En ouverture, les Kitschenette’s ont mis les pendules à l’heure… ou plutôt les ont remontées direction 1964-67. La décennie yéyé française a été revisitée avec panache par ce sextet breton qui s’amuse à dépoussiérer riffs fuzz, mélodies acidulées et textes frondeurs. Les Beatles boots claquent sur scène et les voix s’entremêlent. Ici, pas de nostalgie molle : c’est un hommage incarné, dansant, qui se vit comme une fête. Les spectateurs se laissent embarquer dans ce jerk tricolore.
Puis, le rideau sonore tombe… pour mieux se relever. Seul au milieu d’un décor de chambre anéchoïque, guitare à la main, Yodelice apparaît. Dans cette scénographie pensée et sculptée par Pierre Claude — artisan visuel passé par Air, Phoenix ou Gesaffelstein —, la scène se fait laboratoire, antre intime et cathédrale rock à la fois. Boucles hypnotiques, riffs incisifs, voix habitée : chaque morceau est un uppercut doux, un voyage dans une matière sonore dense et mouvante.
Et puis, au milieu de cette immersion, quelques caprices techniques viennent interrompre le flot. Pas de frustration dans l’air : l’artiste en profite pour converser longuement avec le public, plaisanter, partager anecdotes et pensées. Un contretemps transformé en moment privilégié, presque intime, qui ajoute une dimension humaine au spectacle. La connexion se renforce, les rires fusent, et lorsque la musique reprend, c’est avec encore plus d’énergie et d’enthousiasme que la foule accompagne l’artiste.
On aperçoit des mains tendues dans la lumière, comme pour attraper une note, une vibration. Le cadre monumental de Port-Breton, déjà saisissant, devient écrin : les éclairages sculptent les façades et les arbres alentour, prolongeant la sensation de basculer dans un ailleurs.
Ce fut une clôture à l’image du Dinard Opening : audacieuse, généreuse, ouverte à tous les publics. Du jerk pop au rock électronique le plus immersif, de la fête exubérante à la contemplation, la soirée a joué sur tous les tableaux. Quand les dernières notes s’éteignent, il reste cette impression de chaleur partagée et de liberté offerte, le genre de sensation qu’on emporte avec soi bien après que les grilles du parc se soient refermées.
Le festival tire sa révérence. Mais dans les oreilles du public, la musique continuera longtemps de résonner.