sa tendre jeunesse chez les scouts, a passé son enfance dans une communauté survivaliste. Persuadé que la fin du monde est proche, son paranoïaque de père avait jugé qu’il était plus urgent d’enseigner à la jeune fille l’art de la survie en milieu hostile, que le jeu des petits chevaux.
Et du coup, la résistance s’organise contre les mystérieux envahisseurs affublés de masques à tête d’animaux pour l’occasion
De l’imagination, Adam Wingard en a à revendre. Un humour bien noir comme de l’huile de moteur diesel. Ça toussote dans les rangs. La scène de l’appareil photo dans la cave nous renvoie à notre propre voyeurisme (mais on est là pour ça, on n’est au cinéma non ?). Un beau clin d’œil aussi à Romero à la fin et un scénario avec plus de rebondissements que prévu.
Wingard, à-peu-près inconnu en France, signe un chouette film après un court dans le fameux The ABCs of Death, un film à sketchs horrifiques, incontournable repère de réalisateurs dignes d’intérêt pour les amateurs du genre.
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Par Nicolas Pons. MagCentre.