Essai ou satyre ? Les deux à la fois. Le journaliste Jean-Baptiste Forray ne manque pas de talent pour dénoncer de façon légère et ludique les grands travers de notre classe politique. Il promène sa longue-vue bien informée sur l’armée de « professionnels de la profession politique », dont l’ambition est tout entière tournée vers les fonctions politiques, avant même d’y avoir accès. La République des apparatchiks de Jean-Baptiste Forray : livre portrait des professionnels de la politique !
Une agilité à se mouvoir dans les arcanes du pouvoir
Dans La République des Apparatchiks, Jean-Baptiste Forrey, rédacteur en chef à la Gazette des Communes, dresse une fresque réaliste des responsables politiques issus des sphères militantes, qui ont choisi la carrière politique parce que, sans réelle vocation, ils n’ont pas réfléchi à un autre métier. La politique leur a opportunément tendu les bras. Ils s’y sont précipités et confortablement installés. Le mot apparatchik désignait à l’origine, les bureaucrates de l’appareil soviétique réputés pour leur poigne de fer et leur agilité à se mouvoir dans les arcanes du pouvoir.
Un catalogue de personnalités
En France, depuis une trentaine d’années, il est attribué à ceux qui, depuis qu’ils étaient en culotte courte ou presque, barbotent dans le marigot politique et se nourrissent de la tambouille politicienne. Des noms bien connus arrivent rassemblés sous le vocable « génération Thévenoud » : François Fillon, Manuel Valls, Benoît Hamon, François de Rugy… La liste est longue à gauche comme à droite de ceux qui, dans le sillage d’un responsable, d’un chef de parti politique ou d’un courant, finissent eux-mêmes par obtenir un siège d’élu local, de parlementaire ou même un maroquin ministériel. Le livre est en grande partie un catalogue de ces personnalités qui n’ont jamais eu d’autre métier que la politique. Cette revue débordante de détails authentiques, souvent drôles dans leur précision, montre en creux « la déconnexion des élites politiques avec la réalité professionnels de Français », voire avec leur quotidien.
Une communauté de responsables politiques vivant en vase clos
« À mille lieues de la vraie vie, ils n’ont pour la plupart, jamais posé un orteil dans une entreprise ou une administration. Cela témoigne d’une communauté de responsables politiques vivant en vase clos au sein de laquelle les manœuvres partisanes priment sur les engagements et pour qui le seul élément central des carrières est de continuer à vivre, de et pour la politique », ajoute-t-il. Cet ouvrage a été publié quelques semaines avant les élections législatives de 2017, il n’est pas inutile de confronter son contenu au profil de la nouvelle assemblée, laquelle pour se faire élire a mis en avant sa capacité de renouvellement.
Un bilan contrasté
Certes, elle comprend 38% de femmes, score jamais atteint. Mais la société civile, dont l’arrivée massive était promise chez les députés comme chez les ministres, ne se révèle pas si évidente que cela. Le profil sociologique des députés élus ou réélus n’a pas été fondamentalement bouleversé. Les classes sociales défavorisées n’y sont guère plus représentées. Les catégories sociaux professionnelles intermédiaires y sont un peu plus présentes, sans doute parce que le prestige du parlementaire a diminué sous l’effet du non-cumul des mandats, qui le prive de responsabilités locales et que l’élaboration de la loi revient avant tout à l’initiative gouvernementale.
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Par Françoise Cariès. MagCentre.