L'Association Arc en rêve

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Créée en 1980 avec le soutien de la ville de Bordeaux, l’association Arc en rêve est devenue un acteur culturel reconnu en matière d’architecture et d’urbanisme, pour la qualité des expositions et des conférences qu’elle organise, en parallèle d’une mission éducative originelle. Installée dans le bâtiment municipal qui abrite également le centre d’arts plastiques et contemporains (CAPC), elle emploie aujourd’hui entre 15 et 18 salariés et gère un budget annuel d’environ 1,5 M€. Même si la part de ses ressources propres augmente, le budget d’Arc en rêve reste principalement alimenté par de l’argent public, majoritairement en provenance de collectivités locales. À elles seules, la ville de Bordeaux (29 % de ses recettes d’exploitation), la métropole (27 %) et la direction régionale des affaires culturelles (13 %) lui ont fourni 69 % de ses produits entre 2019 et 2024. 

L’avenir d’Arc en rêve a été compromis par une gestion budgétaire et financière défaillante en 2022 et 2023, qui s’est soldée par la constatation d’une perte annuelle de 0,8 M€ à fin 2022, supérieure de 33 % aux fonds propres disponibles, puis par un nouveau déficit de 0,13 M€ en 2023. Ce dérapage trouve son origine profonde dans des causes structurelles, comme l’absence de dispositifs de contrôle, et plus globalement d’intérêt suffisant pour les questions budgétaires et financières. À titre d’illustration, les instances dirigeantes n’ont pris aucune mesure pour dresser un état des lieux financier détaillé avant fin mars 2023, malgré le signalement par les services, dès juillet 2022, de difficultés croissantes de trésorerie. L’association en a imputé la responsabilité au secrétaire général alors en fonctions. Elle l’a licencié dès avril 2023 et déposé plainte contre lui au motif qu’il aurait détourné 43 600 € entre janvier 2022 et mars 2023. Les opérations irrégulières qui lui sont imputées n’expliquent toutefois que 5 % environ de la perte constatée à fin 2022. En outre, de mars 2022 et jusqu’à son licenciement en avril 2023, l’intéressé était en arrêt de travail. Sans écarter la part de responsabilité qui pourrait lui incomber, il est anormal que l’exercice de l’essentiel des fonctions financières, comptables et budgétaires ait pu continuer à lui être confié durant tout ce temps. 

Pour rétablir la situation, des mesures d’urgence ont été prises à partir du printemps 2023, avec la désignation d’un mandataire ad hoc. Grâce à son intervention, les prêts en cours ont été restructurés et l’ensemble des dettes fiscales, sociales et fournisseurs ont été étalées jusqu’en novembre 2025, sans application de pénalités. De son côté, l’association a réduit son activité, réalisé des efforts en gestion et diminué le nombre de ses emplois. Elle a aussi mis en place de nouveaux outils de gestion, afin de ne plus subir de dérive budgétaire. 

En amélioration par rapport à fin 2022, la situation financière reste encore précaire en dépit des mesures de redressement prises depuis 2023 et de l’implication des agents pour 

continuer à proposer des expositions et des évènements. En parallèle du maintien d’un soutien public comparable à celui des années précédentes, le retour à une situation plus sereine et à une programmation plus riche impose de continuer à faire preuve de rigueur en gestion de façon à rembourser avant la fin de 2025, l’ensemble des dettes encore en souffrance 

D’autres anomalies grèvent la gestion de la période. Ainsi, ni l’organisme, ni l’ancienne directrice, ni l’expert-comptable n’ont été en capacité de justifier l’intégralité des deux indemnités versées à l’ancien directeur artistique en avril 2021, à l’occasion de son départ en retraite. Deux erreurs de calcul semblent avoir abouti à lui verser, en trop, une somme de 36 691 €, soit 44 % du total versé. Par ailleurs, lors de son départ et de celui de la directrice historique, Arc en rêve a organisé une soirée de remerciements dont le coût (45 143 €) s’est révélé particulièrement onéreux, excédant de 50 % l’enveloppe approuvée dans le budget. Sur un plan plus juridique, en ayant recours à un prestataire externe sans mise en concurrence préalable, l’association s’est montrée peu précautionneuse de l’emploi de ses fonds et a méconnu les obligations qui s’imposaient à elle. 

Le directeur en fonction a aussi bénéficié de plusieurs avantages financiers qui ne reposent sur aucun accord écrit, ni sur son contrat de travail, comme le versement d’une prime exceptionnelle de 3 498 € en 2022, et la prise en charge de ses frais de déplacements fréquents vers sa résidence familiale au Québec. Ces dépenses de voyage (environ 40 000 €) représentent plus la moitié des frais totaux de transport (avion et train) de la période 2021-2024. En complément, de nombreuses dépenses réalisées à son bénéfice restent encore non justifiées au plan comptable, et continuent de figurer sur deux comptes d’attente. Le total des opérations en cause, dont certaines datent de 2022, dépasse potentiellement 20 000 €. 

D’ores et déjà, le directeur a signé deux reconnaissances de dettes non assorties d’échéancier de remboursement, la première sur une partie des dépenses de l’un des deux comptes d’attente (6 981 €) et la seconde sur les frais de déplacement vers le Québec du dernier trimestre de 2024 (4 705 €). La chambre a recommandé à l’association de demander au directeur le remboursement des autres dépenses dont la prise en charge ne peut pas être justifiée. D’accord avec cette recommandation, le président n’a cependant pris aucun engagement sur les montants concernés, ni les modalités de remboursement à prévoir. 

Lire le rapport

S’assurer du bon emploi des l’argent public, en informer le citoyen. 

Contact presse : Mme Nathalie RIEUF, chargée de mission de la présidence - 

nathalie.rieuf@crtc.ccomptes.fr

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