Chronique de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH, sur RND/RCF – 17 juin 2025
Florence Gros : Avec le Printemps, je regarde la nature exploser, souvent brièvement. Les floraisons m’enchantent et une expérience récente m’a fait goûter au véritable émerveillement. Une amie, particulièrement intéressée par les plantes, m’a fait découvrir un somptueux jardin abritant toute sorte de roses sur les bords de Loire. Des roses de toutes les couleurs, de toutes les espèces, des rosiers grimpants ou en buissons, des rosiers tiges ou pleureurs, des rosiers miniatures, des rosiers remontants. J’ai pris une véritable leçon de botanique qui a fait écho avec la description que fait François Cheng de la rose dans Cinq méditations sur la beauté. Il prend la rose comme symbole de la beauté et écrit : « Il a fallu que l’univers ait évolué durant des milliards d’années pour produire cette entité miraculeuse d’harmonie, de cohérence et de résolution ». Après cette visite, j’adhère plus que jamais à cette définition. Dans ce jardin, j’ai été fascinée par les roses, leurs fleurs et j’en ai oublié leurs épines.
Pierre-Hugues : On parle de roses, d’épines, qu’avez-vous appris qui puisse résonner avec l’OCH ?
Florence Gros : Savez-vous, Pierre-Hugues, de quoi sont issus les rosiers remontants ? Ces rosiers qui fleurissent plusieurs fois dans l’année proviennent d’une mutation génétique qui s’est faite naturellement mais qui ensuite a été sélectionnée par les jardiniers pour avoir des fleurs plus longtemps dans l’année. D’autres mutations naturelles comme la fleur double embellissent les rosiers de nuances de couleurs. Ces fleurs possèdent des pétales surnuméraires. Certaines présentent même une nouvelle fleur à l’intérieur de la corolle. On parle d’aberration florale. Mutation génétique, aberration : ces termes sont employés pour expliquer l’origine de roses absolument magnifiques. Quand on parle de mutation génétique chez l’homme, les conséquences nous paraissent moins heureuses. En génétique, mutation est souvent synonyme de maladie, d’anomalie, pas d’embellissement. On retrouve des mutations génétiques dans le syndrome de l’X fragile par exemple, dans certains troubles cognitifs, dans des retards de développement, ou dans des caractéristiques physiques (fentes palatines, doigts palmés, petite taille …). Il existe donc un grand nombre de mutations aux conséquences multiples.
Pierre-Hugues : Vous mettez en parallèle les mutations génétiques florales et humaines.
Florence Gros : Je ne cherche surtout pas à comparer et à encourager le bricolage de mutations génétiques chez l’homme. Cette visite m’a simplement interpellée et j’y vois une invitation à l’émerveillement. Comment voir le beau, la fleur et pas seulement l’épine dans chaque personne qu’une mutation génétique a blessée ? Cette amie a mis en éveil mes sens pour découvrir toutes les caractéristiques de chaque rose. Sans elle, il est probable que je serais passée à côté de toutes les subtilités de cette fleur. Chaque rose est différente et belle. Ne pourrait-on pas le dire de chaque personne ? Prenons le temps de connaître chaque personne dans toutes ses différences et dimensions : intellectuelle, affective, spirituelle … Notre vie n’en sera que plus parfumée !
Chroniques animées par Pierre-Hugues Dubois, présentateur de la matinale de RND/RCF.