RETOUR D’UNE JOURNEE REGARDS CROISÉS - CCFD-Terre Solidaire

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Paix & Vivre Ensemble : bâtir l’espérance ici et là-bas

Le 8 mars dernier, l’équipe régionale Partenariat a rassemblé bénévoles, alliés et citoyens engagés à l’occasion d’une journée régionale autour du thème Paix et Vivre Ensemble. Une journée riche de témoignages, de réflexions et d’émotions, où les voix d’ici ont résonné avec celles d’ailleurs, pour questionner notre rapport à la terre, à la démocratie et à l’engagement citoyen.

MATINÉE : LA TERRE COMME ESPACE COMMUN, SOURCE DE CONFLIT OU DE LIEN

Dominique Faucheur, administrateur de la Fédération Terre de liens, a ouvert la matinée avec un constat alarmant : «Tous les 13 ans, l’équivalent d’un département français disparaît en terres agricoles ». Dans un contexte où un tiers des agriculteurs seront à la retraite d’ici 2030, et où la monoculture domine, Terre de Liens milite depuis 20 ans pour préserver la terre comme bien commun, en la sortant du marché spéculatif et en la rendant accessible à de nouveaux paysans – dont 40 % sont des femmes. En Lorraine, neuf fermes ont déjà été acquises, incarnant concrètement un modèle alternatif, résilient, au service de la transition écologique.

Et à l’autre bout du monde ? Samuel Pommeret, chargée de mission partenariat a pu nous faire découvrir le travail de notre partenaire IFDP (Innovation et Formation pour le Développement et la Paix) en République Démocratique du Congo. Il a livré un témoignage sur la guerre foncière qui ronge la région du Nord-Kivu depuis 30 ans. Là-bas, la terre est au cœur des conflits : « 500 habitants par km², 1 hectare par famille, une terre riche et convoitée, exploitées par des multinationales ». L’IFDP propose un travail de fond sur la souveraineté alimentaire, la réappropriation des savoirs paysans, la cohabitation pacifique entre communautés en tension, et surtout, la reconnaissance des femmes, grandes oubliées de la propriété foncière.

IFDP permet l’acquisition de certificats fonciers coutumiers, en accompagnant les dynamiques locales de gouvernance, l’association soutient des pratiques de sociothérapie pour permettre la parole, même au cœur des conflits. Résilience, dignité et justice sont les piliers de leur action.

APRÈS-MIDI : DÉMOCRATIE ET ENGAGEMENT CITOYEN

La table ronde a exploré les liens entre démocratie, engagement, et société civile, avec la participation
– de Quidora Morales du collectif Les orageuses,
– de Nelly Vallance, participante à la formation « Humanisme et politique « , ancienne présidente du MRJC,
– et de Samuel Pommeret, chargé de mission pour la région des Grands Lacs.

La démocratie, pour beaucoup, ne peut se réduire à un régime politique : c’est un mode de vie, un espace de discussion, d’écoute, et de partage de pouvoir.

À travers des expériences vécues au Burundi et au Rwanda, Samuel a témoigné des limites des démocraties de façade, sans espaces civiques réels, où la jeunesse est souvent réduite au silence, où il peut y avoir de la manipulation politique.

Mais les graines de l’engagement sont là. À travers des médias citoyens comme Yaga, des formations à l’éducation populaire, ou des ateliers de théâtre, de jeunes militants comme Dacia du Burundi se mobilisent pour les droits des femmes, la liberté d’expression, et la culture de la non-violence dans son pays.

« L’engagement est un mode d’existence. Il repose sur trois piliers : implication, responsabilité et rapport à l’avenir. » Jean Ladrière, philosophe.

Ce que les jeunes réclament, ce n’est pas qu’on parle à leur place, mais qu’on leur laisse la parole et l’espace pour inventer leurs formes d’action : festivals, podcasts, plaidoyers locaux, ou apéros engagés. Le CCFD-Terre Solidaire est invité à rejoindre ces dynamiques, là où les jeunes sont déjà présents, et à construire des ponts au-delà de l’Église.

VIVRE ENSEMBLE : ENTRE FRATERNITÉ, CONFLITS ET TRANSFORMATIONS

Le vivre ensemble ne se décrète pas, il se travaille. Il passe par la reconnaissance de l’autre, l’écoute réelle, et la capacité à faire avec le conflit. Comme l’a souligné Quidora, le conflit peut être un levier de transformation, à condition de sortir de la violence et de la domination.

Fraternité, dialogue, convivialité : ces trois mots ont résonné comme une belle conclusion apportée par Nelly. Le vivre ensemble, c’est aussi cela : choisir l’espérance, la joie d’être ensemble, sans gommer les désaccords.

Cette journée du 8 mars a été une invitation à faire société autrement. À bâtir une paix qui ne soit pas absence de conflit, mais présence de justice. À réaffirmer que chacun, chacune, a un rôle à jouer pour inventer un avenir commun – ici comme ailleurs.

Recapiti
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