Cet été, où que vous soyez, lisez un ouvrage du Loiret : qu'il soit publié par un éditeur du territoire ou écrit pas un auteur du département. Attention : talents !
Pierre Serna La Révolution oubliée. Orléans, 1789 – 1820 • CNRS éditions • 26 €
La Révolution française à Orléans, un passé effacé, une mémoire retrouvée
« Il y a sur cette période un silence, un vide, un creux… » Le constat est implacable : l’histoire révolutionnaire d’Orléans semble avoir été reléguée aux oubliettes. Et les bombardements de 1940 puis 1944 ne suffisent pas à expliquer la disparition de documents lourds d’enseignements. « Les incendies de 1795 puis 1816 ont vu partir en fumée des écrits compromettants » pour ceux qui ne voulaient pas voir leur rôle mis au jour.
Professeur à l’université Paris I - Panthéon Sorbonne Pierre Serna, Orléanais, spécialiste de la Révolution, a voulu combler ces trous en s’adressant notamment aux archives de la ville, départementales et nationales pour écrire ce livre.
1789. Orléans est, grâce à la Loire, une ville dynamique et une place commerciale particulièrement importante. Sa richesse s’appuie sur la traite négrière qui achemine des marchandises jusqu’à son port dont la mélasse qui, raffinée sur place, se transforme, paraît-il, en sucre le plus blanc de France. Au moment de la Révolution, « la ville produit alors la moitié des sucres raffinés du royaume. » Pourtant, « plus d’un Orléanais sur deux ne mange pas à sa faim malgré son travail. » Et « 50 % du salaire d’un ouvrier passe dans l’achat du pain, pour un bonnetier, c’est 88 % ! »
Orléans a tenu une place prépondérante lors de la Révolution, même si toutes les traces en ont été effacées… apparemment… c’était sans compter la détermination de Pierre Serna à les exhumer.
Pierre Serna est l’un des 45 ambassadeurs du Loiret. Cet historien fait rayonner le territoire hors de ses frontières. Retrouvez son portrait ici.
Jean-Noël Rieffel – Aimer comme un albatros – Équateurs – 19 €
Un divorce après onze ans de vie commune et la vie du narrateur se brise.
Il s’installe alors en bord de Loire, superbe observatoire à oiseaux. Et ça tombe bien car les volatiles sont sa passion. Il se rend aussi en Bretagne, au Cap Fréhel. De là il contemple les oiseaux de mer, dont les albatros, en évoquant leur rôle de parent, leur vie amoureuse : « Chez les albatros, le taux de séparation est très faible, moins de 4 %. Quel est donc le secret de cet oiseau qui porte si bien l’amour en majesté ? De sa si belle fidélité amoureuse ? Le véritable amour est peut-être à rechercher dans leur manière d’aimer : un savant mélange entre tendresse, caresses, respect, bienveillance, séduction et liberté. »
Petit à petit, l’observation des oiseaux qui « ont cette capacité à restaurer la beauté du monde quand on pense l’avoir perdue » et la lecture de Maurice Genevoix, « un écrivain de la réparation, du salut », consolent le narrateur.
Ce récit, véritable déclaration à la vie, mêle savamment poésie, références littéraires et picturales, amour du dernier fleuve sauvage : outre l'auteur loirétain, on croise Yvonne Jean-Haffen, Mathurin Méheut, peintres, des citations de Chateaubriand...
Après avoir refermé le livre, vous vous surprendrez à écouter attentivement le chant des oiseaux.
Jean-Noël Rieffel est l’un des 45 ambassadeurs du Loiret. Ce vétérinaire fait rayonner le territoire hors de ses frontières. Retrouvez son portrait ici.
Sylvie Blanchet – Orléans et son baraque-boom ou l’envers des trente glorieuses • Graveurs de mémoire • L’Harmattan • 25 €
Saviez-vous qu’à Orléans il y avait eu, en 1959, jusqu’à 660 baraques ? Construites pour loger les sinistrés, les ouvriers, les familles dont les logements avaient été détruits par la Seconde Guerre mondiale… En 1978, les dernières baraques étaient détruites.
« C’est dès le mois de mai 1940, soit en amont de l’invasion allemande, que surgissent à Orléans les dix premiers baraquements »… et ce n’est qu’un début. La crise du logement est telle qu’à Orléans, dans les années 50, il existe d’interminables listes de demandes de logements. La population est confrontée à des situations dramatiques : « Un homme qui vivant dans une cave du boulevard de Châteaudun, y accédait à l’aide d’une échelle : il en est tombé et sa chute a été mortelle. »
En lisant cet ouvrage de Sylvie Blanchet, correspondante à La République du Centre, passionnée d'histoire locale, vous en apprendrez beaucoup sur Orléans au temps des Trente glorieuses qui n’étaient pas glorieuses pour tous !
Jean-Hugues Chevy – Pour quelques lettres d’Adrienne – L’andriague – 20 €
Ce roman d’aventures a remporté le prix Guillaume de Lorris organisé par les éditions L'Andriague.
Peu avant la prise de la Bastille. Jeanne, servante dans une auberge, tombe amoureuse de James, un voyageur. Il lui confie qu’il a une mission à accomplir. Puis, il disparaît. Alors, Jeanne va se jeter à corps perdu dans l’aventure et s’atteler à la remplir. Elle croise alors nombre de personnages, notamment Lafayette et sa femme Adrienne.
Ce roman historique est très documenté sur la période qui précède la Révolution. Les personnages sont attachants et l’intrigue regorge de rebondissements et de sentiments. Le rythme est enlevé : on ne s’ennuie jamais !
Édith Combe