La 20e édition du CO’Met Orléans Open se tient à l’Arena jusqu’au 28 septembre avec, à l’affiche, joueurs professionnels et têtes de série. Un évènement attendu chaque année par le public dont mille quatre cents collégiens invités par le Département. Savez-vous qu’existe au collège Léon-Delagrange de Neuville-aux-Bois la seule option en France de ramasseur de balles ? Et qu’elle fête ses vingt ans cette année aussi. Explications.
Le Département offre chaque année des places aux collégiens loirétains. Cette année, 1 400 (28 collèges et la Maison de l’enfance) y assisteront : le matin, ils suivront un match, déjeuneront sur place et participeront l’après-midi à Urban Tennis, animé par les équipes du CO’Met Orléans Open.
Le Crédit agricole, en partenariat avec le Département et CO’Met Open Orléans, offre aux classes rurales le transport jusqu’à l’Arena, en car Dunois (19 sont prévus). Quant aux collégiens de la Métropole, ils rejoignent le site en tramway ou en bus, qui, pour l’occasion, et sur présentation du billet d’entrée, est gratuit.
Vingt ans, un bel anniversaire
« Il y a vingt ans, Odile Cailleaud, professeure d’EPS au collège de Neuville-aux-Bois, qui jouait au tennis et connaissait Didier Gérard lui a proposé de créer cette section ramasseurs de balles pour intervenir sur le tournoi qu’il mettait sur pied. Proposition acceptée. Parce que ramasseurs de balles est plus compliqué qu’il n’y paraît : cela demande un vrai savoir-faire », confie Delphine Filippi-Lardeau, qui en a repris l’enseignement avec Nicolas Lardeau, Nouar Boudergui et Laure Mourens, professeurs d’EPS à Léon-Delagrange ainsi que Marie Foirien qui y contribue aussi toute l’année.
Trente-deux élèves fin prêts pour CO’Met Orléans Open
Chaque semaine, les ramasseurs de balles bénéficient d’1 h 30 d’enseignement. « Pendant deux ans, outre les règles du tennis et du ramassage de balles, ils apprennent l’autonomie, la prise d’initiative, le respect et la responsabilité. C’est un projet pluridisciplinaire mobilisant le français, les mathématiques et l’anglais. Par exemple, les interviews des joueurs étrangers sont préparées avec le professeur d’anglais », révèle Delphine Filippi-Lardeau.
À chaque match, six élèves mobilisés alternent trente minutes de ramassage et trente minutes de repos. Quatre en fond de terrain et deux au filet. Ils jouent un rôle fondamental lors des tournois rendant le match efficient en s’assurant que les joueurs reprennent le jeu le plus vite possible après le point.
C’est une rencontre très intense pour les trente-deux élèves, dont cinq EGPA*, qui sont sur le pont huit jours durant du premier au dernier match, sans repos et terminant leur journée souvent tard. « Ils doivent faire face à la fatigue et tenir sur la longueur car ils sont sur le terrain de nombreuses heures ! C’est d’autant plus difficile qu’ils n’ont pas le droit de bouger, de faire du bruit, ils mangent avec les arbitres, les bénévoles… ils sont toujours sur la retenue… c’est un exploit pour des adolescents ! »
Une véritable formation
Les 4es sont formées aux bases et techniques du tennis par les 3es. Ils apprennent notamment qu’ils sont au service des joueurs, que ramasser les balles, c’est aussi parfois savoir donner la serviette (tendue entre les deux mains, logo en direction du joueur), ou ramasser une raquette par le tamis.
« Les jeunes sélectionnés pour cette option ne sont pas forcément les meilleurs élèves, mais ce sont les plus motivés. Parfois, le cadre rigoureux et la discipline exigée sont bénéfiques et certains, qui auraient tendance à décrocher, changent d’attitude », déclare Juliette Venard, proviseure. Étant l’une des premières fans de ce projet, elle vient encourager les élèves lors de la compétition.
La concentration est indispensable : il ne faut jamais quitter la balle des yeux. Il faut observer et s’adapter lorsque, par exemple, certains joueurs ont des routines, comme attendre d’avoir trois balles en main avant de servir… « Être ramasseurs de balles, c’est aussi un travail d’équipe qui nous apprend à développer la solidarité entre nous », assure Juliette Venard.
Un entraînement digne de professionnels
Nous avons rencontré, lors du stage de rentrée, la classe de 3e chargée cette année de ramasser les balles lors du célèbre tournoi.
« Grâce à ce stage [2 jours ½ du 11 au 13 septembre NDLR], je me rends compte que je me souvenais de tout ce que j’avais appris en 4e ! L’idée d’avoir oublié quelque chose me stressait. Cette option me permet de pratiquer une activité sportive ludique [même si elle pratique déjà un sport collectif à l’extérieur NDLR] mais pas seulement car quand on est au filet, on court énormément, on fait des sprints, on travaille nos reflexes, notre rapidité et on réfléchit beaucoup ! Ce stage, c’est plus sympa qu’une journée normale de cours ! » s’enthousiasme Juliette qui se sent prête pour le CO’Met Orléans Open. C’est la vingtième édition. Et c’est la vingtième année que cette option ramasseurs de balles, « dont la devise est : rapide, efficace et invisible », existe au collège Léon-Delagrange.
