Portrait : Annette, diplômée en soins infirmiers et sage-femme

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Jeune diplômée en soins infirmiers et sage-femme de l’Université Internationale d’Amref (AMIU), Annette Akinyi, 23 ans, va commencer le plus beau métier du monde : soigner les autres. Son histoire commencée tragiquement s’ouvre aujourd’hui sur l’espoir d’un futur meilleur pour les femmes et les enfants de sa communauté, grâce à elle.

L’histoire d’une vie qui en sauve d’autres

Il y a des jours qui marquent une vie à jamais. 

Ce jour-là, à Naivasha, une ville en pleine croissance au nord-ouest de Nairobi, une femme enceinte, tenant la main de sa fillette de trois ans, a franchi en courant les grilles de l’hôpital. Elle faisait partie de ces familles qui vivaient dans la rue, et dès les premières contractions, elle avait couru vers le centre de santé le plus proche, désespérée. 

Quand une infirmière parvient enfin à lui venir en aide, il est déjà presque trop tard. Les contractions sont violentes, le temps presse. Sans de papiers, sans de proches à appeler. Juste ce souffle haché, ce corps en travail, et l’urgence de faire naître. 

Dans la salle de travail, un cri de nouveau-né met fin au silence. Une petite fille vient de naître, alors même que sa mère rend son dernier souffle. Ce cri, c’était la première note de la vie d’Annette Akinyi, celle qui est née au moment exact où sa mère quittait ce monde. 

Un rêve plus fort que le destin 

Il y a quelques jours encore, Annette parcourait les couloirs de l’Université Internationale Amref à Nairobi pour finir sa dernière année de soins infirmiers et de maïeutique. Durant toute ses études, elle s’est accrochée à son rêve d’enfance. 

« Petite, je rêvais d’être médecin, » confie-t-elle en riant. « Mais mes notes en ont décidé autrement. Malgré tout, j’ai toujours su que je voulais travailler dans la santé. »

Elevée d’abord dans un orphelinat, puis accueillie par une famille, Annette a grandi entre douleur, résilience et amour. Accompagnée par son frère, elle visite un jour l’Université Internationale d’Amref. Elle se souvient :

« Dès que j’ai franchi la grille, j’ai ressenti à quel point cet endroit était accueillant. Le personnel, l’ambiance… J’ai su que ce serait plus qu’un lieu d’études. C’était une maison. »

Mais une fois admise, une autre bataille commence : Annette n’a pas les moyens de payer ses frais de scolarité. Elle entame malgré tout ses études, déterminée. Puis un jour, elle apprend qu’elle est sélectionnée pour une bourse d’études.

« C’était le plus beau jour de ma vie. Je suis la seule parmi tous mes frères et sœurs à être entrée à l’université. Alors je me suis promis de tout donner, peu importe les obstacles. »

Étudier pour soigner, soigner pour prévenir 

Tout au long de son parcours universitaire, chaque cours, chaque stage prenait un sens profond pour Annette. En parallèle de ses études, elle a effectué ses stages dans un centre de santé à l’est de Nairobi, dans des quartiers où les soins primaires sont encore très insuffisants.

« Mon histoire me pousse à offrir des soins de qualité aux femmes. Je ne veux pas qu’un autre enfant vive ce que j’ai vécu. Si c’est évitable, alors faisons tout pour l’éviter. » 

Annette parle avec une force tranquille, forgée par les épreuves.  Pour elle, avoir reçu une bourse d’étude n’est pas seulement une chance : c’est une responsabilité.  Celle d’offrir des soins équitables à toutes les femmes, quels que soient leur âge, leur origine ou leur condition.

« Quand une mère survit, c’est aussi l’avenir d’un enfant qu’on protège. Tous les enfants n’ont pas la chance de trouver un foyer aimant. J’ai eu cette chance. Et je veux la transmettre. » 

Annette Akinyi, lors de la cérémonie de remise des diplômes de l’AMIU dans le nouveau campus de Northlands, Nairobi, en juillet 2025.

Former ceux qui soignent 

Au Kenya, comme dans tant d’autres pays en Afrique, les infirmier.ère.s et les sages-femmes sont la colonne vertébrale des soins primaires. Ce sont souvent les seul.e.s professionnel.le.s de santé dans les zones rurales.
Pour 100 000 habitants, on compte environ 100 infirmiers, loin des 220 recommandés par l’OMS. Le personnel en poste travaille en horaires doublés, voire triplés, et l’épuisement devient un risque. 

« La fatigue est une maladie, » dit Annette. « Former plus de professionnels, c’est protéger les mères… et ceux qui les soignent. »

Annette fait partie de ces étudiant.e.s dont les frais de scolarité sont entièrement pris en charge. Les bourses offertes par Amref Health Africa changent des vies. Elles ne financent pas seulement un cursus : elles renforcent les systèmes de santé, elles permettent à des générations de soignant·e·s d’émerger et de sauver des vies. Le soutien au frais de scolarité est possible grâce à la générosité de nos donateurs.

« Beaucoup de rêves s’effondrent faute de moyens. Offrir des bourses, c’est faire naître l’espoir. C’est construire un avenir. » dis Annette

Ramener la santé là où elle manque le plus 

Annette n’a pas pu connaitre sa mère. Elle sait seulement qu’elle vivait dans la rue.  Aujourd’hui, ce passé douloureux, elle le transforme en action. Elle veut aider sa communauté. Avec d’autres étudiant.e.s et en partenariat avec des hôpitaux de Nairobi, elle participe à des points de santé de proximité  qui offrent des soins gratuits aux familles vivant dans la rue.

« Ces familles n’ont pas accès à des soins de qualité, simplement à cause de leur apparence ou de leur statut. Parfois, on les chasse dès l’entrée des hôpitaux. Et même si elles sont soignées, elles n’ont pas les moyens d’acheter les médicaments. »

 C’est pour elles qu’Annette se bat. Pour leur rendre la dignité, la santé, et une chance. 

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Recapiti
Bertrand Guillemont