La fin de l’ARENH en 2025 transforme radicalement le marché de l’électricité professionnelle.
Les entreprises, autrefois protégées par un tarif régulé, l’ARENH, doivent désormais naviguer dans un contexte de prix volatils.
Le Versement Nucléaire Universel (VNU), qui entrera en vigueur en 2026, redistribuera automatiquement les revenus excédentaires d’EDF sur toutes les factures, modifiant profondément les stratégies d’achat et de pilotage énergétique.
Comprendre ce nouveau mécanisme devient indispensable pour sécuriser vos budgets et anticiper vos coûts : focus sur le décryptage du Versement Nucléaire Universel, VNU, dans cet article.
Un focus sur l’ARENH pour mieux comprendre le contexte
Quel est le fonctionnement du mécanisme ARENH ?
L’Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique (ARENH) oblige EDF à céder chaque année 100 TWh de sa production nucléaire aux fournisseurs alternatifs, à un tarif fixé à 42 €/MWh.
Instauré par la loi NOME en 2010, ce dispositif représente près d’un quart de la production nucléaire française et a longtemps constitué un filet de sécurité pour la compétitivité des fournisseurs et la maîtrise des coûts pour les entreprises.
Lorsque les demandes excèdent ce plafond, la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) applique un écrêtement proportionnel.
Concrètement, cela se traduit par une nécessaire compensation sur les marchés de gros, souvent plus chers et volatils, impactant directement les factures des entreprises.
Le 31 décembre 2025 marque la fin de ce mécanisme, ouvrant la voie à un cadre énergétique renouvelé, plus adapté aux exigences du marché et à la transition vers une régulation plus dynamique.
Find de l’ARENH : des limites face aux enjeux actuels
Pour l’année 2025, la demande d’ARENH a culminé à 135,04 TWh (corrigée à 134,93 TWh), dépassant largement le plafond de 100 TWh.
L’écrêtement atteint alors 25,88 %, réduisant la part de consommation protégée par le tarif régulé à 74,12 % pour les fournisseurs. Pour le reste, l’achat doit se faire sur les marchés de gros, exposant les entreprises à des coûts supplémentaires et à une volatilité élevée.
Structurellement, le plafond de 100 TWh, initialement pensé pour correspondre à la capacité nucléaire d’EDF, n’est plus adapté à la croissance des besoins depuis la flambée des prix de 2022 à 2025.
Cette inadéquation crée une tension entre les volumes régulés et les besoins réels du marché, tout en générant une incertitude sur les revenus d’EDF : les volumes limités de l’ARENH restreignent les marges, alors que le reste de la production se vend à prix de marché, dans des conditions contractuelles incertaines.
Transition vers un nouveau cadre énergétique
La mise en place d’un nouveau cadre dès 2026 sera cruciale pour restaurer stabilité, équité et prévisibilité sur le marché professionnel de l’électricité, offrant aux entreprises une meilleure capacité à planifier leurs achats et à sécuriser leur approvisionnement.
Versement nucléaire universel (VNU) : tout comprendre
Définition et fonctionnement du VNU
À partir du 1er janvier 2026, le Versement Nucléaire Universel (VNU) instaurera un mécanisme de redistribution automatique pour l’ensemble des consommateurs professionnels français.
Contrairement à l’ARENH, qui accordait un accès anticipé à des volumes régulés, le VNU fonctionne a posteriori :
EDF vend sa production nucléaire au prix du marché, puis redistribue une part des revenus excédentaires sous forme de réductions directes sur les factures.
Le calcul repose sur le coût du nucléaire. Pour la période 2026-2028, deux seuils de taxation progressive sont prévus :
| Prix moyen de vente de l’électricité nucléaire | Part des revenus excédentaires reversée aux consommateurs | Objectif |
|---|---|---|
| En dessous | 0 % | EDF conserve l’intégralité des revenus, aucun reversement |
| Entre 65,3 et 85,3 € /MWh | 50 % | Amortir les hausses modérées de prix et assurer une certaine stabilité |
| 95,3 et 115,3 €/MWh/MWh | 90 % | Limiter fortement l’impact des prix élevés sur les factures des consommateurs |
Quel est l’objectif du VNU ? Ce mécanisme assure que les excédents de revenus du parc nucléaire profitent à tous les acteurs, tout en stabilisant le coût de l’électricité sur le marché professionnel. Objectif : lisser les prix, éviter les pics déraisonnables et garantir une certaine équité d’accès à la production nucléaire, quel que soit son fournisseur.