Au cœur du tournoi
Les élèves sont logés le temps du challenge à Chanteau. Ils reçoivent de la part du partenaire (Kappa) un véritable trousseau : 3 t-shirts ; 1 pull ; 1 short ; 3 paires de chaussettes. « Ainsi, ils entrent sur le terrain en uniforme, tous identiques. » Le tournoi demandant une vraie implication physique et mentale, les professeurs d’EPS insistent sur « le fait de respecter une bonne hygiène de vie, de faire attention à leur alimentation et de veiller à bien dormir. C’est important pour affronter la fatigue ! Et nous leur enseignons que toute l’année ils doivent adopter ce comportement. »
Pour la finale, Laure Mourens imagine une chorégraphie qui met en scène tous les ramasseurs de balles. « Elle s’exécute devant le public et leurs parents qui bénéficient de deux places pour venir voir leurs enfants lors de ce dernier match. C’est un beau moment ! J’avoue qu’à chaque fois j’en ai les larmes aux yeux ! », révèle Delphine.
Enfin, grâce leur efficacité, leur sérieux et leur endurance, les jeunes sont complimentés par les joueurs, les arbitres et les directeurs des tournois. Un sans-faute !
Les mains pleines de balles
Ça y est les collégiens de Léon-Delagrange sont en place depuis le 21 septembre. Ils ont pris leurs marques. Tous sont heureux d’être là et de « rencontrer de grands athlètes », se réjouit Margot. Et Malo de rajouter « certains ont même eu des regards avec les joueurs. Et on parle avec les coachs. Ça me touche d’être ici avec de grands joueurs. » Margot assure qu’« elle apprend beaucoup de choses. Être en terre inconnue, avec de grands sportifs est une fierté. »
Wissem, convaincu de suivre cette option ramasseurs de balles par ses prédécesseurs, estime qu’« ils ont tout ce qu’il faut, comme des barres de céréales ! » et Malo que « tout est bien organisé. » Les collégiens bénéficient de places réservées dans les tribunes. Ils s’assoient dans l’ordre de rotation, prêts à bondir sur le terrain quand vient leur tour.
Didier Gérard : « Ils sont parfaits ! »
« La performance des ramasseurs de balles de Neuville-aux-Bois est étonnamment excellente pour des élèves qui, en majorité, ne jouent pas au tennis et ne connaissent pas les règles. Je remercie les enseignants de les former aussi bien parce que ramasseurs de balles, c’est complexe ! En dix-neuf tournois, je n’ai eu que des retours positifs qui soulignent une prestation parfaite ! »
Stéphane Goudou, président de l’Open paratennis : « Un projet qui me tient à cœur ! »
« Cette année, le tournoi a lieu du 21 au 25 octobre 2025, pendant les vacances scolaires, les élèves ramasseurs de balles qui participeront seront volontaires. Nous ferons tout pour que l’an prochain, il se déroule hors des congés.
Ce projet nous tient à cœur car c’est un projet commun avec CO’Met Orléans Open. Les ramasseurs de balles et quatre ou cinq jeunes handicapés de l’IME de Neuville-aux-Bois sont présents depuis 2010. C’est intéressant pour eux de côtoyer une autre organisation, rencontrer d’autres joueurs… De plus, nous sommes très contents car peu de tournois de paratennis bénéficient de l’appui de jeunes formés pour ramasser les balles. Et, comme nous avons lieu après CO’Met Orléans Open, ils sont alors bien rôdés et au point ! La preuve, certains d’entre eux sont sélectionnés pour intervenir à Roland-Garros après des sélections très exigeantes. »
Avantage : ramasseurs de balles
Les collégiens ramasseurs de balles peuvent présenter cette option au brevet lors de l’épreuve orale. Et, « ils ont tout intérêt à mentionner cette spécialité sur leur CV. En effet, les recruteurs savent qu’elle nécessite rigueur et qualités humaines. » Ce que confirme Malo, qui est content, comme ses copains, d’être dans cette classe, et remercie le collège, le tournoi et les professeurs de lui avoir donné cette chance d’être ici aujourd’hui ! Il a aussi conscience des avantages que lui confèrent cette mission : de l’expérience ; de la concentration et du sérieux… ça lui donne même envie de travailler dans le sport !
Et balle de match : « Les jeunes frères et sœurs cadets des ramasseurs de balles veulent ensuite prendre le relai. Un bon point ! »
Ramasseurs de balles, que des avantages !
Édith Combe
*Enseignement général et professionnel adapté aux besoins de certains élèves.