L’exposition Kandinsky, la musique des couleurs, du 15 octobre 2025 au 1er février 2026, coproduite par la Philharmonie de Paris et le Centre Pompidou, explore la relation intime entre la peinture et le son chez l’un des pionniers de l’abstraction. Réunissant près de 200 œuvres et objets d’atelier (peintures, dessins, partitions, disques, instruments), la présentation propose une expérience immersive où les formes et les couleurs dialoguent avec des paysages sonores conçus pour éclairer le geste pictural de Kandinsky. Le parcours retrace sa biographie musicale et plastique, depuis l’émotion inaugurale provoquée par Wagner jusqu’à ses théorisations (toucher la « corde » de l’âme par la couleur), en montrant comment les structures musicales ont guidé sa recherche de l’abstraction.
Vassily Kandinsky : le musicien devenu peintre
Vassily (Wassily) Kandinsky (1866–1944) est souvent décrit comme l’un des artistes qui ont fait de la peinture une forme d’« orchestre ». Né à Moscou, il débute des études de droit et d’économie mais, frappé par l’intensité d’un opéra de Richard Wagner — épisode décisif rapporté par la plupart des biographies — il choisit de consacrer sa vie à la peinture. Tout au long de son parcours (Munich, la Russie pré-révolutionnaire, le Bauhaus, puis Paris), la pratique instrumentale (violoncelle, harmonium) et la fréquentation de musiciens et compositeurs nourrissent sa pensée artistique.
Des écrits théoriques
Kandinsky développe des écrits théoriques — entre autres Du spirituel dans l’art — où il formalise l’idée que la couleur et la forme peuvent produire des effets analogues à la musique sur l’âme : la couleur devient « touche », la forme, « accord ». Ces préoccupations se traduisent dans des tableaux où les rythmes, les contrepoints et les cadences se lisent comme des structures musicales. La rétrospective réunit des objets d’atelier et des partitions qui témoignent de ce va-et-vient constant entre pratique musicale et picturale.
Peinture et musique : une dialectique fertile
Chez Kandinsky, la musique n’est pas simple métaphore : elle fournit des principes de composition. Il conçoit la toile comme une partition où se répondent mélodie (ligne), harmonie (couleur) et rythme (répétition des formes). L’absence d’illustration narrative dans l’abstraction lui permet d’explorer des correspondances sensorielles — synesthésies auxquelles il fait fréquemment allusion — et d’élaborer des « gammes » chromatiques et rythmiques. Les influences sont multiples : les enthousiasmes wagnériens du jeune Kandinsky et sa rencontre avec des musiciens d’avant-garde favorisent une pratique où la dissonance, la modulation et le silence jouent un rôle pictural. L’exposition met en regard tableaux et éléments sonores (enregistrements, installations audio) pour montrer comment un crescendo chromatique ou une rupture rythmique se traduisent visuellement. Ce dispositif aide le visiteur à entendre la peinture — à percevoir, par exemple, comment une ligne ascendante produit l’effet d’un crescendo ou comment un contraste coloré équivaut à une modulation harmonique.
L’exposition : parcours, œuvres et dispositifs
Installée à la Philharmonie de Paris (du 15 octobre 2025 au 1er février 2026), l’exposition rassemble près de 200 pièces — toiles, études, esquisses, objets d’atelier, partitions et disques — issues majoritairement du Centre Pompidou et de collections internationales. Le parcours, conçu en collaboration avec le Musée national d’art moderne, articule séquences biographiques, stations thématiques (rythmes, timbres, voix, silence) et expériences immersives. On y trouve des saynètes sonores spécialement réalisées pour mettre en lumière certains tableaux : pathétique, dissonant, lyrique ou austère, le paysage sonore sert d’outil d’analyse et d’émotion.
Un parti pris curatorial
Les cartels et notices documentent les sources musicales et reproduisent parfois des extraits de partitions que Kandinsky lisait ou possédait. Conçu pour être à la fois scientifique et sensoriel, le dispositif offre aussi des conférences, concerts et parcours commentés permettant de prolonger la visite. Le parti pris curatorial assume une lecture croisée — musicologique et picturale — afin de renouveler la compréhension de l’œuvre de Kandinsky.
À découvrir en famille
L’exposition a été pensée pour accueillir les jeunes publics : des visites-atelier et ressources pédagogiques sont proposées pour les scolaires et les familles, en lien avec les programmes (cycles 1 à 4) de l’Éducation nationale. Concrètement :
Cycle 1 (maternelle, 3–5 ans)
Atelier sensoriel « couleurs et sons » : explorer la synesthésie par des jeux de touches (tampons, pinceaux) associés à sons simples (clochettes, tambourins). Objectifs : développer le vocabulaire des sensations, apprendre à nommer émotions et couleurs, travailler la motricité fine. (Lien programme : cycles maternelle).
Ministère de l’Éducation
(CP–CE2, 6–8 ans) Cycle 2
Atelier « la gamme des couleurs » : associer une suite rythmique (battements, percussions corporelles) à une progression de couleurs pour comprendre rythme/harmonie ; activité en arts plastiques et éducation musicale (repères du programme cycle 2).
Ministère de l’Éducation
Cycle 3 (CM1–6ème, 9–11/12 ans)
Projet pluridisciplinaire : analyser une œuvre de Kandinsky, repérer ses « motifs musicaux », puis rédiger une courte critique et créer une bande sonore simple (utilisation d’applications gratuites ou d’instruments de classe). L’activité mobilise compétences en arts plastiques, histoire des arts et musique.
éduscol
Collège/lycée (cycle 4 et 5)
Séquence approfondie : étude de textes théoriques (extraits de Du spirituel dans l’art), comparaison entre partition et composition picturale, réalisation d’un projet multimédia (vidéo ou installation sonore) où les élèves composent un « accompagnement musical » pour une peinture. Travail évalué selon les attendus du socle commun et les programmes du collège.
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Hakim Aoudia.