Quelles différences ? La comparaison ARENH vs VNU
Il en existe deux majeures ;
1. L’ARENH imposait un tarif fixe de 42 €/MWh sur des volumes limités à 100 TWh, offrant un avantage ciblé aux fournisseurs alternatifs et à leurs clients. → Le VNU, à l’inverse, ne garantit aucun prix : il repose sur une redistribution universelle, proportionnelle aux revenus du marché. Cette approche change en profondeur la relation contractuelle des entreprises avec leur fournisseur.
2. Alors que l’ARENH ne bénéficiait qu’aux clients ayant contractualisé des volumes spécifiques. → Le VNU s’applique automatiquement à toutes les factures, quel que soit le type de contrat ou le fournisseur choisi. La loi de finances 2025 consacre cette universalité : toutes les entreprises et collectivités reçoivent une réduction proportionnelle à leur consommation, assurant équité et transparence.
Pour résumer,
| Dispositif | Rôle principal | Bénéficiaires directs | Prix de référence | Durée / horizon |
|---|---|---|---|---|
| ARENH | Accès régulé au nucléaire historique | Fournisseurs | 42 €/MWh | Jusqu’au 31 déc. 2025 |
| VNU | Mécanisme de redistribution tarifaire | Tous les consommateurs | 70 €/MWh (référence) | Continu, dès 2026 |
La CRE : garante de transparence et de régulation du VNU
Indépendante et centrale dans l’architecture du Versement Nucléaire Universel, la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) joue un rôle stratégique. Elle évalue tous les trois ans le coût complet de production nucléaire, fixé à 60,3 €/MWh pour la période 2026-2028, et supervise avec rigueur la mise en œuvre du dispositif.
Concrètement, la CRE publie chaque trimestre une synthèse détaillée les revenus nucléaires d’EDF destinée aux ministères concernés. Ces données servent à calculer avec précision les montants de redistribution et à ajuster les prévisions du VNU.
La transparence est au cœur du mécanisme : 18 mois avant l’année de livraison, puis 12 mois avant, la Commission diffuse ses prévisions de revenus et estimations de versement. Cette visibilité avancée offre aux entreprises une anticipation fiable de leurs budgets énergétiques, renforçant la planification et la maîtrise des coûts dans un contexte de marché en constante évolution.
Impacts pour les entreprises et stratégies d’anticipation
Répercussions sur les factures d’électricité professionnelles
Le passage au VNU modifie fondamentalement l’équation économique des contrats électriques professionnels. Contrairement à l’ARENH qui garantissait un avantage tarifaire prévisible, le nouveau mécanisme introduit une réduction variable appliquée automatiquement sur l’ensemble des factures.
Cette réduction apparaîtra sous une ligne dédiée « Versement Nucléaire Universel », distincte du prix négocié avec votre fournisseur.
Le montant fluctuera selon les revenus nucléaires d’EDF et les conditions de marché, créant une composante dynamique dans vos coûts énergétiques.
Pour les entreprises électro-intensives, l’impact peut s’avérer significatif : les estimations prévoient des variations potentielles de 5 à 15 €/MWh selon les périodes.
Cette volatilité nécessite une révision des stratégies de couverture énergétique et une attention particulière aux clauses contractuelles post-2026.
Comment anticiper et piloter cette transition
Face à cette mutation du paysage énergétique, trois leviers stratégiques permettent de sécuriser vos budgets électriques post-2026 :
Renégocier vos contrats avant décembre 2025 : avec la fin de l’ARENH, les comparaisons tarifaires historiques perdent leur pertinence. Les fournisseurs adaptent déjà leurs grilles, il est donc crucial d’anticiper pour sécuriser vos conditions.
Intégrer le VNU dans vos prévisions budgétaires : cette composante variable implique des marges de manœuvre financières pour absorber les fluctuations du marché et éviter les effets de surprise sur vos factures.
Explorer les CAPN pour les sites électro-intensifs : ces contrats à long terme offrent une visibilité sur 10 à 15 ans, atténuant l’incertitude liée au nouveau mécanisme et permettant un pilotage plus fin de vos approvisionnements.
En adoptant cette démarche proactive, la transition réglementaire devient une opportunité : elle permet de renforcer le pilotage énergétique, d’optimiser les coûts et de transformer une contrainte externe en levier stratégique pour l’entreprise.