Portrait : Naomi Sintamei étudiante en santé communautaire

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Naomi Sintamei est étudiante en Santé communautaire à l’Université Internationale d’Amref (AMIU).  Inspirée par son vécu, elle se forme aujourd’hui pour améliorer la prévention des maladies et l’accès aux soins pour tous. Elle revient sur son parcours et son expérience d’étudiante à l’AMIU.

Inspirée par sa mère  

Naomi Sintamei a grandi dans la région de Kajiado, au Kenya, où elle a vite compris que les maladies se propageaient souvent plus vite que les soins.

« L’accès aux soins était vraiment, vraiment difficile », raconte-t-elle. « Les points e santé de proximité avaient lieu une ou deux fois par an, et notre petit centre n’avait que deux médecins… parfois aucun. Quand les médicaments manquaient, les gens se tournaient vers les plantes ou les remèdes recommandés par les anciens. »

Ces manques ont eu des conséquences concrètes : des enfants avec la varicelle laissés sans soins, des filles de son âge enlevées les tôt les matins pour subir des mutilations génitales féminines, une pratique encore présente dans certaines zones malgré son interdiction au niveau national. 

Malgré tout, Naomi n’a jamais manqué d’amour.

« J’ai grandi dans un village et une maison entourée d’amour , ma mère est la femme la plus forte que je connaisse. Elle ne baisse jamais les bras. »

C’est sa mère, Mama Sintamei, qui lui a transmis l’idée de ce qu’est vraiment la santé communautaire. Chaque fois qu’une ONG organisait une séance sensibilisation sur la santé , elle emmenait Naomi avec elle.

« J’avais toujours envie de participer », sourit Naomi. « Je voyais ma mère parler d’hygiène ou de vaccins aux villageois, et je me disais : c’est ça, prendre soin de tout un village. » 

Un rêve atteignable, grâce à la bourse d’étude  

Après le lycée, Naomi a enchaîné les petits boulots pour aider sa mère à nourrir ses petits frères et sœurs. Mais au fond d’elle, elle sentait qu’elle était faite pour autre chose. 

Un jour, une voisine lui parle d’une bourse pour l’Université internationale AMREF à Nairobi.

« Je connaissais AMREF, surtout les Flying Doctors, leurs avions atterrissaient près de chez nous », se souvient-elle. « Alors je me suis dit : pourquoi pas ? J’ai postulé le jour même. »

Elle reçoit un appel confirmant son acceptation, c’est ainsi que son rêve et parcours commence.

Elle suit un cursus en « Pratique de santé communautaire ». Le matin, elle suit des cours sur l’épidémiologie ; l’après-midi, elle part sur le terrain avec ses collègues, visiter des villages ou des centres de santé ruraux.

« Parfois, on est à l’hôpital pour prendre les constantes, d’autres fois, on fait de la recherche sur le terrain », explique Naomi. 

  

L’enjeu d’une nouvelle génération de soignants

Le Kenya compte environ 107 000 agents de santé communautaires, soit environ 1,9 pour 1 000 habitants , ce qui est encore en dessous du seuil recommandé de 2,5 par l’Organisation mondiale de la santé pour garantir des soins primaires universels.  

La nouvelle génération de praticiens en devenir, comme Naomi, a un rôle essentiel :  former, guider et soutenir les bénévoles de première ligne, tout en collectant sur le terrain des données de santé précieuses pour suivre, planifier les actions et répondre aux besoins. C’est exactement ce que Naomi se prépare à faire.

« J’ai choisi la santé communautaire parce que je veux que les gens de chez moi aient plus facilement accès aux soins », dit-elle. « Si on éduque tôt, beaucoup de maladies ne deviennent jamais graves. »

Les recherches le confirment : quand les agents de santé communautaire accompagnent les familles pour les visites prénatales, les vaccins ou la nutrition, les décès de mères et d’enfants chutent fortement, même dans des régions isolées comme celle de Naomi. 

Soigner et donner de l’espoir  

Naomi a hâte de revenir dans son village après ses études.

« Je leur dirai : je suis partie à Nairobi pour apprendre, afin de revenir et vous servir , il y a tellement d’élèves brillants qui aimeraient étudier mais n’en ont pas les moyens. Pour moi, cette bourse est une bénédiction que je dois transmettre. »

Former un professionnel de santé communautaire, c’est comme une onde qui se propage : cette personne accompagne des centaines de foyers, en lien avec d’autres soignants du terrain, créant un cercle vertueux de prévention et de soins précoces. 

Naomi pense à sa mère, à son courage sans limites, et sourit.  Tout ce qu’elle sait sur le soin et la bienveillance, elle l’a appris d’elle. Maintenant, elle veut rendre ce savoir  à sa famille, à son village, à tous ceux qui en ont besoin.  Le jour où elle descendra du bus à Kajiado, diplômée en santé communautaire, elle ne reviendra pas les mains vides. Elle reviendra avec des connaissances concrètes, prêtes à être appliquées. Et, plus fort encore, avec la preuve qu’une fille des plaines poussiéreuses de Kajiado peut porter la santé de toute une communauté. 

Grâce à l’Université Internationale d’AMREF, des personnes comme Naomi, marquées par leur histoire, leur vécu, leur désir profond de changement, peuvent se former et devenir porteuses d’espoir pour leur communauté, en ouvrant la voie vers une vie meilleure. 

Recapiti
Bertrand Guillemont