Avec un âge moyen de 23 ans, la population de Mayotte est jeune. 20 % d’entre elle est scolarisée dans l’une des écoles publiques de l’archipel. À l’inverse de la France hexagonale qui connaît un recul du nombre d’élèves, Mayotte a enregistré une augmentation de 22 % du nombre d’inscrits à l’école entre 2019 et 2024, portant le nombre d’enfants scolarisés à 63 766 à la rentrée 2024.
Les communes sont chargées d’assurer le fonctionnement des écoles publiques de leur territoire, de la construction, des réparations et de l’entretien des bâtiments, ainsi que des services annexes à l’enseignement, notamment la restauration et le périscolaire.
L’insuffisance de places dans les écoles a de multiples conséquences. 57 % des enfants des 13 communes contrôlées sont scolarisés selon un système de rotations. Plus de 300 classes de maternelle ne sont pas dédoublées : du co-enseignement est instauré au cours préparatoire et au cours élémentaire première année. Enfin, des classes itinérantes ont été créées pour les enfants de petite section. Ces alternatives n’ont pas donné lieu à des évaluations en termes de portée pédagogique.
Faute également de places suffisantes, la plupart des maires mettent en place des conditions d’inscription très discriminatoires. Si ces mesures permettent de réguler les tensions sur le capacitaire, 3 000 à 5 000 enfants en âge d’être scolarisés échapperaient à l’obligation de scolarisation.
Si la restauration scolaire est un service facultatif, force est de constater qu’en 2023, seuls 8 % des enfants scolarisés bénéficient d’un repas chaud le midi, les autres enfants se voyant servir à la récréation une collation dont les qualités nutritionnelles ne sont pas satisfaisantes. Les communes, qui construisent massivement des réfectoires grâce aux financements de l’État, sont réticentes à les mettre en service en raison des coûts de fonctionnement induits et non anticipés, qui leur imposeraient de modifier leurs priorités politiques pour proposer des repas de qualité à l’ensemble des enfants scolarisés.
Le périscolaire, service facultatif, reste quasi-inexistant. Souvent couplé à la pause méridienne, il consiste principalement en une garderie le temps du repas. Aucune activité d’éveil ou de renforcement scolaire n’est proposée.
Pour mettre un terme aux rotations et absorber l’évolution démographique, le besoin en salles de classe à l’échelle du territoire est colossal : certaines communes doivent doubler le nombre de salles dont elles disposent aujourd’hui à horizon de 10 ans, sans mentionner la réhabilitation d’écoles vétustes, dont les travaux engagés depuis 10 ans n’ont pas encore totalement abouti.
Les difficultés auxquelles sont confrontées les communes pour mener à bien ce programme d’investissements sont multiples : déficit d’ingénierie en leur sein, santé financière fragile, rareté du foncier. Les importants moyens mis en œuvre par l’État, qui a débloqué 207 M€ de crédits depuis 2016, se heurtent également au manque de volonté des élus dans la réalisation des investissements. Ainsi, malgré un financement presque intégral de l’État, et des besoins sans commune mesure avec ceux de la France hexagonale, les communes ont consacré, par élève, 38 % de moins que les communes de l’hexagone.
Le défi d’accueillir à un horizon de 10 ans tous les enfants dans des conditions se rapprochant des standards métropolitains ne pourra pas être relevé sans un engagement plus fort des élus et de l’encadrement ainsi qu’une meilleure coordination avec les services de l’État. Les constats du présent rapport sont aggravés par les conséquences du passage du cyclone Chido.