Chronique de Florence Gros, directrice de la Fondation OCH, sur RND/RCF – 1 juillet 2025
Pierre-Hugues : Parlons handicap et travail en milieu ordinaire. On sait que le taux de chômage des personnes handicapées est de 12%. C’est bien supérieur au taux de chômage général en France. Le handicap peut arriver au cours d’une carrière professionnelle, comment les personnes vivent leur handicap au travail ?
Florence Gros : Aujourd’hui, malheureusement, trop de personnes handicapées déclarent être exposées à des contraintes physiques supérieures à ce qu’elles peuvent supporter. D’autres, dont le handicap est invisible, n’osent pas le dévoiler de peur d’être stigmatisées ou mises dans une voix de garage. Le handicap au travail reste un véritable enjeu collectif, une problématique à améliorer. Cela malgré des initiatives pleines de promesses et des études qui montrent que le travailleur handicapé est une vraie valeur ajoutée pour l’entreprise, notamment en matière de cohésion interne, d’engagement, de résolution de problèmes… Cela est trop peu connu, beaucoup de freins persistent.
Pierre-Hugues : Donne-t-on assez la parole à ces travailleurs handicapés pour qu’ils puissent témoigner de la valeur de leur travail ?
Florence Gros : Donner à voir des situations concrètes, écouter les travailleurs handicapés sont de bonnes façons de sensibiliser les entrepreneurs ou les recruteurs. C’est choquant de devoir encore convaincre qu’une personne handicapée peut travailler et partager de réelles compétences. Les journalistes d’Ombres & Lumière, la revue que publie l’OCH, peuvent en témoigner. Ils ont choisi pour le numéro d’été d’aller à la rencontre de 5 artisans handicapés aussi audacieux qu’amoureux de leur travail. Ils s’appellent Ewen, Claire, Franck, Amélie et Benjamin. Ils sont luthier, maroquinier, joaillier, couturier et horloger. Ils habitent aux 4 coins de la France. Ils sont passionnés et passionnants. Leur handicap ou trouble psychique n’entame en rien leur désir de transmettre leur savoir avec générosité. Leurs parcours sont bien différents. Pour certains, le handicap est arrivé au cours de leur vie. Cela demande beaucoup de résilience. Tous ont fait de leur différence une force. Ils dégagent une fierté sans arrogance et orgueil, et une belle volonté de se déployer. Cela fait du bien de les lire.
Pierre-Hugues : De quoi sont-ils fiers ?
Florence Gros : Ewen, le luthier, est fier de ses belles productions et d’être reconnu à l’international. Claire, qui travaille le cuir, exigeante avec elle-même, aime le travail bien fait. Alors, quand une pièce de cuir bien polie et gommée n’a plus de défaut, elle se réjouit. Avoir été élue comme déléguée du personnel est aussi une fierté. Pour Franck, joaillier, c’est l’unicité de chaque création qui le porte. Pour en savoir plus sur chacun, n’hésitez pas à vous procurer le dernier numéro de la revue Ombres & lumière. Si les entreprises pouvaient davantage faire confiance aux personnes handicapées, en leurs capacités, en leurs talents, elles ne s’exposeraient plus à une sanction financière pour ne pas avoir embauché de travailleurs handicapés, elles assumeraient juste leur obligation pour leur bien et celui de ces travailleurs d’abord compétents et aussi handicapés.
Chroniques animées par Pierre-Hugues Dubois, présentateur de la matinale de RND/RCF.
